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Je ne sais pas si vous l'avez noté mais pour certains textes nous n'avons pas autorisé les commentaires...et parfois en postant une citation j'ai envie de cocher la case « commentaires non autorisés» et puis je me dis que c'est aussi très sympathique les petits mots ou parfois les infos qui s 'échangent en marge du blog et je ne voudrais pas que ce qui suit décourage les commentateurs.
Je remarque cependant que la pratique du commentaire rappelle notre façon habituelle de communiquer qui consiste généralement à écouter une personne qui nous parle tout en préparant dans notre tête la réponse que nous allons lui faire. Nous attendons – au mieux – qu'elle ait fini de parler et nous enchaînons. Il y a très peu de silence dans les conversations. Celui qui a la parole ose rarement le silence, souvent par peur d'être interrompu. Pour celui qui répond, donner son avis, son opinion, dire quelque chose est un comportement tellement ancré dans notre société qu'il est devenu la norme. On peut même avoir peur de passer pour un idiot si on ne répond rien, si on n'a pas d'opinion, pas de commentaire qui montre qu'on a compris ou qu'on connait une autre idée, une autre opinion que l'on pourrait rapprocher ou opposer, un autre événement, une autre ville....
Je grossis le trait, mais parfois à peine.
Lorsqu'on lit un texte, une citation, faire le rapprochement avec un autre texte peut être un enrichissement, une manière de mettre en évidence des points communs. Veillons cependant à ce que ce ne soit pas une manière de « zapper » le premier texte, de passer très vite à autre chose, autre part....que nous connaissons déjà ! Le grand danger ici c'est cela : avec du neuf, faire du vieux.
Ramener ce que nous découvrons à ce que nous savons déjà, au déjà lu, déjà vu, déjà entendu et perdre ainsi l'occasion de nous ouvrir à la nouveauté, à une approche différente, à un angle de vue inédit qui peut tout d'un coup nous faire voir ce que nous n'avions pas vu.
Donner une opinion divergente est évidement le droit de chacun. Mais prenons bien le temps de lire ce qui est écrit, à partir du moment bien sûr où nous accordons de la valeur à la personne ou à la tradition qui s'exprime. Je voudrais ainsi revenir sur l'histoire des deux loups et répondre aux commentaires qui en ont été fait, en plaidant pour notre grand-père Cherokee. Je vous rappelle l'histoire :
« Un soir, un vieil indien Cherokee raconte à son petit-fils l’histoire de la bataille intérieure qui existe chez les gens et lui dit :
«Mon fils, il y a une bataille entre deux loups à l’intérieur de nous tous.
L’un est le Mal – C’est la colère, l’envie, la jalousie, la tristesse, le regret, l’avidité, l’arrogance, la honte, le rejet, l’infériorité, le mensonge, la fierté, la supériorité, et l’égo.
L’autre est le Bien – C’est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi
Le petit fils songea à cette histoire pendant un instant et demanda à son grand-père :
« Lequel des deux loups gagne ? »
Le vieux Cherokee répondit simplement : « Celui que tu nourris ». »
Plusieurs commentaires ont attiré l'attention sur le fait que réprimer le premier loup lui donnait aussi de la force, et sur la nécessité de la thérapie pour accueillir et soigner ce premier loup. C'est à l'évidence très juste et c'est une vision largement répandue chez les personnes qui s'intéressent au développement personnel et à la spiritualité en occident.
La fraîcheur de cette histoire, c'est justement qu'elle nous vient d'un autre positionnement.
Le grand-père Cherokee ne focalise pas l'attention sur le « problème » , la partie malade de notre être, il met la lumière sur la partie saine. Il suggère de nourrir ce qu'il y a de meilleur en nous et pas seulement de guérir nos blessures ce qui est la tendance occidentale très influencée par une vision thérapeutique du processus d'évolution.
Évidemment ces deux points d'entrée sont complémentaires mais la richesse de cette histoire envoyée par Olivier est de nous proposer une vision différente de la nôtre, celle des peuples premiers plus axés sur le spirituel. Nourrir, faire croître, élever nos plus hautes possibilités qui sont notre nature véritable est une pratique sur laquelle insiste énormément le bouddhisme tibétain. Il y a là un contre poids nécessaire à l'attention portée aux blessures qui tourne parfois chez nous à l'auto apitoiement et nous enferme dans une vision étroite de l'être humain, centrée sur les dysfonctionnements.
Développer en nous « la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi » ouvre une voie pleine de lumière. Sans tomber dans l'angélisme, ayons l'audace, de réhabiliter la vertu. Il n'y a plus que le Dalaï Lama pour oser en parler. Et je vous renvoie pour conclure à la superbe intervention de Matthieu Ricard à propos du Bonheur sur le blog d'Éric, Phytospiritualité.
Le Bonheur, un autre mot que l'on entend assez peu chez nous et que les tibétains emploient très souvent. Et je connais un maître qui en guise de viatique avait donné à son disciple la formule suivante : « Be happy! »
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14 commentaires:
Merci Corinne, pour ce message qui trouve une résonnance profonde en moi. Pas un mot à ajouter...
Oui entièrement d' accord Corinne ! Merçi !
Et bien, je ne pensais pas que ce texte envoyée par une amie et tranmis à Alain allait fournir autant de commentaires et d'explications...
Je suis entièrement d'accord avec vous Corinne concernant le manque de silence dans nos conversations habituelles. Il m'arrive très souvent de ne pas savoir quoi dire ou "répliquer" en salle des profs au collège à midi ou à la récré et d'écouter ou simplement d'entendre les conversations. Si je suis silencieux intérieurement et extérieurement à la fois ça ne me pose aucun problème de passer pour un imbécile, du moment que je suis un imbécile heureux!
norme = base d'entente, c'est déjà pas mal.
faire du neuf avec du vieux, exemple : chantez un chant nouveau, essayez, essayez vraiment ! c'est pas évident !
Le Bouddha : D'abord soignez les blessés. Ensuite les théories.
gjm
La norme a pour fonction de créer une base d'entente, c'est déjà pas mal.
Le défi c'est de créer du neuf avec du vieux.
Et ce n'est pas facile. La réponse à " Chantez un chant nouveau " par les compositeurs de musique a été vraiment faible.
Le Bouddha n'a-t-il pas dit : " D'abord soignez les blessés." Les théories viendront après.
gjm
Un grand merci pour ce texte .
Douce journée.
Thérése
Merci pour cette main tendue au Silence.
Il est la bienvenue.
J'aime beaucoup ce blog, il m'inspire beaucoup de sympathie.
Marie-Pierre
Et merci pour la photo que je trouve décidément très belle et parlante
Oui Anne, je t'avais reconnue sur la photo...
Acou
A côté de toi Acou...
Merci Corinne d'apporter cette nouvelle perspective. Je tacherai de m'en souvenir. :-)
Fabrice
No comment!
Philippe.
Oui comment-taire?
Bonjour,
J'entends ce que vous dites et je le partage = chaque matin, nous avons le choix d'aller vers le Bon et le Beau.
Belle journée
Cath
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