lundi 17 mars 2008

Je pars

Je pars
Je pars sur les chemins

Oui, cette fois-ci… je pars.


Parce que je suis fatiguée. Lasse de me mentir, exténuée de me trahir. Je n’en peux plus de cet insupportable moule dans lequel je m’évertue – me tue sans vertu ni vergogne ! – à me fondre. Mollement. Mollusque invertébré et gluant. Epine dorsale flasque et délétère. Je me lapide, me dilapide. Je me pourfends, me distends, me disperse. De tous mes pores, je m’évapore, apeurée, en vaines vapeurs. J’en ai mal à la vie. J’en ai froid à l’âme. Je suis transie. Toute tordue, toute malfoutue, toute meurtrie, toute amputée. En purée. En bouillie. Embrouillée. En brouillard. Je tourne en rond depuis dix mille ans ; j’en ai perdu le nord. Mon nord.
Mon pôle…

L’Étoile du Berger !

Désorientée, éperdue, désespérée, j’ausculte enfin le Ciel. Et de la voûte céleste, l’écho me renvoie la mélopée mélodieuse de ma mémoire anesthésiée. Amnésie. Je me suis endormie ; je roupille. Et je comprends soudain qu’en sursis, en transit, en apnée, du Soleil à la Lune et de la Lune à la Terre, palier après palier, j’ai franchi l’intemporel espace qui sépare le divin du crétin. Mortelle randonnée : à chaque palier, j’ai lié mes pas un peu plus étroitement à ma tombe d’ores et déjà creusée dans la croûte terrestre. Encroûtée ! Je me suis littéralement encroûtée ! De la voûte à la croûte, je me suis muée de Lumière en matière. Chute volontaire ou nécessaire ?...
Et dire que j’étais Lumière !
Et dire que je serai tantôt poussière !



Erreur !
Car je sortirai de la tombe. Bien sûr que les flammes auront léché mon corps et que le feu m’aura réduite en cendres. Mais de ces cendres-là, brûlant d’une autre flamme, palier après palier, j’escaladerai l’intemporel espace qui sépare le crétin du divin. Eternelle félicité : à chaque palier, je lierai mes pas un peu plus étroitement à mon Étoile d’ores et déjà accrochée à la voûte céleste. Envoûtée. Je serai littéralement envoûtée. De la croûte à la voûte, je me serai muée de matière en Lumière. Ascension volontaire ou nécessaire ?...
Car j’étais Lumière !
Et je retournerai Lumière !



Isabelle, un jour de l’an 2002


8 commentaires:

Anonyme a dit…

Waouh !!! C'est magnifique ! Merci pour le partage... et Bravo Isabelle ;-)

Anonyme a dit…

Sucrerie du matin !
Isabelle, chapeau bas.
Continue à écrire, c'est une merveille. Merci.

laurence a dit…

Je sais même pas quoi dire tellement je suis impressionnée! Merci, merci, merci!!!

Anonyme a dit…

c'est même lumineux...
Merci pour ce partage
Mati

Chronophonix a dit…

De la mortelle randonnée
A l'éternelle félicité
Il n'y a rien
Ou presque
Et c'est ce "presque"
Qui fait tout
Il suffit d'un tour
C'est rien de faire un tour
Et c'est ce rien
Qui fait tout
Ce rien
C'est le retour
Chez nous

Anonyme a dit…

Quelle belle écriture. Je suis envoûtée.
Merci aussi
Michelle

Mabes a dit…

oui, Isabelle, continue à nous enchanter, à nous ramener au chant intérieur qui nous traverse !

Mabes a dit…

et j'ajoute : merci Corinne, là je comprends ce que signifient les rameaux ! Hosanna !