lundi 3 mars 2008

Le trésor au pied de l'arc-en-ciel


Quand je rejoins ma moto ce soir là, il a plu, l’asphalte est encore mouillée et je sens en moi remonter la sensation de ces petits dérapages imprévus qui font monter l’adrénaline et descendre une grosse goutte de sueur le long de la colonne vertébrale.


Au moment où je démarre, j’ai l’impression de rentrer dans un autre monde : devant moi , un arc en ciel vient déposer sa lumière délicate sur un silo à grains. Cette cathédrale érigée à la gloire du capitalisme agricole, seule verticalité des plaines céréalières est éclairée d’une lumière rasante d’or incandescent.

Je trésaille et rempli de gratitude par cette vision qui déroute mes préjugés, l’abandonne dans un virage à droite. Mais à ma surprise je me trouve dans un monde différent. Régénéré par l’eau et la lumière. Le ciel est partagé entre l ‘acier plombé d’un bleu métallique dense et froid contrastant avec la flamme de trois peupliers qu’éclaire la lumière et une trouée de ciel bleu s’étirant au dessus du Vercors.

Sous ce relief s’étale dans une flaque de lumière le piémont et ses douces formes allongées dans la lumière du soir comme le plissé d’un drap sur un corps endormi.

Le bourdonnement du monocylindre, la caresse virile du vent, le chuintement du triangle d’eau dressé dernière la roue avant, j’avance dans un autre monde loin des repères terrestres qui me sont familiers.

La sortie de la voie express rappelle mon attention sur le calcul de la vitesse , du bon angle et de la nécessaire marge de sécurité avant de plonger dans la grande courbe comme un oiseau marin.

Jean-Baptiste Daubree


5 commentaires:

ipapy a dit…

Merci Jean-Baptiste, tes billets me touchent particulièrement. à suivre dans la rubrique "médit à 110"

Anonyme a dit…

J'aime lire ce que tu aimes vivre et écrire, mon chéri...
Merci pour la beauté!

Olivier a dit…

Sympa en effet! Après un tout petit peu plus d'une semaine avec ma nouvelle petite Bandit 1200 d'occasion, j'aime beaucoup ce texte. J'apprends à connaitre mon bolide et je retrouve mon bonheur de l'époque de mes 17 ans et de ma RH 125. J'ai fait "une balade improvisée" samedi après-m. Ni but ni destination, juste une feuille emportée par le vent. Mais une feuille qui accélère comme une fusée! C'était sympa.

PS Je recommande les poignées chauffantes car c'est super efficace!

ipapy a dit…

Sois prudent Olivier avec ta fusée.
Seulement 3 commentaires. ! Où sont les motards de ce blog ? Grand Dieu réveillez-vous....

Anonyme a dit…

Merçi pour l'ouverture d'esprit que tu nous fais partager en poésie.(içi, ouv d'esp = poésie)

Cela déteind sur nous et nous améliore.

Comment s'appel ce livre qui décrit la mécanique "moto" et le dharma,
expliquant l'un par l'autre?

T'as t'on déjà présenté ce livre Jean-Baptiste?


dimitri