lundi 9 août 2010

Et après ?

.

"On raconte une vieille histoire à propos de Wavoka,l'indien Ute. Un agent du gouvernement l'aborda :
"Wavoka, tu es un indien très intelligent,lui dit-il. Tu pourrais user de ton influence auprès des indiens de la région, pour qu'ils puissent s'intégrer dans la société des blancs."
Wavoka lui demanda quel était son plan. "La première chose qu'ils doivent apprendre, dit l'agent du gouvernement, c'est à respecter les horaires. S'ils ont un travail en ville, il faut qu'ils arrivent à l'heure à l'arrêt du bus. Sinon, ils seront en retard au travail."
"Et après?" demanda Wavoka. L'homme continua :"Eh bien, ils vont en ville, et ils vont au travail. Et ils travaillent selon les horaires. Ils n'essaient pas de s'en aller quand ils sont fatigués, ou bien de s'asseoir et de se reposer. Ils travaillent sans s'arrêter jusqu'au soir, jusqu'au moment où le bus revient les chercher."
"Et après?" demanda Wavoka.
L'agent du gouvernement, bien lancé maintenant, répondit : "En travaillant régulièrement, ils commencent à gagner de l'argent. Ils peuvent faire des économies et les placer à la banque. A la longue, ils pourront se construire une maison et acheter une voiture. Ils n'auront plus à dépendre du bus."
"Et après?" répéta Wavoka. S'ils continuent à travailler, ils auront droit à des vacances, ils pourront prendre deux ou trois semaines par an. Ils pourront aller séjourner dans des endroits sauvages, pêcher et chasser .
"Wavoka rétorqua : "C'est ce que nous faisons tout le temps actuellement."

(José Hobday; Le livre de la simplicité; La table ronde) Un partage de Geppeto

.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et après quand ils auront assez d'argent ils pourront s'offrir un Ipad voire même deux !

gjm

Anonyme a dit…

L'histoire de Wavoka est chouette, mais elle me met directement en contact avec l'histoire du marchand de pilules perfectionnées du petit prince de Saint-Ex (chapitre XXIII : "Bonjour", dit le petit prince. "Bonjour" dit le marchand. C'était un marchand de pilules perfectionnées qui apaisent la soif. On en avale une par semaine et l'on n'éprouve plus le besoin de boire. "Pourquoi vends-tu ça ?" dit le petit prince. "C'est une grosse économie de temps", dit le marchand. "Les experts ont fait des calculs. On épargne cinquante-trois minutes par semaine." "Et que fait-on de ces cinquante-trois minutes ?" "On en fait ce que l'on veut..." "Moi, se dit le petit prince, si j'avais cinquante-trois minutes à dépenser, je marcherais tout doucement vers une fontaine..."