vendredi 1 décembre 2006

Hoggar


"Personne ne connaît la souffrance s'il n'a pas regardé du haut de l'Assekrem ce chamboulement cosmique qu'est le Hoggar. Cette désintégration lunaire où la rocaille, le sable, les dunes, les crevasses et les pics majestueux donnent envie de mourir tout de suite. Le Sahara c'est ce grabuge intolérable du monde, ce bouleversement incroyable de la géographie et de la géologie."
Rachid Boudjedra, Timimoun, Denoël, 1994. page 337 de l'excellent Petit Futé sur l'Algérie.

ps: Les fidéles de ce Blog connaissent déjà cette photo, mais je l'adore, peut être vous aussi, en résolution maximun, c'est super. Enjoy again

2 commentaires:

Une simple (con) citoyenne a dit…

A propos de montagnes et de désert : à partager, quelques vers du Livre de la Pauvreté et de la Mort, de Rilke (dans la très belle traduction d'Arthur Adamov, chez Actes Sud):

"Je suis peut-être enfoui au sein des montagnes,
solitaire comme une veine de métal pur;
je suis perdu dans un abîme illimité,
dans une nuit profonde et sans horizon.
Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre.

Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
et cette grande nuit me fait peur;
mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante, qu'elle m'écrase,
que toute ta main soit sur moi,
et que je me perde en toi dans un cri.

Toi, mont, seul immuable dans le chaos des montagnes,
pente sans refuge, sommet sans nom,
neige éternelle qui fait pâlir les étoiles
(...)
Me suis-je enfin perdu en toi,
uni au basalte comme un métal inconnu ?
(...)
Mais si tu veux que ce soit moi qui parle,
je ne le pourrai pas, car je ne comprends rien;
et ma bouche, comme une blessure, ne demande qu'à se fermer,
et mes mains sont collées à mes côtés comme des chiens
qui restent sourds à tout appel.

Et pourtant, une fois, tu me feras parler.


Que je sois le veilleur de tous tes horizons...
Permets à mon regard plus hardi et plus vaste
d'embrasser soudain l'étendue des mers.
Fais que je suive la marche des fleuves
afin qu'au-delà des rumeurs de leurs rives
j'entende monter la voix silencieuse de la nuit.

(...)

Fais, Seigneur, qu'un homme soit saint et grand
et donne-lui une nuit pofonde, infinie,
où il ira plus loin qu'on ait jamais été;
donne-lui une nuit où tout s'épanouisse,
et que cette nuit soit odorante comme des glycines,
et légère comme le souffle des vents,
et joyeuse comme Josaphat.

Fais qu'il parvienne enfin à la maturité,
qu'il soit si vaste que l'univers suffise à peine à le vêtir;
et permets-lui d'être aussi seul qu'une étoile
pour qu'aucun regard ne vienne le surprendre
à l'heure où son visage change, bouleversé.

Fais que le temps de son enfance rescussite dans son coeur;
ouvre-lui de nouveau le monde des merveilles
de ses premières années pleines de pressentiments.

Fais qu'il lui soit permis de veiller jusqu'à l'heure
où il enfantera sa propre mort,
plein d'échos comme un grand jardin
ou comme un voyageur qui revient de très loin...

(...)

Héla, après j'ai vu les palais de ce temps.
Ils paradaient comme des paons au fier plumage
mais à la voix criarde, horrible.
Beaucoup d'hommes sont riches et leur orgueil est grand.

Mais les riches ne sont pas riches...

Ils ne sont pas comme les pasteurs de ces peuples nomades
qui passaient par les plaines vertes et claires,
suivis de la masse confuse de leurs troupeaux
comme les nuages passent dans le ciel du matin (...)
Ils ne sont pas comme les cheiks des tribus du désert
qui reposaient la nuit sur des tapis fanés
mais enchâssaient des rubis étincelants
dans les peignes d'argent de leurs juments favorites.
(...)
Mais le temps des riches est passé,
et nul n'appelera plus jamais leur retour.
Fais seulement que les pauvres restent pauvres.
(...)
Que ne se lève-t-il dans leur crépuscule,
lui, l'étoile du soir de la grande pauvreté. »


PS : c'est tellement étrange, un mystique triste, est-ce possible ?
Joyeuse journée à tous, et pas seulement au coeur du Hoggar ! Merci Alain pour cette si belle photo...

ipapy a dit…

Merci Marion Superbe Merci