lundi 12 janvier 2009

Gurdjieff (3)

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" Je propose donc à ces personnes de travailler à partir de maintenant comme elles l'avaient compris auparavant, de redonner vie à leurs idées d'autrefois et de se mettre au travail pour de bon - ou bien de comprendre tout de suite que leur présence ici est inutile. Au point où en sont les choses, quand bien même elles continueraient pendant dix ans, cela ne mènerait à rien.

Je ne réponds de rien. Que les gens essaient réellement. Sinon, ils seraient encore capables de réclamer quelque chose pour le temps perdu. Qu'ils ressuscitent en eux leurs premières intentions et rendent ainsi leur séjour utile pour eux-mêmes et pour ceux qui les entourent.

Celui qui peut être ici un égoïste conscient pourra ne pas être égoïste dans la vie. Etre un égoïste ici signifie : ne tenir compte de personne, pas même de moi, regarder chaque être et chaque chose comme un moyen de s'aider soi-même. Il ne doit y avoir de considération pour rien ni pour personne. Qui est fou, qui est intelligent, la question n'est pas là. Le fou est un bon sujet d'étude, de travail. L'homme intelligent aussi. Autrement dit, ils sont l'un et l'autre nécessaires. La canaille et le brave homme également. Le fou, l'homme intelligent, la canaille, le brave homme, tous, autant les uns que les autres, peuvent servir de miroir et de choc pour se voir et s'étudier.

Il y a autre chose à comprendre. Notre Institut peut être comparé à l'atelier d'un dépôt de locomotives ou à un garage où sont effectuées des réparations. Lorsqu'un nouveau venu pénètre dans le garage, il découvre des machines qu'ils n'avait jamais vues ailleurs. Et pour cause: toutes les machines qu'il avait aperçues au-dehors étaient carossées et peintes; il ne sait pas comment elles sont faites. Les yeux de l'homme de la rue sont habitués à ne voir que la carosserie. Ici, à l'atelier, les voitures sont sans capot. Les pièces sont démontées, toutes nettoyées et exposées au regard ; elles n'ont plus rien en commun avec ce qu'il a l'habitude de voir. A l'institut, il en est de même. Quand une nouvelle personne arrive avec son bagage, elle est tout de suite mise à nu. Et alors tous ses plus mauvais cotés, toutes ses "beautés" cachées deviennent évidentes.

(à suivre)
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