mardi 7 avril 2015

La méditation m'a sauvé / Phakyab Rinpoché (3)

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Un troisième extrait : 

"Comme il est impossible de détecter l'activité de l'esprit, car son plan de manifestation échappe aux techniques les plus sophistiquées d'imagerie cérébrale, les experts en neurosciences concluent trop rapidement à sa non-existence, selon la règle que ce que l'on ne voit pas n'existe pas. L'esprit est donc amalgamé au cerveau. Il en résulte que la mort se réduit à une cessation de l'activité cérébrale, soit le moment où toutes les consciences grossières deviennent inopérantes - plus précisément quand les consciences visuelles, auditive, olfactive, gustative, tactile et mentale sont déconnectées des processus de décodage cognitif. Car la communauté scientifique occidentale n'admet pas d'état de conscience autonome, séparé des consciences sensorielles.
Pourtant identifier cet état psychique isolé de toute sensorialité constitue l'entrainement initial du tsa-lung et je m'y suis formé dés 16 ans au monastère de Golok. Lorsque je rejoignis le monastère de Sea Mey en Inde du Sud, je reçus également les enseignements profonds des yogas de l'énergie interne de sorte que j'avais déjà accumulé une vingtaine d'années de pratique lorsque j'entrepris ma retraite de guérison à New York. Souvent je rencontre des personnes qui voudraient cesser des traitements avec l'espoir de se soigner par la méditation. Mais il leur manque l'entrainement préalable indispensable et je n'ai jamais engagé une personne non préparée à suivre mon exemple.
Ma formation m'a permis de réunir les trois principaux plans de la pratique bouddhiste. Le plan religieux ou ritualiste, en tant que moine. Le plan philosophique, en tant que Geshe. Et le plan des sciences internes, en tant que méditant des yogas de l'énergie. De telles méditations se chiffrent en dizaine de milliers d'heures et, dans mon cas, j'ai comptabilisé soixante-dix-sept mille sept cent quarante-cinq heures de pratique pure, réparties sur vingt-cinq années, sans compter le temps passé dans les études philosophiques et le débat. Cela donne une moyenne de près de neuf heures par jour. L'accumulation d'un temps de pratique significatif est nécessaire pour rectifier les habitudes négatives et les remplacer par des attitudes justes aux trois niveaux du Corps, de la Parole et de l'Esprit. Une fois trouvée l'harmonie intérieure, la méditation permet de se familiariser avec la nature la plus subtile de l'esprit. Cette présence éveillée, que l'on découvre au plus profond de ses pensées, tel est l'objet de l'attention formant la base de la paix intérieure véritable, ou shamatha, qui naît de la contemplation."

p 209-210
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Gratitude pour Douglas...
JP gepetto