Dans son roman "Il pleuvait des oiseaux", la québécoise Jocelyne Saucier fait la part belle à ces hommes qui choisissent de vivre loin de tous et de tout. Interrogée par Courrier International, elle confesse son amour pour les grands espaces.
Pourquoi écrivez-vous ?
Jocelyne Saucier : Ca donne du sens à ma vie. Je n’écris que du roman. J’aime la fiction. J’aime la plongée dans l’imaginaire. J’aime me battre avec la virgule. J’aime le travail des mots. Et puis d’un roman à l’autre, je vais d’un univers à l’autre. C’est là où je vis. Ensuite le roman vit sa vie. Que va-t-il faire dans l’esprit des lecteurs ?
Comment vous est venu l’idée de ce livre ?
Au départ, il y avait simplement l’idée de la disparition. Dans chacun de mes romans, on retrouve le thème de la disparition. Il y a quelqu’un qui disparaît et ça provoque une cassure. Et cette fois-ci, je suis allé voir du côté de ceux qui disparaissent. Je voulais suivre ceux qui tournent le dos au monde, qui vont vivre dans la forêt, s’y retirer pour y vieillir. Je voulais également explorer ce que ça veut dire la vieillesse et d’apprivoiser la mort. Au départ, ce sont des petites choses qui me lancent. Quand j’ai vu vivre ces personnages, je me suis rendu compte que la vieillesse était un privilège. Très souvent, on a un regard de commisération sur la vieillesse alors que c’est un privilège, tous n’atteignent pas cet âge.
Vous revenez dans vos livres sur des événements d’histoires populaires. Pourquoi vous intéresse-t-elle ?
En fait, je m’intéresse surtout à des moments d’histoire du moyen nord du Québec et du Canada. J’habite à 700 km de Montréal, dans une région qui s’appelle l’Abitibi. Il y a ici une indépendance, un esprit de liberté un peu bravache. Les gens d’ici vivent loin des grands centres, isolés, ils ne dépendent que d’eux-mêmes. Il pleuvait des oiseaux se déroule en Ontario [la province voisine du Québec], dans une région qui a 100 ans d’existence ; l’Abitibi est un peu plus jeune, ce sont des régions qui ont encore l’esprit pionniers.
Quel rôle jouent la nature et les grands espaces dans Il pleuvait des oiseaux ?
L’Abitibi est aussi grande que la Belgique, il y a un lac pour 7 personnes. J’aimerais écrire un conte sur la mystique de la forêt. Parce que la forêt est un espace de vie. Les ermites des bois, ça existe vraiment. La tentation est grande ici de s’enfoncer dans les bois quand on veut se retirer du monde. La forêt n’est pas qu’un espace d’études pour la faune et la flore. Sauf qu’on la regarde de plus en plus comme une ressource à exploiter. Le nord [du Québec et du Canada] est bien souvent développé au profit du sud. Le Plan nord récemment dévoilé [par le gouvernement québécois] pour appuyer le développement du secteur minier dans le nord de la province est très inquiétant de ce point de vue. On a absolument besoin que la forêt existe, même si on ne la fréquente pas. C’est la mère nature.Et plein de bisous à toutes les amies
et tous les amis qui lisent le iPapy au Québec
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