jeudi 30 octobre 2014

Plaidoyer pour les animaux

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Plaidoyer pour les animaux , récemment publié par Allary Editions, est une suite logique et nécessaire à Plaidoyer pour l’altruisme . C’est une humble incitation à ne pas détourner le regard du sort que nous infligeons sans relâche à des milliards d’animaux, de prendre connaissance de la façon dont ils sont instrumentalisés, maltraités et massacrés, puis de décider en notre âme et conscience si nous souhaitons remédier à cette situation.
Nul doute qu’il y a tant de souffrances parmi les êtres humains de par le monde que l’on pourrait passer une vie entière à n’en soulager qu’une partie infime. Toutefois, se préoccuper du sort des quelques 1,6 millions d’autres espèces qui peuplent la planète n’est ni irréaliste ni indécent, comme on me l’a récemment dit dans une interview télévisé, car, la plupart du temps, il n’est pas nécessaire de choisir entre le bien-être des humains et celui des animaux. Nous vivons dans un monde essentiellement interdépendant, où le sort de chaque être, quel qu’il soit, est intimement lié à celui des autres. Il ne s’agit donc pas de ne s’occuper que des animaux, mais de s’occuper aussi des animaux.
Il ne s’agit pas non plus d’humaniser les animaux ou d’animaliser l’homme, mais d’étendre aux deux notre bienveillance. Cette extension est davantage une question d’attitude responsable envers ce qui nous entoure que d’allocation des ressources limitées dont nous disposons pour agir sur le monde.
En dépit de notre émerveillement devant le monde animal, nous perpétrons un massacre d’animaux à une échelle inégalée dans l’histoire de l’humanité. Tous les ans, 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins sont tués pour notre consommation.
Qui plus est, ces tueries de masse et leur corollaire - la surconsommation de viande dans les pays riches - sont une folie globale : elles entretiennent la faim dans le monde, accroissent les déséquilibres écologiques, et sont nocives pour la santé humaine. L’impact de notre style de vie sur la biosphère est considérable : au rythme actuel, 30% de toutes les espèces animales auront disparu de la planète d’ici à 2050.
Nous vivons dans la méconnaissance de ce que nous infligeons aux animaux (bien peu d’entre nous ont visité un élevage industriel ou un abattoir et, même si nous le souhaitions, il est presque impossible d’y pénétrer pour s’informer) et nous entretenons une forme de schizophrénie morale qui nous fait prendre grand soin de nos animaux de compagnie tout en plantant nos fourchettes dans des porcs que l’on envoie à l’abattoir par millions, alors qu’ils ne sont pas moins conscients, sensibles à la douleur et intelligents que nos chiens et nos chats.
D’innombrables études scientifiques mettent en lumière la richesse des capacités intellectuelles et émotionnelles, trop souvent ignorées, dont sont dotées une grande partie des espèces animales. Elles montrent également le continuum qui relie l’ensemble des espèces animales et permet de retracer l’histoire évolutive des espèces qui peuplent aujourd’hui la planète. Depuis l’époque où nous avions des ancêtres communs avec d’autres espèces animales, nous sommes ainsi arrivés à l’Homo sapiens, par une longue série d’étapes et de changements minimes. Au sein de cette lente évolution, nul « moment magique » qui permettrait de nous conférer une nature fondamentalement différente des nombreuses espèces d’hominidés qui nous ont précédés. Rien qui ne justifie un droit de totale suprématie sur les animaux.
Le point commun le plus frappant entre l’homme et l’animal est la capacité de ressentir la souffrance. Pourquoi nous aveuglons-nous encore, en ce début du XXIe siècle, sur les douleurs incommensurables que nous leur faisons subir, sachant qu’une grande part des souffrances que nous leur infligeons ne sont ni nécessaires ni inévitables ? En outre, il n’y a aucune justification morale au fait d’imposer sans nécessité la souffrance et la mort à qui que ce soit.
Plaidoyer pour les animaux , par Matthieu Ricard, chez Allary Editions


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1 commentaire:

j-p gepetto a dit…

J'ai vécu à la campagne, j'ai aidé à tuer des volailles, c'est un souvenir pénible. J'ai parcouru des élevages de poules, canards, porcs, veaux, et c'est encore plus douloureux. Je diminue peu à peu mes quantités de viande, et ce livre peut me m'aider dans cet effort à maintenir, pour les compagnons animaux.
Gratitude pour Matthieu.
JP gepetto