vendredi 4 juillet 2008

Karlfried Graf Dürckheim



Question à Graf Durckheim par Alphonse Goettmann : Avant d’entrer maintenant dans le détail de votre message, pouvez-vous dire en quelques mots quel est le noyau de votre enseignement ?

Graf Durckheim : Je répondrais : c’est la prise au sérieux de la double origine de l’homme « céleste » et « terrestre ». L’occident l’a oublié en estimant que le « céleste » était du ressort exclusif de la foi et que seul le « terrestre » pouvait faire l’objet d’expérience et de pratique.

L’Occident a frustré l’homme dans son developpement spirituel. Or, l’origine céleste de l’homme fait partie de son être essentiel, il participe dans la profondeur de son être à l’Être divin et peut en devenir conscient dans des expériences particulières.

L’homme se trouve citoyen de deux mondes : celui de la réalité « existentielle », conditionnée, bornée par le temps et l’espace, accessible à la raison et à ses pouvoirs, et celui de la réalité « essentielle », non-conditionnée, qui est au-delà du temps et de l’espace, accessible seulement à notre conscience intérieure et inaccessible à nos pouvoirs.

La destinée de l’homme est de devenir celui qui peut témoigner de la Réalité transcendante au sein même de l’existence. Pour y parvenir, il nous faut tout d’abord apprendre à prendre aux sérieux les expériences par lesquelles, en des instants privilégiés, l’Etre nous touche et nous appelle.

C’est le sens fondamental de tout exercice spirituel tel que je l’entends : s’ouvrir à une saisie de notre être essentiel à travers des expériences qui le manifestent et réaliser de plus en plus une manière d’être qui nous permet de témoigner de l’’Etre dans la vie quotidienne.

La double origine de l’homme est ainsi ouverte à l’expérience. Elle représente la source, la promesse et la tâche fondamentale de l’homme, dont la base est l’expérience de l’Etre et l’exercice initiatique du chemin, qui est la vérité et la vie de l’homme « éveillé ».

Il me semble que l’heure est venue où l’Occident s’éveille à une expérience de l’Etre et à une pratique de la Voie qui n’est pas un privilége de l’Orient mais qui peut devenir, par contre, la chance et la condition humaine d’une religion vivante.

Page 32 Dialogue sur le chemin initiatique Karlfried Graf Durckheim Albin Michel 1993

5 commentaires:

fishfish a dit…

Merci ipapy et bonne journée.

Anonyme a dit…

quand on dit que l on reve sa vie
Merci Alain et bonne route
Eric

Catherine Bondy:Psycho-Praticienne et Peintre. a dit…

merci alain de ce rappel essentiel;
je fais un copié/collé et je le transmets ...
c'est bon à partager!

Anonyme a dit…

Merci Alain pour ce rappel de pratique essentiel... la verticale et l'horizontale !
Karl

Vincent a dit…

Je ne connais pas bien l'oeuvre de ce grand homme... je ressens une petite frustration de ne pas voir figurer, au moins pour dire qu'ils existent (même sans citer de noms), quelques grandes figures que l'Occident a produites, et qui n'estimaient pas que le "céleste" est du ressort exclusif de la foi - mais peut-être y fait-il référence lorsqu'il dit que "l'Occident l'a oublié" (ce qui veut dire qu'il en a eu connaissance). Ce sont certes des exceptions qui confirment la règle...
Merci pour ce très beau texte, ce puissant rappel.