lundi 3 novembre 2014

La citation du lundi

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" Horloge, dieu sinistre, effrayant, impassible, dont le doigt nous menace et nous dit : "souviens-toi" (...) Les minutes, mortelles, folâtres, sont des gangues qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or". Ces vers de Baudelaire sont un reflet sans concession du rapport tourmenté que nous entretenons avec le temps qui court, et avec la perspective prochaine de la mort. Nous nous sentons souvent oppressés par l'étau du temps qui nous dicte sa loi implacable, qui trace sur nos organismes des sillons toujours plus profonds et douloureux. "Mon gosier de métal parle toutes les langues" s'exclame encore l'horloge de Baudelaire, dans un rire que l'on imagine volontiers sardonique à souhait.

Personne n"échappe au labour du temps, et à l'horizon de la mort qui approche immanquablement. Faut-il y voir une malédiction ou une bénédiction? Le temps est-il notre ennemi, si bien qu'il nous faille chercher à tous prix les moyens de le contourner par mille et un artifices? Le temps est-il notre ami, bien qu'il nous conduise immanquablement dans la tombe?

Qu'elle est étonnante, notre condition humaine, avec toutes ses interrogations! Pourquoi vivre, si le temps nous déchire? pourquoi se battre, pourquoi affronter les drames de la vie, si la victoire nous échappe toujours? Peu-être qu'au coeur de ces questions se trouve la réponse que nous espérons. Moralement, ce monde porte en lui une exigence secrète de "plus-être". Parce que notre condition humaine attend plus que ce monde peut donner. Il faut que ce monde débouche sur un monde parfait sans souffrance ni mort. Beaucoup objecteraient qu'il s'agit d'une simple illusion forgée par l'esprit humain pour se consoler. Rien n'est moins sûr, pourtant. ET ce qui semble être une vaine consolation pourrait en réalité être la marque d'une intelligence profonde et subtile, et un pas décisif pour accueillir dans toute sa clarté la lumière du ressuscité.

Père Damien Etemad-Zadeh
Aix-en-Provence

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2 commentaires:

albertino pane e vino a dit…

Super.

Anonyme a dit…

Merci pour ce rappel sain et vigoureux.
JP gepetto