Je n’ai pas programmé, « travaillé » comme on dit à une quelconque réconciliation. J’éprouve une immense gratitude pour la Vie qui dans sa grande intelligence m’a ramené en Algérie et m’a donné de rencontrer des hommes et des femmes qui montrent que la différence n’entraîne pas obligatoirement la peur, la méfiance, que les conditions historiques du passé favorisent ou non la rencontre entre religions, cultures ou entre personnes mais ne peuvent pas l’empêcher.
Le génie de la Vie c’est de nous mettre parfois dans des situations qui guérissent une blessure dont on ne connaissait pas vraiment la profondeur. C’est en sentant la détente s’installer dans mon cœur que j’ai mesuré « l’étendue des dégâts » de l’atmosphère de racisme vécue dans l’enfance. Je me suis surprise l’autre jour à dire de quelqu’un « Elle doit être pied-noir elle aussi. » Je ne m’étais jamais désignée ainsi sûrement pour ne pas m’assimiler à certains exemples d’aigreur ou d’arrogance que j’ai côtoyés.
Le génie de la Vie c’est de nous mettre parfois dans des situations qui guérissent une blessure dont on ne connaissait pas vraiment la profondeur. C’est en sentant la détente s’installer dans mon cœur que j’ai mesuré « l’étendue des dégâts » de l’atmosphère de racisme vécue dans l’enfance. Je me suis surprise l’autre jour à dire de quelqu’un « Elle doit être pied-noir elle aussi. » Je ne m’étais jamais désignée ainsi sûrement pour ne pas m’assimiler à certains exemples d’aigreur ou d’arrogance que j’ai côtoyés.
L’amour, le respect sont contagieux, sans restriction à un groupe particulier. J’ai senti que tout ce que j’avais entendu de négatif sur les Algériens, sur les Français n’avait plus de prise, je ne suis pas obligé de le croire, ni de prouver le contraire, mais j’ai senti aussi que je peux ne plus en vouloir et pourquoi pas aimer les personnes remplies de peurs qui continuent à alimenter le conflit. Ce conflit n’est pas « le mien », je peux le poser et continuer ma route. Ce que je constate dans cette situation précise de mon existence est valable dans d’autres, dans tous les conflits, chaque fois que la peur empêche l’amour, chaque fois qu’il y a souffrance c’est-à-dire impossibilité d’aimer.
Même si ce n’est pas encore accessible tout le temps, en toutes circonstances loin s’en faut, des expériences de retournement, de détente soudaine parfois même au cœur d’une émotion, d’un conflit - et nous en faisons tous - viennent contredire deux de nos croyances les plus tenaces : la première est qu’en tant qu’adulte nous avons besoin d’être aimé, la deuxième est que nous ne pouvons aimer que sous certaines conditions seulement. J’ai la certitude que l’amour ne dépend pas des conditions et circonstances, des autres, de ce qu’ils font ou disent, et qu’il est n’est pas un besoin mais un état, notre état naturel, l’état de bonheur paisible d’où nous sommes issus.
Retrouver cet état d’amour est ce qu’il y a de plus agréable. Oui, agréable. Tant que nous avons cet état d’amour, tant que comme un enfant, nous l’attendons des autres, tant qu’il nous est donné par les circonstances nous pouvons le perdre, il peut nous être volé, il a un contraire, le désagréable. Un jour nous réaliserons de manière stable, réaliser au sens de rendre réelle une évidence qu’il est notre état de nature, le tissu même de notre Être, qu’il n’a pas de contraire parce qu’Être n’a pas de contraire. C’est notre véritable pays natal et il n’est localisé sur aucune carte, il n’est d’aucune époque.
Retrouver cet état d’amour est le seul vrai cadeau que nous pouvons nous faire à nous-même car en définitive la peur, la méfiance ou la haine nous empoisonnent d’un poison mortel…pour nous. "Le non amour de soi est la manifestation la plus forte de l’ego" Le non amour de soi n’est pas seulement notre tendance à nous déprécier, à nous en vouloir pour nos imperfections, à nous trouver nul(le)…etc. Plus profondément, il se manifeste dans notre entêtement à vouloir avoir raison contre la réalité, à penser que le mieux, le bien, ce serait notre monde à nous. Il se manifeste dans notre propension tragique à ne pas aimer la moitié de la réalité, à nous faire du mal en ressassant nos difficiles histoires d’enfance. Je sens qu’il y a une vérité terrible dans le « Tu aimeras tes ennemis » pris dans son sens le plus simple. Qu’est-ce qui m’empêche d’aimer mes ennemis, ceux qui m’ont fait ou me font souffrir ? Et si le mental oppose qu’il a pardonné, qu’il aime mais qu’il souffre toujours : mensonge. Lorsqu’il y a amour, il n’y a plus de souffrance. Pourquoi m’exiler de l’état d’amour ? C’est au nom de l’amour de soi que l’on peut aimer ses ennemis, parce qu’aimer est bon, agréable, dilate le cœur. Aimer n’est pas s’écraser, ne pas agir. Aimer c’est juste ouvrir son cœur. C’est ce qui fait la singularité d’une Etty Hillesum qui n’a pas permis aux camps de concentration de lui voler son état fondamental d’Amour et de Paix. C’est ce qui me fait envie, cette tranquille certitude de l’Amour. Car à ce point l’amour est Un, sans distinction entre l’amour de soi et celui de l’autre, fut-il un ennemi.
Retrouver cet état d’amour est ce qu’il y a de plus agréable. Oui, agréable. Tant que nous avons cet état d’amour, tant que comme un enfant, nous l’attendons des autres, tant qu’il nous est donné par les circonstances nous pouvons le perdre, il peut nous être volé, il a un contraire, le désagréable. Un jour nous réaliserons de manière stable, réaliser au sens de rendre réelle une évidence qu’il est notre état de nature, le tissu même de notre Être, qu’il n’a pas de contraire parce qu’Être n’a pas de contraire. C’est notre véritable pays natal et il n’est localisé sur aucune carte, il n’est d’aucune époque.
Retrouver cet état d’amour est le seul vrai cadeau que nous pouvons nous faire à nous-même car en définitive la peur, la méfiance ou la haine nous empoisonnent d’un poison mortel…pour nous. "Le non amour de soi est la manifestation la plus forte de l’ego" Le non amour de soi n’est pas seulement notre tendance à nous déprécier, à nous en vouloir pour nos imperfections, à nous trouver nul(le)…etc. Plus profondément, il se manifeste dans notre entêtement à vouloir avoir raison contre la réalité, à penser que le mieux, le bien, ce serait notre monde à nous. Il se manifeste dans notre propension tragique à ne pas aimer la moitié de la réalité, à nous faire du mal en ressassant nos difficiles histoires d’enfance. Je sens qu’il y a une vérité terrible dans le « Tu aimeras tes ennemis » pris dans son sens le plus simple. Qu’est-ce qui m’empêche d’aimer mes ennemis, ceux qui m’ont fait ou me font souffrir ? Et si le mental oppose qu’il a pardonné, qu’il aime mais qu’il souffre toujours : mensonge. Lorsqu’il y a amour, il n’y a plus de souffrance. Pourquoi m’exiler de l’état d’amour ? C’est au nom de l’amour de soi que l’on peut aimer ses ennemis, parce qu’aimer est bon, agréable, dilate le cœur. Aimer n’est pas s’écraser, ne pas agir. Aimer c’est juste ouvrir son cœur. C’est ce qui fait la singularité d’une Etty Hillesum qui n’a pas permis aux camps de concentration de lui voler son état fondamental d’Amour et de Paix. C’est ce qui me fait envie, cette tranquille certitude de l’Amour. Car à ce point l’amour est Un, sans distinction entre l’amour de soi et celui de l’autre, fut-il un ennemi.
13 commentaires:
Oui la Paix est toujours accessible, ici et maintenant.
jmarc
Pranam et confirmation du "husband certificate"
Merci
bonjour à tous. merci beaucoup corinne pour ces explications, je suis en plein dedans en ce moment. j'ai l'impression que mon coeur ne peut se dilater: mensonges du mental, prison de l'ego, l'exil. bonne journée en ardeche, a paris il fait beau.
Tu as vraiment un don d'écriture.
Tes mots me touchent en profondeur.
Ils viennent aussi au moment où je réalise par palier que pour aimer, il est indispensable d'Etre.
Et longtemps, j'ai aspiré à l'Amour sans voir que je ne me tournais pas rééllement vers ma véritable nature : l'Etre, Je Suis. Comment pourrais-je jamais véritablement Aimer, si je ne me tourne pas avec tout l'amour du présent vers "Mon Etre", vers ce centre éternel, immuable, impérissable d'où tout émerge et où tout retourne sans fin...
Biensûr mes mots ne peuvent qu'icomplètement pointer cela, ma pensée (propre) est encore bien maladroité et elle est comme un bébé, à l'aube de son développement. C'est ainsi, un pas après l'autre vers l'autonomie d'Etre (Soi-même) et de moins en moins paraître (copie d'une image externe)...
J-P Pranam-Corinne-petto
Allez Corinne, je vous adopte parmi mes amis pieds-noirs que j'ai connus la-bas et ici :
Serge l'Oranais Juif avec lequel je parlais un peu l'espagnol, il voulait me marier à sa soeur, André, Jacqueline, Manou, Vincente et Fernand.
Et aussi Amirouche (!) ce jeune Algérien appelé comme moi en AFN près de Sétif et qui a dû mourir en 1962 exécuté par le FLN.
Je n'oublie pas mon ami Michel B. parachutiste non-violent, amoureux d'une Kabyle.
gjm
Ce qui est merveilleux c'est de constater à quel point tu es connecté à l'Etat d'Amour de l'Univers... du coup tu nous livres des textes qui percutent grave !!! Merci c'est magnifique
Eh ben, il faudra que je m'aime beaucoup pour écrire un post après celui d'Helen et le tien Corinne... Mais, doucement, cela doit être possible !
J'apprécie toujours beaucoup dans les textes de Corinne cette "capacité" à partager ouvertement les méandres du chemin intérieur. J'y trouve beaucoup de générosité et de pédagogie. En cela, ils me rappellent vraiment les écrits d'Arnaud. merci
tes mots sur l'amour de soi qui guérissent de la croyance qu'il faut que les autres nous aiment, après le bouquet de muguet si parfumé et les mots de soutien de mes compagnons de route sur le blog (que je découvre) font de ce jour un vrai jour de fête, car je sens que mon coeur s'ouvre un peu plus, l'amour est un peu plus possible maintenant, autour de moi.
Merveilleuse Corinne !
Ce ne sont pas tes mots qui sont beaux, c'est toi qui dégages une force d'Amour, une puissance d'Etre !
Tu nous donnes envie de poursuivre notre voyage intérieur, celui qui nous amène sans aucun doute à la certitude que l'Amour est ce qu'il y a de plus beau, lorsqu'il émane de la Source, de notre Etre profond, celui qu'on a débarrassé de tout ce qui l'encombrait et qui ne pouvait Aimer parfaitement, avec cette force divine.
MERCI.
Je ne trouve plus les mots... mais sont-ils encore nécessaires! un grand MERCI.
corinne,
tout comme daniel,les mots ne sont pas nécessaires, me semble-t-il...
tu mérites vraiment l'admiration de ton cher époux...
je t'embrasse.
clo burggraf
Merci Corinne, je suis très content de lire cela, exprimé avec une telle clarté.
Amitiés
Jacques
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