lundi 23 avril 2018

"Il faut sortir du déni écologique"


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"Promettre l’immortalité au genre humain alors que la planète ploie sous la masse de huit milliards d’êtres humains, et que 60 % d’entre eux disposent d’au maximum 7 $ par jour, que la rapidité de croissance démographique en Afrique est telle qu’elle interdit d’avance toute évolution au prorata des structures matérielles, etc., relève d’un cynisme plus ou moins avoué. Promettre l’exode de l’humanité sur une planète Mars terraformée au moment où l’on s’emploie à détruire les fruits de la terraformation de la Terre elle-même (qui aura duré un milliard d’années…) est proprement pathétique. Ce discours de milliardaires déjantés, les Musk et autres Bezos, n’aide nullement la plupart des gens à conquérir une lucidité minimale quant à la situation qui nous échoit. Il est difficile de discerner autre chose dans de pareils discours qu’un écran de fumée destiné, en nous octroyant des capacités que nous n’avons pas, à nous détourner d’un état du monde alarmant comme nous le rappellent à un rythme resserré de nombreuses études scientifiques, et tout récemment encore les premiers rapports de l’IPBES, et ce en vue de poursuivre des intérêts étroits et immédiats."

Dominique Bourg

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5 commentaires:

j-p gepetto a dit…

Merci pour ces précisions pour revenir aux faits et quitter les illusions qui entretiennent de faux espoirs...
Bien à toi.
JP Gepetto

Anonyme a dit…

j'ai commandé le livre de Pablo Servigne et Raphaêl stevens "Comment tout peut s'effondrer"....
Merci de nous faire prendre une conscience accrue de ce qui va se passer dans un avenir très proche .....j'en parle à mes fils ....
Monique

Anonyme a dit…

Angoisse, angoisse. L'être humain est hors sol, quand on voit la folie des hamburgers aujourd'hui alors que la viande favorise le réchauffement. Il y a des moyens d'agir simplement en tant que consommateur...

amiribel a dit…

Dommage … cet article nous laisse sur notre faim ! ceux qui suivent ces questions avec angoisse savent que le déni de réalité nous enlève tout espoir, nous condamne à percuter le mur.
Les exemples ne manquent pas, depuis Chirac, il y a déjà 16 ans !!! c’était en 2002, qui déclarait, comme s’il avait eu une révélation : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs » jusqu’à E. Macron qui, fin avril 2018, donne des leçons aux Américains, devant leur congrès, en reprenant une formule prononcée par Ban Ki-Moon en 2014 : "There is no plan B, because we do not have a Planet B". Les cercles dirigeants constatent … constatent … et constatent encore … mais avec une parfaite inefficacité. Rien ne bouge.
Il n’y a qu’à regarder les indicateurs de la grande accélération, ou même les plus récents chiffres de la banque mondiale sur les consommations de carburants fossiles qui battent des records, année après année, pour constater que les discours, les « engagements » de la COP et autres grand-messes de l’écologie ne changent absolument rien.
Nous, comme humanité ne changeons rien, nous poursuivons inlassablement notre fuite en avant.
Croissance et « toujours plus », en somme « Business as usual »
Je me suis jeté avec avidité sur cet article du philosophe Dominique Bourg, parce que je pensais, naïvement, qu’il allait nous expliquer comment sortir du déni de réalité.
Hélas ! ce n’est qu’une description de plus du mécanisme de défense que développe les individus, ou les groupes, ou, en l’occurrence, l’humanité entière, lorsqu’elle est confrontée à une réalité trop anxiogène.
Nous, comme humanité, ne faisons rien, parce que comme le constate à son tour Dominique Bourg :
« Nous restons des chasseurs-cueilleurs du paléolithique et ne consentons à ne réagir que face à un danger immédiat assaillant nos sens, tel un mammouth déboulant sur nous. »
Donc le choix est simple, soit nous acceptons le déni de réalité comme une fatalité, et nous continuons de vivre « tranquillement » jusqu’à ce que le monde devienne effectivement inhabitable, soit, face au déni de réalité, nous nous battons « contre des moulins à vent » et nous finissons nos jours dans la dépression ou la folie.
A moins que … comme disait Lacan « le réel c’est quand on se cogne ». Si des événements gravissimes viennent, comme autant de signes avant-coureurs, nous rappeler que l’écroulement de la civilisation est non seulement certain mais imminent, alors, peut-être sortirons nous du déni, avant que la Terre ne soit vraiment inhabitable.
Ce n’est pas gagné !

Anonyme a dit…

Mon cher amiribel , vous dites avoir faim de savoir comment sortir du déni de réalité ... et vous semblez déçu qu'un philosophe comme Dominique Bourg ne vous ait pas plus éclairé ... comme je vous comprends.
Mais puisque vous savez déjà que le déni est un mécanisme de défense, peut-être alors devriez-vous chercher du côté de la biologie. Le savoir ne devrait pas faire de mal ... celui-là ne peut que vous aider à mieux comprendre le fonctionnement de ces mécanismes qui servent à maintenir notre équilibre vital. Trouvez-vous donc de bons ouvrages en la matière, bien vulgarisés ... je vous conseille Henri Laborit , dont vous devriez avoir déjà entendu parler.
Quant aux philosophes, mieux vaut justement les consulter pour apprendre à supporter la réalité telle qu'elle est ... autrement dit pour apprendre à vivre. Mais là encore, un conseil, n’écoutez que les bons ! Ce qui ne veut pas dire que Dominique Bourg soit mauvais. Et si les symptômes persistent ... là je pense que le mieux est d'aller consulter Lacan et Compagnie ... je veux dire un de leurs disciples, mais vous m'aurez compris.