Ma passagère
Le duo, c’est ainsi qu’en langage motard on qualifie le fait de transporter un passager.
Pour moi le duo évoque plutôt la musique , alors que partager un moment en moto avec ma passagère, est sous le signe du silence ou plutôt de la communion-communication silencieuse.
Alors qu’elle pose son pied sur le cale-pieds, je l’attends dans mon dos. Son poids, abaisse la moto un peu plus que d’habitude. Et je sens sa chaude présence contre moi. Un mot avant de partir, un regard, c’est le dernier , nous sommes tous les deux déjà dans cette intimité hors des mots , hors du regard, seule communication entre nous, la pression de ses genoux sur mes cuisses et de ses bras autour de ma taille.
Le démarrage est toujours doux, presque timide, et le premier freinage progressif. J’ose à peine serrer le frein avant pour garder la moto à plat. Petit à petit, les freinages deviendront plus francs et les angles dans les virages plus importants, comme s’il fallait réajuster à chaque fois les gestes de la vie à deux.
Pour mon dos c’est un régal, peu accoutumé à être un organe de communication, il est à l’écoute et s’émerveille du contact ferme d’un freinage puissant, de la sensualité rêveuse d’une descente sur le fil des gaz, de l’instant de rupture d’une accélération.
Dans les ligne droites, j’aime la sentir lutter pour s’accrocher à moi, alors que je sens qu’elle partage mon désir de prolonger cette accélération et que le moteur n’en finisse pas de pousser son chant dans l’aigu comme une fumée qui monte droit dans un ciel d’hiver.
Chaque sortie est une aventure partagée, d’autant plus intensément intime que cette expérience s’est déroulée sans parole et sans regard, loin du déjà vu, du déjà dit et de toute les communications superficielles.
Ce post est dédié à Sandrine : ma passagère..
Jean-Baptiste
11 commentaires:
Superbe ! Tu as vraiment des dons d'écriture.
Et tu sais quoi ? ça me donne même envie de faire de la moto, d'être la passagère...
Ah! enfin convaincue! bienvenue au club, bientôt on pourra même papoter moto, nous aussi!
J'en connais un qui doit être content...
Attend, il ne le sait pas encore. Pour l'instant il est sur sa moto...sous la pluie !!
Voilà, je viens de prendre ma première douche à moto. C'est pas si terrible avec un bon équipement.
Pour le duo, je me prépare, je me prépare...........
Merci pour le texte Jean-Baptiste c'est super........
Je suis moi-même passagère de Bruno, mon compagnon et ton texte est magnifique.
Nous ressentons en effet cette communion entre nous certes mais aussi avec "la machine". Sur la moto, nous ne sommes qu'un. Contact, souplesse, adaptation, communion....
Merci Jean-baptiste
Oui, c'est tout à fait ça que j'aime, Béatrice, ce un ressenti nous/machine, et plus...
Il n'y a plus personne, à certains moments, juste ça file dans le vent, un paysage qui défile, des sons, des odeurs -c'est étonnant comme on les perçoit bien à moto! la dernière virée fut embaumée du parfum délicieux des acacias ardéchois-, des vibrations qui ne m'appartiennent pas, qui sont ressentis...
Bref, ça roule!
Bises aux motards et motardes*
Ca donne envie de porter quelqu'un...
Quant à moi, j'attends toujours ma passagère!
:-)
Bonjour l'Olivier quelque chose me dit que la passagère n'est pas si loin. Je t'embrasse
bonjour les motards,et bravo le poete!oui jean philippe tu traduits si bien ces moments sur 2 roues.
a bientot a vous.......... sur la route...sur 2 roues!
m des
bien sur j' avais nommé :jean baptiste le" poete"
Alain, si c'est Dieu qui te le dit, je vais aller acheter un deuxième casque vite fait! :-)
Enregistrer un commentaire