Chanceuse que je suis : la Vie m’a invitée au Jardin des maîtres-jardiniers !
Liberté relative : j’aurais pu décliner l’invitation sous prétexte d’un emploi du temps chargé, de l’éloignement ou autre baliverne. Oui, j’aurais pu dire à la Vie : « Vois-tu mon amie, je suis touchée de ton obligeance, mais j’ai semé au printemps des salades et des tomates qui, en ce moment, requièrent toute mon attention.»
J’aurais pu ainsi demeurer chez moi. Tranquille.
J’aurais pu…
Mais alors j’aurais manqué l’Essentiel : apprendre à cultiver le Pépin sacré ; ou, tout au moins, à ne pas le laisser lamentablement mourir. Ou pourrir.
Je te vois froncer les sourcils et murmurer entre tes dents : « Où va-t-elle donc, avec son histoire de Pépin sacré ? J’ai autre chose à faire, et des pépins, j’en connais suffisamment pour ne pas en rajouter.»
Ne t’énerve pas, je t’en prie. Attends un peu. Ouvre ta main grande comme une vasque et déposes-y un pépin de pomme. Tu y es ?... Regarde-le, cet insignifiant pépin que nous recrachons si souvent sans même daigner lui adresser un simple coup d’oeil. Regarde-le encore, mieux, sans ta tête, juste avec ton cœur. Ne l’entends-tu pas, ce minuscule pépin ? Car le voici qui nous parle : il nous raconte la mémoire indéfectible du pommier, depuis la naissance des racines célestes jusqu’aux sculptures des rameaux terrestres en passant par la force du tronc, les aspérités de l’écorce, les détours et contours des branches, les fleurs en robe blanche, les feuilles légères et froufroutantes pour – enfin et ô miracle ! – en arriver à la saveur exquise du fruit. Il a suffi d’un pépin…
En Calcat, juillet 2007. Seize apprentis-jardiniers se sont retrouvés autour de deux guides-jardiniers pour apprendre à cultiver le Pépin sacré, celui qui ne fleurit pas dans la paume de la main, mais dans le cœur de l’Être. Car c’est tout un art que de ne pas laisser mourir ce qui doit grandir, ni pourrir ce qui doit devenir. Outre l’arrosage à dose adéquate – ni trop ni trop peu -, il convient parfois, au moment opportun, de… « se bouger le c… » Étape où certains apprentis-jardiniers se voient pousser un peu d’urticaire. Un malaise passager, vite surmonté, transcendé, puisque nous montons tous ensemble le sentier légèrement abrupt qui conduit à la Capellette, une petite chapelle plantée ce jour-là dans un ciel bleu. Procession. Ascension. Communion. Tous ensemble, sans exception ! Et de partager là-haut non seulement un moment de silence sous des voûtes chargées d’éternité, mais aussi quelques gorgées d’eau bien méritées ou… une pêche au noyau pur.
Trois jours intenses et riches au-delà du verbe, ponctués de chants psalmodiés et de prières, de larmes et de rires, de sincérité, d’aveux courageux, d’intentions fraternelles, de gestes d’amour, de paroles vraies ; trois jours longs comme une expérience hors du temps, qui m’ont appris que la croissance du Pépin sacré demande avant tout vaillance, bienveillance et exigence, patience et persévérance.
Reconnaissance !
Reconnaissance infinie envers ces autres apprentis-jardiniers sans qui je ne serais pas ; ces autres apprentis-jardiniers qui, trois jours durant et pour longtemps, à cœur ouvert, m’ont offert leurs possibles et leurs impossibles, leurs vents et leurs tempêtes, leurs pluies et leurs soleils.
Reconnaissance envers Frère Daniel, ce maître-jardinier qui, par son témoignage humble et généreux, nous a permis de visiter son Jardin sacré.
Reconnaissance envers Corinne et Alain dont les mains vertes prodiguent chaleur et posent tuteurs.
Reconnaissance envers la Vie de m’avoir invitée au Jardin de tous les jardiniers !
Isabelle Perrenoud, témoignage sur la retraite à En Calcat
Liberté relative : j’aurais pu décliner l’invitation sous prétexte d’un emploi du temps chargé, de l’éloignement ou autre baliverne. Oui, j’aurais pu dire à la Vie : « Vois-tu mon amie, je suis touchée de ton obligeance, mais j’ai semé au printemps des salades et des tomates qui, en ce moment, requièrent toute mon attention.»
J’aurais pu ainsi demeurer chez moi. Tranquille.
J’aurais pu…
Mais alors j’aurais manqué l’Essentiel : apprendre à cultiver le Pépin sacré ; ou, tout au moins, à ne pas le laisser lamentablement mourir. Ou pourrir.
Je te vois froncer les sourcils et murmurer entre tes dents : « Où va-t-elle donc, avec son histoire de Pépin sacré ? J’ai autre chose à faire, et des pépins, j’en connais suffisamment pour ne pas en rajouter.»
Ne t’énerve pas, je t’en prie. Attends un peu. Ouvre ta main grande comme une vasque et déposes-y un pépin de pomme. Tu y es ?... Regarde-le, cet insignifiant pépin que nous recrachons si souvent sans même daigner lui adresser un simple coup d’oeil. Regarde-le encore, mieux, sans ta tête, juste avec ton cœur. Ne l’entends-tu pas, ce minuscule pépin ? Car le voici qui nous parle : il nous raconte la mémoire indéfectible du pommier, depuis la naissance des racines célestes jusqu’aux sculptures des rameaux terrestres en passant par la force du tronc, les aspérités de l’écorce, les détours et contours des branches, les fleurs en robe blanche, les feuilles légères et froufroutantes pour – enfin et ô miracle ! – en arriver à la saveur exquise du fruit. Il a suffi d’un pépin…
En Calcat, juillet 2007. Seize apprentis-jardiniers se sont retrouvés autour de deux guides-jardiniers pour apprendre à cultiver le Pépin sacré, celui qui ne fleurit pas dans la paume de la main, mais dans le cœur de l’Être. Car c’est tout un art que de ne pas laisser mourir ce qui doit grandir, ni pourrir ce qui doit devenir. Outre l’arrosage à dose adéquate – ni trop ni trop peu -, il convient parfois, au moment opportun, de… « se bouger le c… » Étape où certains apprentis-jardiniers se voient pousser un peu d’urticaire. Un malaise passager, vite surmonté, transcendé, puisque nous montons tous ensemble le sentier légèrement abrupt qui conduit à la Capellette, une petite chapelle plantée ce jour-là dans un ciel bleu. Procession. Ascension. Communion. Tous ensemble, sans exception ! Et de partager là-haut non seulement un moment de silence sous des voûtes chargées d’éternité, mais aussi quelques gorgées d’eau bien méritées ou… une pêche au noyau pur.
Trois jours intenses et riches au-delà du verbe, ponctués de chants psalmodiés et de prières, de larmes et de rires, de sincérité, d’aveux courageux, d’intentions fraternelles, de gestes d’amour, de paroles vraies ; trois jours longs comme une expérience hors du temps, qui m’ont appris que la croissance du Pépin sacré demande avant tout vaillance, bienveillance et exigence, patience et persévérance.
Reconnaissance !
Reconnaissance infinie envers ces autres apprentis-jardiniers sans qui je ne serais pas ; ces autres apprentis-jardiniers qui, trois jours durant et pour longtemps, à cœur ouvert, m’ont offert leurs possibles et leurs impossibles, leurs vents et leurs tempêtes, leurs pluies et leurs soleils.
Reconnaissance envers Frère Daniel, ce maître-jardinier qui, par son témoignage humble et généreux, nous a permis de visiter son Jardin sacré.
Reconnaissance envers Corinne et Alain dont les mains vertes prodiguent chaleur et posent tuteurs.
Reconnaissance envers la Vie de m’avoir invitée au Jardin de tous les jardiniers !
Isabelle Perrenoud, témoignage sur la retraite à En Calcat
15 commentaires:
Vous nous avez donné des outils,
des nourritures qui donnent la force,
l'intention de reprendre ou renforcer la marche longue et lente, pas à pas.
Nous sommes repartis avec l'espérance
vers nos frères et nos soeurs,
vers nos travaux, vers le monde.
car il n'est pas d'autre route que
ce monde, ici et maintenant
pour conduire vers TOI et la Joie que tu promets pour les siècles des
siècles.
Merci la Vie, les frères et les Dix-Huit qui ne font que UN.
Merci Isabelle tu me touches droit au choeur.
Quelle belle métaphore Isabelle que tu utilises ds ce témoignage.
Je suis touché car je suis jardinier à l'arrêt ds ma vie professionnelle.
Je crois que c'est le poète Kabir qui dit que le jardin aux fleurs est en nous.
Mince,où est "la binette,le sarcloir"Alain et Corinne ,maîtres-jardiniers du château de Versailles?......
Merci à vous tous et bon chemin!
Ultréia!
Merci Isabelle, tu m'impressionnes toujours!
Bises
Jacques
Isabelle, ce que tu as écrit est très beau et très juste. Je ne peux que partager le commentaire de fish-fish: tu vas droit au coeur !
Voilà une journée bien illuminée !
C'est vous tous, amis jardiniers connus et inconnus, rencontrés ou à rencontrer, qui illuminez ma journée. Merci !
Isabelle
Vraiment Isabelle en plus de tes talents de coeur, tu as un talent d'écriture qu'il faut "cultiver" pour poursuivre la métaphore du jardin...
Merci pour ton témoignage.
Un immense Merci, Isabelle, pour ces paroles magnifiques qui aident à conserver l'énergie de la sangha d'En Calcat...
Avec toi et avec vous tous dans le coeur
Il y a parfois de mauvaises herbes dans mon jardin, j'ai du mal à faire la difference avec les bonnes
Merci Isabelle
Quel beau témoignage, Isabelle, de ce moment de partage fraternel de l'Essentiel. Il le prolonge et le fortifie ! Merci de tout coeur. Et puis... wouah ! comme c'est bien écrit, je suis bien d'accord avec Corinne !
Merci Isabelle pour ce magnifique témoignage au "goût" d'Isabelle.
J'adore !!!
Moi qui aime la "phytospiritualité", je suis trés touché par ton témoignage. Je n'ai pas la chance de te connaître. Mais je partage avec toi la mémoire du fruit à produire...
Merci Isabelle.
C'est juste, c'est juste, c'est juste... En plein dans le mille !
Merci aussi aux Maîtres Jardiniers.
Oui, continue d'écrire avec ton coeur, j'en reçois la poésie qui dépasse les concepts, qui peut permettre d'accompagner le flot vivant de la loi du changement.
Je T'embrasse avec des pépins plein la bouche.
J-P Gepetto
Magnifique ! Merci de ce beau partage...
Enregistrer un commentaire