« Il est étrange qu’aux deux bouts de la vie la nature ait prévu un temps où l’être humain est dépendant des autres, si dépendant qu’il n’a pas d’autre choix de se laisser porter avec confiance. C’est ce que nous avons tous vécu, lorsque nous sommes venus au monde, et pendant les premières années de notre vie. Mais nous n’en avions pas conscience. À la fin de notre vie, nous voilà, pour beaucoup, à nouveau, en partie ou totalement dépendants de l’autre humain. Du moins, suffisamment diminués pour avoir besoin d’aide. Mais, cette fois-ci, nous sommes conscients, et il nous appartient soit de refuser cet état, de nous replier sur nous-mêmes et de souffrir, soit de l’accepter. Nous faisons alors l’expérience la plus profonde qui soit, celle de nous abandonner aux autres et d’accepter de recevoir d’eux. C’est lorsque nous ne pouvons plus rien « faire », que nous pouvons accéder à la liberté suprême, celle d’ « être ». La liberté de se laisser porter, de se confier à la bonté du monde, qui se manifeste alors, comme jamais, à travers l’humanité et la compassion de ceux qui nous entourent. »
Marie de Hennezel
La chaleur de nos cœurs empêche nos corps de rouiller.
Ed robert Laffont p 233-234
La chaleur de nos cœurs empêche nos corps de rouiller.
Ed robert Laffont p 233-234
Une réflexion honnête et intéressante sur la vieillesse. La peur de vieillir, l’image de la vieillesse dans nos sociétés, la réalité des conditions d’existences que nous offrons aux « aînés » comme on dit au Québec, tout cela est abordé dans un souci de vérité. J’ai trouvé dans ce livre de nombreux beaux passages comme celui-ci.
14 commentaires:
Oui, etre brisée, dépouillée, sans défense, totalement dépendante pour pouvoir renaitre. Merci Corinne, j'espère que ton stage auprès de Bakti s'est bien passé.
Il faut être jeune et avoir de bons yeux pour lire ce texte ! ;)))
ce beau texte
Et quand on est vieux avec une mauvaise vue? Peut être il reste le coeur qui ne change pas.
J'ai changé la couleur du texte pour qu'il soit plus lisible.
Oui, Coline, la Moon Lodge était magnifique.J'en parlerai bientôt.
pas besoin d'attendre la vieillesse pour vivre l'obligation de se faire aider ... toutes les personnes qui ont fait l'expérience de la maladie ou d'un accident qui les immobilise et , qui , par nécessité , donne à voir la générosité de l'entourage ( quand les personnes se rendent disponibles ) ... pour moi , ça s'est passé à l'âge de 37 ans et je m'en souviens encore comme un moment d'humilité et de simplicité hors du commun ...j'ai découvert que j'étais vraiment aimée , non pas pour ce que je faisais ou ce que je donnais , mais pour ce que j'étais ... quel cadeau ! je les remercie pour cette révélation qui était loin de mon expérience d'alors et je remercie la vie de m'avoir donné l'occasion d'ouvrir un espace inconnu jusque là ...
Bien vu Vince et merci.
Merci Gandha, tu as tant raison !
Effectivement c'est lorsqu'un un corps est abimé par un accident ou vieilli par le temps, que le lacher prise et l'abandon de notre mental pour se rendre dépendant aux soignants, à la famille, au conjoint, se fait inexorablement mais le plus souvent douloureusement en institutions...
Penser humanitude, être dans cette philosophie de soins, comprendre la vieillesse, découvrir et affirmer les capacités des hommes vieux pour leur offrir une fin de vie digne, dans le respect et la tendresse, est un pari bien difficile à relever encore...
Les hommes vieux et devenus vulnérables sont aussi des hommes à respecter, à aimer ; ce n'est qu'au prix d'une humanitude et d'un savoir être des soignants (mais aussi de l'entourage), que les personnes agées trouveront cette liberté, cette joie, de se laisser porter par la force de vie, puisqu'elles se sentiront entendues dans leurs corps, dans leurs coeurs et dans leurs âmes.
Marie de Hennezel est une pointure dans l'écriture de ces techniques de prise en charge globale ; elle nous fait rêver, conforte notre idéalisme relationnel dans le soin...
Si la réalité institutionnelle reste décevante encore, osons espérer que cela va se développer de plus en plus et être réellement entendu et défendu sur le terrain.....
Accompagnatrice de personnes âgées, je fais aussi l'expérience de personnes qui, en plus de la vieillesse, de l'handicap, sont également "démentes". Un autre plan, que nous (relativement) "sains d'esprit" (comme on dit), ne pouvons absolument pas appréhender. Toutes les tentatives pour essayer "d'expliquer" ne sont souvent, à mon humble avis, que des projections de notre mental, de nos propres peurs.
Avec ces êtres, seul le coeur peut encore créer ou maintenir un lien.
Je confirme ce que dit Ghanda.Moi,aussi à l'äge de 37 ans,j'ai eu un grave accident qui m'a bien secoué;il y a eu un mélange de refus et d'ouverture.
Merci de ce beau texte et commentaires.
Martine,je suis d'accord avec toi concernant la réalité des institutions notamment des maisons de retraite, où le personnel est souvent surchargé et pas du tout formé à une relation pleine d'empathie. En disant cela je pense à la fin de vie de ma grand-mère.Et pour beaucoup,les visites se font rare... "Offrir une fin de vie digne, dans le respect et la tendresse" relève actuellement de l'idéal.
Anne-Christine
Merci beaucoup Corinne, je serais contente lorsque tu en parlera, cela m'aidera à me réconcilier avec une partie de ma vie
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