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C'est la deuxième oeuvre de Gouzel Iakhina que je lis - j'ai mentionné la première, Zouleikha ouvre les yeux dans le post du 11 septembre - et je suis comme la première fois touchée par l'écriture de cette femme. C'est assez difficile d'en parler tant il y a là une force, une richesse et une originalité profondes. Le récit s'inscrit dans une réalité historique précise, celle d'une colonie allemande située sur les rives de la Volga, et s'étend des années 20 aux purges staliniennes de 1938. Jakob Bach, instituteur au village de Gnadenthal est un personnage incroyable, sorti des contes de Grimm et en même temps d'une humanité si proche, d'une simplicité sans filtre et d'une complexité absolue. Le style est foisonnant, descriptif, réaliste, onirique. Gouzel Iakhina utilise toutes les nuances sans que son texte perde sa cohérence, au contraire. Une partie de billard qui semble décoller de la réalité nous en dit plus sur les relations de Staline et d'Hitler qu'un traité d'histoire. Et comme dans Zouleihka ouvre les yeux, on se demande, ébloui, comment du récit de tant de vies laminées peut se dégager tant de lumière...C'est probablement la magie des oeuvres de Iakhina, une magie qui est celle de l'amour. L'amour des humains humbles et oubliés ou personnages de l'Histoire, l'amour des arbres et des pierres, du fleuve, de la terre, l'amour des enfants sages ou rebelles. Son regard comprend au plus profond et sa plume trouve les mots, pour que tout vibre et que rien ne nous soit étranger.
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