mercredi 19 février 2025

L'expérience du dehors

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Le dernier séjour dans le désert est encore très présent. Le temps très doux nous a permis de dormir toutes les nuits dehors, veillés par la lune, pleine dès le troisième soir. 

J'ai pu goûter l'expérience assez rare finalement de vivre dehors, sans toit ni murs, sans rien qui arrête le regard jusqu'à l'horizon... et dans le désert de dunes l'horizon est loin, à 360 degrés, il est une zone nette ou floue aux confins du sable et du ciel. Pas une limite, juste une escale du regard.

J'ai d'abord relié l'impression d'expansion à la joie d'être dans ces paysages vaste que j'aime tant. Mais la sensation de vastitude n'a fait que grandir et  tout à coup c'était évident : elle était intimement liée à l'absence de murs et de toit, à l'absence de contenant. Sans même s'en rendre compte, le moi vit le corps comme un contenant, "un petit sac de peau" dirait Douglas, et les murs de nos maisons sont comme une enveloppe un peu plus extérieure; Le contenant suivant, comme dans les poupées russes. Et voilà que tout à coup, il n'y a plus de maison ou de tente pour envelopper le corps. Et je ne le vis pas comme une absence de protection mais comme une ouverture, une porosité au vent et à l'espace, une invitation à vivre vaste, une liberté nouvelle.

Les paysages de reg, plats et ouverts à l'infini des deux derniers jours ont été comme une apothéose.

Marcher le jour dans le rien, le corps délié par les efforts des jours précédents, le coeur simple, vêtus de vent et de lumière, immobiles et lancés vers une ligne incertaine entre un sol  abstrait et le ciel en fuite. Dormir la nuit, sous la clarté sourde de la lune, couvés par son oeil sombre. Chaque réveil est un rappel silencieux de l'autre moitié du monde dont elle reflète la lumière. Elle s'éloigne, s'amenuise, écho du mouvement des planètes devenu perceptible : instinctivement mon oeil la retrouve.

Vivre dehors, c'est vivre hors limites et à sa juste place, dans la rotation de la terre, l'alternance du jour et de la nuit. C'est se souvenir enfin que nous sommes pris dans le mouvement du monde. Ni grands, ni petits dans le vaste univers. Simplement UN avec Lui.


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5 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Corinne
Catherine De

Anonyme a dit…

Beau témoignage de sur la communion avec les éléments naturels er retour à l'immensité intérieure. Merci Corinne.
JP Gepetto

Anonyme a dit…

Merci Corinne, ça donne envie !!!
Karl

Anonyme a dit…

Très beau texte qui ouvre le cœur à l’infini. Merci Corinne !

Sylvie P. a dit…

Pranam !