jeudi 27 mai 2010

Voyage au pays des motards




Une belle aventure ces 4 jours. Dans un couple il y a un espace commun et les espaces « privés » de chacun, et c'est très bien ainsi. La moto fait partie de l’espace privé d’Alain. J’étais contente de voir son enthousiasme et son plaisir à pratiquer la moto, s’occuper de sa machine, échanger avec les autres motards du Forum des Seven Fifty . Je savais qu'il serait heureux de me voir participer de temps en temps et j'ai franchi le pas en lui demandant si je pouvais venir au rendez-vous annuel du Forum : je m’y attendais, la réponse était oui, avec un grand sourire qui n’y croyait pas.

Je n’ai jamais douté que 1200 Km en 4 jours ça se ferait très bien : un fond d’optimisme naturel, plus un peu d’inconscience de néophyte et une confiance totale dans mon pilote préféré – qui lui s’inquiétait un brin…

Nous voilà partis. Finalement, 1200 km c’est 1 km + 1 km…etc et il n’y a qu’en passant à l’expérience qu’on sait si on peut le faire. Et quelle pratique, la moto ! Serge, le moniteur de moto- école l’avait bien dit : le secret de la conduite c’est d’être « un avec ». Même chose pour la passagère : une avec la moto et le pilote, le tout dans la détente. Les 50 premiers Km pratique un peu laborieuse, l’articulation de la hanche douloureuse : j’avais oublié la détente !! Heureusement, je m’en suis souvenue à Aubenas parce que 1200 Km crispée derrière Alain… À l’aller, j’ai vu le paysage parfois, de plus en plus souvent, mais j’étais, dirons nous, très « concentrée » sur la moto.


Deuxième épisode, la rencontre avec les motards. J’avais déjà perçu sur le Forum une atmosphère très chaleureuse et j’ai été touchée par les personnes que j’ai rencontrées ces deux jours. Comme tous j’ai admiré l’organisation impeccable, l’accueil, la gentillesse.

J’ai été très impressionnée par la bienveillance et la qualité d’ouverture de chacun. Des milieux socio professionnels très différents sont représentés mais ce qui prime c’est la solidarité motarde. Il y a de la place pour tout le monde, les motards confirmés, les plus nouveaux, et même les passagères carrément débutantes comme moi, les Seven Fifty de toutes les couleurs ( !) et d’autres motos – ne me demandez pas les noms, j’ai oublié -. Quand on se fait chambrer c’est avec gentillesse et c’est la bonne humeur qui règne.


Le village d'Autoire


Et puis chapeau pour le sens du groupe. La ballade à 30 motos du dimanche était un modèle du genre. Les plus experts encadrent les autres, carrefours sécurisés, on attend le photographe, tout le monde est à l’heure, pas de « râlage » sur les consignes… J’ai un peu l’habitude de voir fonctionner des groupes, celui-là peut en apprendre à bien d’autres sur le sens des responsabilités ! Personne ici ne parle de vigilance, pas de théorie là- dessus, mais une pratique réelle.

C’est un milieu en majorité masculin et j’ai été attendrie de voir ces hommes parler de leur « bécane », la bichonner. Les échanges un peu techniques restaient très hermétiques, mais, quel que soit le sujet, j’aime d’entendre des gens parler de ce qui les passionne. Et puis j’ai pu participer à propos des produits de nettoyage de la moto : la ménagère rencontre le motard quand il est question de Cif ou de Pierre d’Argent pour faire reluire les jantes… Comme quoi, on peut toujours trouver un terrain commun.

C’était aussi un bonheur de voir Alain sur son territoire, de le voir heureux et de partager ce qu’il aime.



Un lac en Lozère


Enfin, dernière partie : le retour. J’avais acquis, je peux dire, nous avions acquis de l’expérience, nous étions portés par ces deux jours d’amitié, un temps délicieux,

une région magnifique que l’organisateur nous avait fait découvrir habilement. Nous sommes passés par les petites routes du Lot, de l’Aveyron de la Lozère pour finir par l’Ardèche. Des paysages de vallons, de causses rocailleux, de plateaux et de lacs. Le chemin des écoliers qui sinue le long de rivières magiques. Des forêts de sapins dont l’odeur forte de résine me ravissait sous le casque. Plus loin c’était le parfum sucré des genêts ou des acacias en fleurs. Je ne me suis plus trop occupée de la moto, j’étais avec elle, dans le paysage, tranquillement calée derrière Alain.

Et c’est vrai, j’ai passé une partie de la route à chanter.



Une rivière en Ardèche


Il y avait vraiment une probabilité infime pour que je me retrouve dans une concentration de motos et que j’aime ça. Infime, mais pas inexistante, la preuve. L’existence est pleine de surprises, la vie a vraiment du génie pour nous amener là où on ne « pensait » jamais aller.




13 commentaires:

M-Jose a dit…

Merci pour ce beau partage, Corinne.
Belle et riche expérience de pratique, avec en plus des images plein les yeux. Et oui , quand nous acceptons pleinement la situation telle qu'elle se présente, elle ouvre l'horizon et la voie des possibles.

Amicalement
Marie-Jo

sandrine a dit…

J'étais aussi en passagère-moto ce we, et j'ai fait une chouette expérience: "une avec" habituellement, je me suis sentie crispée à un moment (une absence!une pensée parasite!), bref, complètement collée du haut du corps contre le dos de JBaptiste, et essayant désespérement de "contrôler" la courbe du virage par cette pression du haut et celle du regard collé à la route! hum... aussitôt vu l'inadapté de la situation, j'ai cherché comment lâcher, pas si évident! et la seule ruse que j'ai trouvée, c'est de très volontairement plonger mon regard ailleurs, sur les arbres, le ciel, loin de la route et de ce qui ne me concernait pas, la conduite... Ce fut immédiat et magique! j'ai vraiment observé le résultat: mon corps s'est aussitôt redétendu, l'angoisse s'est envolée, et c'est dans le bassin que ça s'est remis à jouer, ça, c'était très net!
Vous avez dit hara?

Jean-Claude a dit…

admirable ce "custom" bel equilibre de la machine pas mal la pomme !! quant à la passagère chantante c'est quand meme mieux qu'un mp3 impersonnel en tout cas chapeau car 1200 kms pour une première fallait le faire
le celte

jean-françois L. a dit…

-et à propos, on parle aussi de "couple" pour un moteur... Quelqu'un pourrait-il m'éclairer sur le sens du mot ici ? ( pour l'aspect relationnel, je commence à avoir des éléments )

Corinne a dit…

Pour le "couple" dans la terminologie moto, Jean-François, c'est Alain qui répondra. Je lui ai demandé et il m'a expliqué plusieurs fois mais j'ai pas imprimé !!
Pour le reste, j'adore ton "je commence à avoir des éléments" !!

jean baptiste a dit…

bravo pour ton témoignage et aussi bravo à alain pour le chemin parcouru et la confiance qu'il a acquis . J'ai pu le constater hier soir. chapeau bas...
Content de pouvoir partager avec toi "le parfum des genets et accacias dans le casque.."

Valérie a dit…

Oui un GRAND bravo à vous deux !

j-p gepetto a dit…

Beau et touchant témoignage. Cela me redonne envie de faire de la moto!!!
J-P Gepetto

gjmtenba a dit…

Chère Corinne et Cher Alain,

Le couple :
la notion de couple en mécanique appliquée à un axe moteur tournant,
voir le site de " vulgarisation " www.bancmoteur.com

le couple c'est la force qui pousse,
la puissance P c'est le couple X vitesse de rotation en tours / mn. P chevaux = couple X T/mn

En général les moteurs diesel ont un meilleur couple que les moteurs essence, c'est pourquoi je préfère en montagne une Clio 1,5 L dci diesel de 85 chevaux à une Clio 1,6 L essence de 90 chevaux.

Pour comprendre l'intérêt des courbes de puissance le mieux serait de procéder au décollage d'un avion.

Dans le cas d'un couple humain, je fais une analogie !, je peux dire qu'il y a 2 forces diamétralement de sens opposés qui oeuvrent dans la même direction en fait, et permettent la mise en mouvement de la roue du couple.
Dommage je ne peux joindre un petit schéma.

Anonyme a dit…

Super gym,
l'analogie entre le couple /moteur et la vie de couple.

C'est une définition que je retiens , je la trouve juste et belle.
amicalement.
MJosé

Anonyme a dit…

Wahou Corinne, quel témoignage !
Complètement contaminée par le virus moto!
Ca donne très envie!
Karl
PS: bon je dois vraiment passer ce permis

Anonyme a dit…

Beau témoignage Corinne en effet ! au point que pendant la lecture je me suis souvenu des rares fois à l'arrière d'une moto. Nous étions allés en Andorre et les courbes dans lesquelles nous étions un tous les deux me laisse des souvenirs pétillants. Aussi, j'ai beaucoup aimé ton analogie gjm !
Fabrice

philippe a dit…

Bravo à tous de vos témoignages:-)bonne route aux couples moteur et humains et ceux aussi en voiture,seul,à pied ou en vélo,ou en fauteuil.