mercredi 2 juillet 2014

Prodigieuses créatures

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Un récit à deux voix, deux femmes du début du XIXème siècle en Angleterre. 
L'une, Mary Anning  est issue de la classe ouvrière de Lyme Regis, la petite ville le long de la côte  où elle est née. Illettrée et très jeune au début du roman, elle est initiée par son père à la chasse aux fossiles où elle développe vite un instinct et une intuition extraordinaires.  
L'autre, Miss Elisabeth Philpot est de la bonne société de Londres "exilée" avec ses soeurs dans cette bourgade moins chère que la capitale. Elle a vite compris qu'elle n'était pas une bonne candidate au mariage : son physique ingrat n'est pas compensé par une dot importante et elle a de plus un intérêt passionné pour la géologie et les fossiles ce qui, à cette époque, est une excentricité rédhibitoire pour une femme. 
Mary et Miss Elisabeth sont  deux marginales, très seules dans leurs milieux respectifs et décalées dans une société où  les intérêts intellectuels en général et la science en particulier sont réservés aux hommes. Elle vont faire alliance dans une amitié qui mettra beaucoup de temps à se dégager des préjugés sociaux et de la rivalité. Il y a de passages très beaux sur le chemin que chacune parcourt pour parvenir à une belle honnêteté vis à vis de soi-même et de l'autre. 
Un autre aspect passionnant de ce livre est de voir comment la découverte de ces "prodigieuses créatures" oblige chacun à dépasser sa vision du monde : individuellement en s'inclinant devant l'originalité radicale de ces créatures que l'on a cherché vainement à ramener à celles connues jusque là, et collectivement car la découverte des premiers dinosaures remet complètement en cause une lecture littérale de la Bible et de la Genèse qui est celle qui prévaut dans la société et dans le monde scientifique de l'époque.
Ces deux femmes ont réellement existé et le nom de Mary Anning a fini par apparaître dans l'histoire de la paléontologie en particulier dans une oeuvre de Georges Cuvier en 1825. 
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