jeudi 24 octobre 2019

Veillée pour le climat...


.


Texte lu sur le Pont Neuf 
Shâlôm à toutes et à tous ; que la paix, la miséricorde du Seigneur et Sa bénédiction soient avec vous.
Je ne peux pas être des vôtres à l’occasion de la « Veillée pour le Climat » de ce lundi 23 septembre, à l’instigation des Chrétiens Unis pour la Terre. Je souhaite cependant soutenir cette initiative importante par ces quelques mots d’encouragement accompagnés d’une prière :
L’urgence climatique doit tous nous interpeler par-delà nos différences religieuses, nationales, culturelles, politiques et idéologiques. Cela participe de notre immense responsabilité ici-bas en tant qu’être humain vis-à-vis de la création.
Ceci est évoquée dans la Mishna (Sanhédrîn IV:5) : « Chacun doit se dire bishvîlî nivrâ hâ-‘ôlâm (le monde a été créé pour moi). » Ce n’est pas pour venir autoriser le pillage du monde, au contraire, c’est pour nous rendre responsable de celui-ci. C’est mon monde. Je suis concerné par celui-ci et j’en ai la responsabilité. À moi de faire tout pour le conserver et pour l’améliorer. Et commençons déjà par ce qui est possible à notre petit niveau.
En hébreu, le mot Èlôhîm – qui signifie Dieu – possède la même valeur numérique (86) que le mot haṭ-Ṭèva‘ – qui signifie la Nature. Respecter Dieu c’est donc respecter la nature.
L’argument financier est souvent invoqué pour justifier l’absence de décisions drastiques en faveur de l’écologie. Or, une convention ne saurait être plus importante qu’une réalité – c’est-à-dire que la logique inhumaine de notre système économique ultra-capitaliste ne devrait pas nous empêcher d’agir sur la tragédie écologique et climatique que ce système a lui-même créée.
Il y a suffisamment de richesses – et les moyens de les partager – dans ce village global qu’est devenu la Terre, afin que tous sans exception aient accès à l’eau, à la nourriture, au logement, à l’éducation, à la santé et à la sécurité – dans le respect de la nature et de l’environnement. Il suffit d’un peu plus de fraternité et de justice.
Il n’est pas encore trop tard pour nous transformer, mais le kairos du non-retour est imminent. Notre course aveugle vers l’autodestruction – où les ressources planétaires sont allègrement gaspillées, les biotopes jovialement empoisonnés, les espèces gaiement exterminées, la nature joyeusement détruite et le climat facétieusement bouleversé – peut être freinée. La direction que prendra notre avenir dépend de nous maintenant. Nous sommes responsables collectivement de ce qui nous arrivera.
Il est temps de passer au paradigme supérieur, de vivre enfin au niveau digne de notre nature divine. Ne sommes-nous pas tous créés « à [Son] image, selon [Sa] ressemblance » (Deutéronome I:26) ? Lorsque la masse critique de ceux qui s’engagent sera atteinte, le modèle dominant changera. Tel un « effet Gulliver » alternatif, où les petits, du fait de leur nombre, font chuter les géants – où le système hégémonique politico-financier planétaire choit grâce à la multiplication de micro-initiatives locales autonomes.
Ce monde meilleur, cette société globale apaisée et libérée – correspondant au paradigme messianique, au paradis ici-bas annoncé dans nos Saintes Écritures –, nous a été promis par les Prophètes. Espérons qu’il arrive vite (et sans heurts) ! Que s’accomplisse en nous ici-bas le verset (Psaumes 133:1) : « Qu’il est bon et qu’il est agréable le séjour des frères ensemble (hinné maṭ-ṭôv wuman-nâ‘îm shèvet aḥîm gam yâḥad). » Que Dieu vous bénisse. Âmén.
Rabbin Gabriel HAGAÏ

Le Rabin Gabriel Hagaï est très engagé dans le dialogue judéo-musulman
Merci Jean-Pierre.
.

1 commentaire:

Sylvie P. a dit…

Merci beaucoup, Corinne !
Cette image des petits issue de Gulliver me redonne espoir pour que ce nouveau paradigme se mette en place à temps...