Le goût des autres

Voici donc le corrigé que je vous propose, je ne doute pas qu'il amène " quelques réactions"…. Au risque de décevoir certains par la simplicité de la réponse :

- Ce que mangent les autres a-t-il du goût ?

- Peut-être, en fait, je n’en sais rien, n’ayant aucune expérience de ce qui se passe dans la bouche des autres…

Tout le reste relève de la propension du mental à « penser » la réalité au lieu de « voir » de manière simple et enfantine qu’il n’y a aucune symétrie entre mon expérience et celle des autres. Un dicton Taoïste dit : « L'homme ordinaire se fie à ce qu'il pense, non à ce qu'il voit. Le sage se fie à ce qu'il voit non à ce qu'il pense. »


J'adore ce genre d'exercice que je classerais dans la catégorie " exercices mine de rien". La proposition de départ paraît bien anodine, mais l'exercice est d'une profondeur infinie.


Le bon moyen de traiter le sujet était de se mettre en situation : manger en compagnie d'un "Autre" et VOIR. Si je regarde quelqu'un qui mange, je peux évidemment penser que pour lui ça a du goût, je peux l'imaginer, je peux le concevoir mais je ne peux en aucune manière en avoir l'expérience directe immédiate ici maintenant. Albert a rappelé la phrase : "Je ne peux pas avoir accès à l'expérience de l'autre" Bien sûr si je mange la même chose, je fais ici et maintenant l'expérience immédiate du goût, mais cela ne me donne aucune information d'expérience sur ce qui se passe là-bas, chez l’autre.


En fait cette question "Ce que mangent les autres a-t-il du goût ?" et l'exercice d'observation qui en découle, nous montre que dans le monde où je vis, il n'existe qu'un seul et unique lieu d'expérience. Pour moi, les autres ne sont pas un lieu d'expérience. Je peux manger dans une pièce où il y a de nombreuses personnes, il n'y aura toujours qu'un seul lieu où le goût va apparaître. Cette question-exercice nous montre aussi le caractère trompeur du pronom "nous" qui crée la division en donnant l'illusion de la symétrie: "ici c'est comme là-bas, là-bas, c'est comme ici". C'est faux, "nous" est une illusion funeste qui maintient l'identification fondamentale à la forme et au nom.

A chacun d’en tirer les conséquences, elles sont immenses...........
et la plus évidente c'est que :

JE SUIS SEUL........