Voyageur, voyageur, accepte le retour,
Il n'est plus place en toi pour de nouveaux visages,
Ton rêve modelé par trop de paysages,
Laisse-le reposer en son nouveau contour.
Fuis l'horizon bruyant qui toujours te réclame
Pour écouter enfin ta vivante rumeur
Que garde maintenant de ses arcs de verdeur
Le palmier qui s'incline aux sources de ton âme.
Il n'est plus place en toi pour de nouveaux visages,
Ton rêve modelé par trop de paysages,
Laisse-le reposer en son nouveau contour.
Fuis l'horizon bruyant qui toujours te réclame
Pour écouter enfin ta vivante rumeur
Que garde maintenant de ses arcs de verdeur
Le palmier qui s'incline aux sources de ton âme.
Jules Supervielle
Débarcadères 1922
Débarcadères 1922
J’ai semé, dans le désert, des cailloux dont les fruits feront dattes.
Mais avant … il y a eu l’orage, il y a eu les secousses, les cris dans l’avion et l’homme à mes côtés qui a dit : j’ai l’habitude de prendre ce trajet Alger Tamanrasset, 30 fois par an, mais là j’ai peur.
Il a fallu ensuite trois jours pour ranger mes peurs en désordre et consoler l’enfant qui se plaignait pour se faire reconnaître.
Corinne et Alain, dans la marche, étaient ma seconde peau, protectrice, toujours présents et accueillant ce mental qui me disait : tu n’arriveras pas à l’Assekrem, impossible avec ces douleurs aux pieds, cette angine, ce tendon douloureux…
Sur les rochers du site d’Amezroug, l’âme rupestre de l’enfant qui s’amuse est revenue. J’ai pu entrevoir, dans le coucher de soleil sur l’Assekrem, le clin d’œil rougeâtre du plus Grand, du Mystère. Au lever de l’astre, célébré par une inoubliable messe, l’immensité m’a rappelé à elle.
Ensuite, chaque pas a approfondi le chemin. Doucement, doucement, sur les traces d’Intayent, le chéche s’est ouvert et un autre regard, un autre espace… s’est fait jour.
Le « moulin-moulin » du mental a laissé peu à peu la place à ce que j’étais venu chercher : une détente. J’ai pu alors sentir dans les mains, pendant des séances de shiatsu, une énergie nouvelle et une épine d’acacia.
Je sais aujourd’hui que ce voyage a ouvert une autre dimension, celle de la communication avec une source intérieure qui murmure que l’eau des profondeurs peut enfin jaillir.
Au bout de deux semaines de grand calme, certains fonctionnements mécaniques sont réapparus. Mais je commence à les aimer. Ils me mènent, en chameau, vers un rêve réalisé, vers une réalisation, vers une maturité. Et je prends conscience que chaque date est à cueillir avec le plaisir d’y goûter.
Retentit encore, en écho, le hurlement du chacal lors de la dernière nuit. La pleine lune éclairait ce cri qu’en tant que loup-garou, je pousserai un jour.
22 commentaires:
Va, loup-garou, tu ressembles à l'Etre qui ne se fixe pas de frontières...
J-P loupetto
Témoignage poignant, puissant de vérité et d'authenticité.
Merci Eric.
J'imagine le chemin dans le désert comme étant le chemin vers St Jacques, un chemin initiatique où chacune de nos douleurs physiques réveillent des puissantes douleurs mentales, des peurs, des doutes, toujours plus fort, toujours plus haut, vasciller sans cesse entre le doute et la foi, jusqu'à l'évidence de ne faire plus qu'Un avec le divin, en nous, autour de nous, sur nous.
Dans le silence des pas, on entend l'âme de l'autre ronronner de plaisir puisque l'autre est dans ce même cheminement...
Merci Eric de ce partage de chemin.
Merci Eric, tu nous donnes du courage , de la persévérance et de l'amour.
Arrêtez, je vais rougir (sous le soleil) ;-))
Tanenmert
Bonjour Acouphène, je suis heureuse et touchée de lire ton témoignage, merci ! Quand on sait la force du mental, je me demande comment tu as pu, et chacun d'entre vous, avancer encore jusqu'à faire tout le chemin; la lutte a dû être grande !
Oui.. Le désert t'aide (Corinne et Alain en font partie)
Merci Eric de nous offrir cette part de toi , si intime et en même temps si impersonnelle...Merci aussi d'être allée la chercher , la puiser ...
Et comme c'est chouette de pouvoir mettre un visage, le tien, sur le nom de l'auteur du superbe blog Phytospi.!
Belle journée, Loup-pas-garou!
Sandrine, je réalise que c'est Acouphène dont il s'agit....
Ca alors... !
Douce journée et un grand merci encore Acouphène le loup bleu.....
Merci Eric pour ce partage si personnel, sans fard, on sent l'épreuve qui t'a nourri et qui t'a ouvert, quelle magie de l'aridité !
super le poème en préliminaires.. peux-tu nous en dire plus sur le retour, la réadaptation...
Merci Eric, je suis vraiment touchée par ce beau témoignage, la force et la profondeur de cette expérience...
Moi aussi Eric je suis touché. Et c'est très beau.Merci
Je salue ton courage, l'humilité qui émane de ton récit et je célèbre ta victoire au bout de la route des déserts !!!... Merci du partage fréro.
Très beau,
en plus d'un écrit bien balançé.
L'écriture est révélatrice, elle nous révèle içi la balance,l'équilibre.
Merçi.
ouais , t'es un mec bien balancé acouphène.
ça fait plaisir tout ça !
Martine, bravo pour le loup bleu.
Mon nom flamand signifie le Loup et le nom flamand de ma mère Le bleu...
En fait, la réadaptation se fait bien trop vite. Il reste "ce qui a changé" et un regard différent sur les petites choses de la vie qui prennent du relief. Et surtout un goût unique d'instants précieux.
Concernant le mental, dans le désert, il a du mal à se cacher... Je mettrai prochainement sur "phytospi", le regard d'un touareg sur notre société française...
Alain ne va pas apprécier que je fasse de la pub pour mon blog (j'ai dépassé les 300 hier) :-))
Me voilà,je suis là.
Eric,c'est un beau témoignage simple,direct ,bref un bon résumé.
Cela me rappelle bcq mon chemin de St Jacques,c'est vrai et juste sur ce que tu as vécu.
Un Merci sur la main au coeur ,Frèro.
Bon chemin!Ultréia!
Merci Philippe... A bientôt, sur le chemin !
Philippe, Ultréia ! Sus eia !
Bisous.
Frissons!
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