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Le troisième roman de Gouzel Iakhina. Comme pour les deux précédents il y a au départ un fait historique bien documenté et scrupuleusement étudié par l'auteur : lors de la terrible famine des années 20 en URSS, des convois d'enfants ont été envoyés de Moscou exsangue vers Samarcande qui apparaissait comme un paradis de blé et de raisins. Ces enfants squelettiques, orphelins ou abandonnés par leurs parents formaient parfois de vrais gangs de rue. Ils ont été rassemblés dans des orphelinats puis convoyés au Sud. C'est sur cette trame réelle que Gouzel Iakhina construit son récit. Un train, 500 enfants de 2 à 12 ans, quelques nurses anciennement bibliothécaire, femme de pope, universitaire ou paysanne, un cuisinier, un vieux colosse infirmier sage, une commissaire à l'enfance droite dans ses bottes et Deïev, le chef de convoi qui va mettre toute son énergie, son désespoir et sa rage à sauver les enfants.Les personnages d'ombres et de lumière, capables du pire et du meilleur, nous surprennent et nous émeuvent. Les enfants sont magnifiquement présents. Ils ont vu et fait des horreurs parfois, ils espèrent quand ils ont encore un peu de force, ils ont faim de nourriture mais autant de caresses et d'attention. Ils savent ce qui est juste. Il y a toujours cette caractéristique de Iakhina et qui me touche profondément : la proximité de la douleur et la douceur, de l'effroi et de l'espérance, de l'insupportable et du sublime. Et cet élan de l'audace qu'incarne Deïev, ce courage insensé né de sa volonté de se racheter, qui le fait parier sur la vérité et la bonté humaine... et ça marche !
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