lundi 4 février 2008

Médit à 110


Ce matin à 6h30 , je prends ma moto alors qu’un vent du sud furieux fait chanter la maison et essaie d’ouvrir les volets.

Je sais ce que je vais rencontrer.
Je suis content que la route soit sèche, c‘est plus simple et moins dangereux pour sentir le vent.

Un aperçu de la force et la densité du vent m’est donnée avant que je m’engouffre dans le défilé qui me mène à l’Isère, j’ai l’impression d’un apéritif avant la grand festin. Car le vent aime à suivre les fleuves et grandes rivières pour faire des vagues, et quand, joueur il souffle vers le nord, nous faire croire qu’il peut inverser les courants qui descendent des montagnes vers le Sud.

Je le retrouve enfin, le grand vent, grande respiration, qui me fait dévier et m’oblige à lutter et à être vigilant. Je me sens comme un souffle au milieu d’un souffle plus grand. Comme une allumette dont la flamme résiste au milieu de la tourmente. Je repense à cette phrase du film « into the wild » alors qu’Alex se baigne dans la mer « l’important s’est d’être fort ou plutôt se sentir fort à un moment de sa vie».

C’est dans ces moments au guidon de ma freewind que je me sens fort, petit souffle au milieu d’un souffle puissant qui me dépasse.

Un fois habitué à ce nouvel élément, profitant de la vitesse (raisonnable) de ma machine, comme les dauphins dans l’étraves des paquebots, je joue dans les remous des camions, attentif quand je quitte l’abri qu’ils me procurent à l’énorme souffle qui me guette au moment ou je les double.

Quelques gouttes apparaissent sur ma visière , le vent tombe.

En TGV à 300 Km, on a beaucoup moins la sensation d’être vivant.

Jean Baptiste

8 commentaires:

ipapy a dit…

Merci Jean-Baptiste, ton texte me touche.
Merci de me l'avoir envoyé ............
Va au bout de tes rêves........mais pas comme dans "into the wild"

gjmtenba a dit…

Forcément avec une Freewind !

laurence a dit…

Je vois bien ce sentiment d'être vivant, intensément et pleinement. C'est ce que j'éprouve quand je suis au milieu de mes petits loulous à l'école, même dans des gestes que certains trouveraient ennuyeux, genre assembler 20 bricolages. Je ressens un grand bonheur aussi en dansant.
C'est une question de présence et d'amour...

Acouphene a dit…

Je partage cette sensation tout en sachant que pour le moment, c'est souvent dans le TGV que j'ai vécu des ouvertures très larges... la dernière était d'ailleurs dimanche (voir blog)...

Anonyme a dit…

Un petit frisson qui monte en selle.
Un petit frisson vigilant qui chevauche sa monture.
Un petit frisson qui, soudain, se confond avec le Grand Souffle pour devenir vivant à l'infini.
Merci de ce beau partage.
Isabelle

Anonyme a dit…

Je comprends très bien ce que tu veux dire, il faut être hyper vigilant en conduisant un peu vite et en prenant quelques risques, et lorsque c'est lié à des sensations cela peut conduire à un gout de la vie hors du commun. Grisant comme on dit. Mais être dans la présence dans le TGV ou en faisant la vaisselle est sans doute d'un autre ordre, on n'est pas obligé de dormir non plus dans le simple ordinaire de la vie.

Anonyme a dit…

Mon ami et moi avons une KTM 950 adventure (c'est lui qui conduit, je suis passagère) et nous silllonons les petites routes de notre merveilleuse région (Gard -Ardèche-Lozère principalement). Quel bonheur, ce sentiment de liberté, de faire un avec les éléments de la nature et avec la route. Sur la moto, nous ne sommes qu'un seul corps. pour lui qui conduit, il fait l'expérience de la vigilance.
Merci pour ce partage et bonne route

Anonyme a dit…

Oui, mon amour, à la force de tes sensations, de ta vie, oui à la beauté vraie de tes mots... ET oui à la protection de ta "précieuse vie humaine", comme l'appelle le Dalaï-Lama...
avec toi...