samedi 10 août 2019

Ramana Maharshi / Ella Maillart

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Ella Maillart au sujet de Ramana Maharshi
''Les Occidentaux qui connaissent le Maharshi se sentent contraints de dire combien ils sont perplexes par l'inactivité du Sage. Nous nous sommes identifiés avec nos corps et sommes convaincus qu'il faut être visiblement actif. Nous oublions que l'inactivité est à la base de son activité corollaire ; que la roue utile ne pourrait pas exister ou se déplacer sans un centre
immobile.
J'ai ressenti fortement à Tiruvannamalai que de si grands êtres tel que le Maharshi sont le sel de la terre. Quelque chose d'intangible émane de ces hommes réalisés ; Ils sanctifient la terre par leur présence. Le Sage a atteint une certitude qui le libère de l'agitation ; sans crainte, désir et doute - il peut faire des choses qu'aucun d'entre nous ne peut faire, car il est sans ego. Ceux qui vivent près de lui ont la conviction qu'il savait de quoi il parlait, lui qui savait le 'pourquoi et le comment' de ce qui les harcelait. Ils ont cessé de s'inquiéter continuellement des problèmes qu'ils n'avaient jamais l'intention de résoudre.
Le Maharshi est un lien entre ce que nous appelons le monde concret et le non-manifesté. Il est un symbole vivant de cette connaissance sans laquelle l'humanité d'aujourd'hui n'est qu'une plaisanterie pitoyable. Il instore une paix durable au centre du cœur de chaque homme.
Qu'observons-nous aujourd'hui en occident? Chaque instant s'ajoute au désespoir des hommes perdus dans des recherches infructueuses. Le désespoir gagnant du terrain, chacun étant obligé de chercher une solution dans des allées dont la plupart deviennent aveugles.
Le Sage du Vedanta symbolise un lien entre l'inconnaissable ultime et l'homme. Le Sage
s'appuie sur une activité sans action et continue à enseigner sans paroles. (...)
Je suis venue à Tituvannamalai afin de vivre auprès d'un Maître incarnant la sagesse hindoue, et tandis que qu'un cours pour débutant m'eût mieux convenu, je me trouve trébuchant, de but en blanc, dans l'aride silence du Vedanta qui, à la fin des Vedas, propose l'essence de la connaissance hindoue.
Jeune, le Maharishi avait écrit en vers tamouls : "Lumière de la Conscience qui tout embrasse, c'est en toi que se forme l'image de l'univers, qu'elle y demeure et s'y dissout, mystère qui
détient le miracle de la vérité. Tu es le Soi intérieur, le "Je" vibrant dans le coeur. Coeur est ton nom, ô Seigneur !"
Les raisons qui avaient donné vie à cette phrase m'envahissent, abolissant en moi la solitude, et cette plénitude me fait oublier le lieu et le temps. Profonde, unique, précieuse, elle est incommunicable. En ouvrant les yeux, je vois le soleil couchant souligner d'or un nuage majestueux. N'est-ce pas le symbole même de ma méditation : la lumière de la conscience, joie
immuable, n'est-ce pas l'origine de toute forme ? N'est-ce pas la voie véritable ? (...)
La leçon facile vient du sage, un homme qui vit dans la paix et la maîtrise absolue de soi, qualités qui émanent de lui (il n'est pas particulièrement beau mais tellement bon et candide), ce qui fait l'effet d'un baume. La leçon plus subtile, que je n'ai pas encore apprise, est la suivante : cet homme unique, dont la vie a été intense depuis l'enfance, a réussi à l'aide d'un sixième sens à explorer la voie difficile qui mène à la racine de la conscience ; il existe là une énergie qui est éternelle, qui n'a rien à voir avec le corps et qui est régie par les lois -cachées pour nous - qui gouvernent l'univers. Dans notre ignorance, nous appelons certaines choses"mauvaises" parce que nous ne pouvons pas comprendre que le bon peut surgir du mal, et que tout est le
résultat de causes préalables. Ce n'est que par l'abandon, le détachement, par l'effort de connaître le vrai soi - cette part de la conscience profonde et éternelle qui est en chacun de nous - que nous trouverons le bonheur permanent que nous poursuivons, aidant par là-même l'humanité à s'élever au-dessus de notre état semi-animal. (...)
Des familles entières viennent se prosterner devant lui, s'allongeant trois fois, d'abord avec leurs bras étendus vers l'avant, ensuite ramenés le long du corps, tandis qu'une joue puis l'autre touchent le sol qu'ils embrasent enfin. Les jeunes enfants qui essaient de faire cela sont charmants et reçoivent le même sourire lumineux que les singes qui viennent mendier, ou la vache qui, chaque fois qu'on omet de l'attacher, vient voir le sage. On lui pose peu de
questions parce que peu de questions se posent : dès que l'on se trouve près de lui, on se rend compte que la plupart des questions ne sont que des mots et ne font pas partie des choses vraiment vitales. Sa présence agit dans un sens positif qui nous fait sentir : la réponse est
en moi et pour qu'elle soit de quelque profit, je dois la trouver moi-même"
Ella Maillart.

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5 commentaires:

gege a dit…

merci cela est un super petit dejeuner !

Anonyme a dit…

Merci Corinne !
Karl

j-p gepetto a dit…

Paroles de Paix...
Beau dimanche à tous.
JP Gepetto

Anonyme a dit…

"la réponse est en moi et pour qu'elle soit de quelque profit, je doit la trouver moi-même": le chemin

Sylvie P. a dit…

Je m'incline... Merci !