lundi 25 mai 2009

Mange, prie, aime



Un roman que j'ai dévoré, il y a quelques mois...

"A trente et un ans, Élisabeth Gilbert possède tout ce dont une Américaine ambitieuse peut rêver : un mari dévoué, une belle maison, une carrière prometteuse.
Elle devrait nager dans le bonheur, pourtant elle est rongée par l'angoisse, le doute, l'insatisfaction... S'ensuivent un divorce, une dépression et une liaison désastreuse qui la laissent exsangue et encore plus désemparée. Elle décide de tout plaquer pour partir seule à travers le monde. À elle de se construire la vie qu'elle s'est choisie ! En Italie, elle goûte aux délices de la dolce vita et prend les "douze kilos les plus heureux de sa vie", en Inde, ashram et rigueur ascétique l'aident à discipliner son esprit (lever à 4 heures du matin, méditation et nettoyage des sols !) et en Indonésie, elle cherche à réconcilier son corps et son âme pour trouver l'équilibre qu'on appelle le bonheur..."




Un extrait :


« Chercher Dieu, c’est aller à l’encontre de l’ordre normal, trivial, matériel. Chercher dieu, c’est tourner le dos à ce qui nous attire, pour nager vers ce qui est difficile ;On abandonne ses habitudes rassurantes et familières avec l’espoir ( le simple espoir ! ) de se voir offrir quelque chose de mieux en retour ; chaque religion fonctionne sur la simple compréhension commune de ce qu’être un bon disciple signifie – se lever de bonne heure et prier son Dieu, perfectionner ses qualités, se montrer bon avec son prochain, se respecter soi-même et respecter les autres, dominer ses envies. Nous reconnaissons tous qu’il serait plus facile de faire la grasse matinée, et nous sommes nombreux à la faire, mais depuis des millénaires, il en est d’autres qui ont choisi, eux, de se lever avant le soleil et de se consacrer à leurs prières. Et de s’accrocher ensuite à leur foi inflexiblement à leur foi face à la folie du nouveau jour qui s’annonce.

Les dévots de ce monde accomplissent leurs rites sans garantie aucune qu’il en sortira un jour quelque bien. Certes, quantité de textes et de prêtres font quantité de promesses sur les bénéfices qu’on retirera de nos bonnes actions ( ou de menaces quant aux punitions qui nous attendent si on a failli), mais croire à tout cela est en soi un acte de foi, parce que aucun d’entre nous ne s’est vu montrer la fin de la partie. La dévotion, c’est le zèle sans l’assurance du résultat. La foi, c’est une façon de dire : « oui, j’accepte a priori les termes de l’univers, et j’adopte par avance ce que je suis actuellement incapable de comprendre ; » ce n’est pas sans raison qu’on parle de « sauts de foi » : décider de consentir à la notion de Dieu, c’est s’élancer, d’un bond formidable, du rationnel vers ce qu’on ne peut connaître, et peu importent les érudits zélés qui, toutes religions confondues, vont chercher à nous obliger à potasser leurs tas de livres pour nous prouver, écritures à l’appui, que leur foi est tout ce qu’il y a de plus rationnel ; elle ne l’est pas. Si la foi était rationnelle, ce ne serait pas – par définition – la foi. La foi, c’est croire en ce que l’on ne peut ni voir ni prouver, ni toucher. La foi, c’est foncer à l’aveuglette. Si nous connaissions véritablement à l’avance sur le sens de la vie, la nature de dieu et le destin de notre âme, notre croyance ne serait pas un élan, non plus qu’elle ne serait un acte de courage humain ; elle serait simplement…une police d’assurance prudente.

Je n’ai cure des assurances. Je suis fatiguée d’être une sceptique, je suis agacée par la prudence spirituelle et je suis lassée et desséchée par le débat empirique. Je ne veux plus l’entendre. Je ne pourrais pas me ficher davantage de l’évidence, de la preuve et des promesses. Je veux juste Dieu. je veux Dieu à l’intérieur de moi. Je veux que Dieu joue avec mon flux sanguin comme la lumière s’amuse sur les flots. »

Mange, prie, aime
Élisabeth Gilbert
Ed Calman-Lévy
Chap 57 p 243-44