Un livre passionnant que je viens de dévorer…Sylvain Tesson sur les traces entre autre de Slavomir Rawicz qui publia en 1956 le récit de son évasion d'un camp et sa traversée avec 7 autres compagnons jusqu'en Inde. Certains ont dit qu'il était impossible que ce dont il a témoigné soit vrai...
Il faut aimer les récits de voyage, l’évocation des paysages immenses, la litanie des noms de lieux magiques, le compte rendu du quotidien qui dit ou laisse deviner en creux, le dialogue avec soi et l’émerveillement devant le monde. Celui-ci est écrit par un vrai voyageur qui a des talents d'écrivain certains.
De quoi s’agit-il ?
« Pendant huit mois, Sylvain Tesson a refait le long voyage de la Sibérie au golfe du Bengale qu'effectuaient naguère les évadés du goulag. Pour rendre hommage à ceux dont la soif de liberté a triomphé des obstacles les plus grands, seul, il a franchi les taïgas, la steppe mongole, le désert de Gobi, les Hauts Plateaux tibétains, la chaîne himalayenne, la forêt humide jusqu'à la montagne de Darjeeling. À pied, à cheval, à vélo, sur six mille kilomètres, il a connu ce qu'il a cherché de plein gré: le froid, la faim, la solitude extrême. La splendeur de la haute Asie l'a récompensé, comme les mots d'une très ancienne déportée heureuse de se confier à lui: "On a le droit de se souvenir. " »
Un extrait :
« Je n’ai pas l’âme d’une fouine ni l’esprit d’un limier, je ne suis pas parti pour mener l’enquête, ni pour reconstituer à l’identique et "in situ" le cheminement d’un bagnard en fuite. Comment pourrais-je d’ailleurs prétendre revivre les conditions d’existence de l’époque, aujourd’hui que le Tcheka et le NKVD ne sont plus qu’un mauvais rêve ? Ce que je veux, c’est arpenter les sentiers d’évasion qui sont des chemins de splendeur pour rendre hommage à tous les arpenteurs de steppes, les bouffeurs d’horizon, les défricheurs d’espace et les porteurs de souffle qui savent que "s’arrêter c’est mourir." En outre, cet itinéraire me fascine parce qu’il est en rupture avec la direction traditionnelle des mouvements humains dans cette région du monde. Les hordes nomades de la haute Asie se sont en effet déplacées d’est en ouest ou dans le sens inverse, au long des âges, sans quitter les bandes bioclimatiques latitudinales, auxquelles elles étaient adaptées : taïga pour les chasseurs de Sibérie, steppes pour les peuples cavaliers, relief de l’Altaï pour les nomades montagnards. Les marchands de la soie, les aventuriers, les grands conquérants d’Alexandre à Gengis puis les petits de Napoléon à Hitler ont suivi le sens de cette oscillation. Au cœur de l’Eurasie le balancier de l’Histoire a toujours battu du levant vers le couchant ou du couchant vers le levant. Avec une exception : quand une horde affamée voulait razzier une oasis, alors le raid s’effectuait du nord au sud ( car les nomades prédateurs peuplaient les latitudes septentrionales alors que les oasis étaient disséminées dans les latitudes plus méridionales ) et les loups fondaient sur les jardiniers sédentaires et dessinaient à la surface de l’Eurasie des itinéraires non conformes aux tracés habituels. Il n’y a que le loup, créature en marge du monde, pour ne pas marcher dans la direction ordinaire. Les évadés, qui sont aussi un genre de bête traquée, ont eux aussi emprunté cet axe conduisant du septentrion de l’Eurasie jusqu’aux versants de l’Himalaya, « l’axe du loup »… »
Il faut aimer les récits de voyage, l’évocation des paysages immenses, la litanie des noms de lieux magiques, le compte rendu du quotidien qui dit ou laisse deviner en creux, le dialogue avec soi et l’émerveillement devant le monde. Celui-ci est écrit par un vrai voyageur qui a des talents d'écrivain certains.
De quoi s’agit-il ?
« Pendant huit mois, Sylvain Tesson a refait le long voyage de la Sibérie au golfe du Bengale qu'effectuaient naguère les évadés du goulag. Pour rendre hommage à ceux dont la soif de liberté a triomphé des obstacles les plus grands, seul, il a franchi les taïgas, la steppe mongole, le désert de Gobi, les Hauts Plateaux tibétains, la chaîne himalayenne, la forêt humide jusqu'à la montagne de Darjeeling. À pied, à cheval, à vélo, sur six mille kilomètres, il a connu ce qu'il a cherché de plein gré: le froid, la faim, la solitude extrême. La splendeur de la haute Asie l'a récompensé, comme les mots d'une très ancienne déportée heureuse de se confier à lui: "On a le droit de se souvenir. " »
Un extrait :
« Je n’ai pas l’âme d’une fouine ni l’esprit d’un limier, je ne suis pas parti pour mener l’enquête, ni pour reconstituer à l’identique et "in situ" le cheminement d’un bagnard en fuite. Comment pourrais-je d’ailleurs prétendre revivre les conditions d’existence de l’époque, aujourd’hui que le Tcheka et le NKVD ne sont plus qu’un mauvais rêve ? Ce que je veux, c’est arpenter les sentiers d’évasion qui sont des chemins de splendeur pour rendre hommage à tous les arpenteurs de steppes, les bouffeurs d’horizon, les défricheurs d’espace et les porteurs de souffle qui savent que "s’arrêter c’est mourir." En outre, cet itinéraire me fascine parce qu’il est en rupture avec la direction traditionnelle des mouvements humains dans cette région du monde. Les hordes nomades de la haute Asie se sont en effet déplacées d’est en ouest ou dans le sens inverse, au long des âges, sans quitter les bandes bioclimatiques latitudinales, auxquelles elles étaient adaptées : taïga pour les chasseurs de Sibérie, steppes pour les peuples cavaliers, relief de l’Altaï pour les nomades montagnards. Les marchands de la soie, les aventuriers, les grands conquérants d’Alexandre à Gengis puis les petits de Napoléon à Hitler ont suivi le sens de cette oscillation. Au cœur de l’Eurasie le balancier de l’Histoire a toujours battu du levant vers le couchant ou du couchant vers le levant. Avec une exception : quand une horde affamée voulait razzier une oasis, alors le raid s’effectuait du nord au sud ( car les nomades prédateurs peuplaient les latitudes septentrionales alors que les oasis étaient disséminées dans les latitudes plus méridionales ) et les loups fondaient sur les jardiniers sédentaires et dessinaient à la surface de l’Eurasie des itinéraires non conformes aux tracés habituels. Il n’y a que le loup, créature en marge du monde, pour ne pas marcher dans la direction ordinaire. Les évadés, qui sont aussi un genre de bête traquée, ont eux aussi emprunté cet axe conduisant du septentrion de l’Eurasie jusqu’aux versants de l’Himalaya, « l’axe du loup »… »
L’axe du loup
Sylvain Tesson
Ed Pocket p 22-23
Sylvain Tesson
Ed Pocket p 22-23
5 commentaires:
Ca donne envie !
Merci Corinne
Karl
Ahlala j'ai souhaité etre comme ça longtemps.
Pensez-vous qu'il est encore temps?
Ou que je sois appelé à un autre destin?
Sylvain Tesson a un tour du monde en vélo en poche, la traversée de l'Himalaya d'est en ouest (5000 km), avec son copain Alexandre Poussin... Autant dire que c'est inscrit dans leurs gènes. A toi de sentir Dimitri si tu peux tenter un truc à ta portée. Ce n'est pas une question de temps!
L'important n'est pas d'imiter mais de suivre son propre chemin dit A.D
Il ne faut pas imiter,il faut être debarassé du temps et de l'espace.c'est pour ça que peleriner est si bien.
-Motel c'est le pseudonyme de Tokyo Hotel !
Quelle surprise,ils connaissent Ipapy's blog.
Enregistrer un commentaire