jeudi 5 avril 2007

Un poête au sahara


Après le témoignage de notre ami Albert voici celui d'Isabelle notre petit lutin bleu. Merci Isabelle:

Défaire le paquetage… voilà qui prend bien moins de temps que de le boucler. Aussi, ai-je fait durer le plaisir.

Lentement, doucement, avec précaution, j'ai humé les restes de poussière et de sable accrochés à mes souliers. Alors j'ai vu, j'ai revu, j'ai revécu… Oui, j'ai revécu la mélodie des pierres qui racontent le temps hors du temps. Jonglant avec le ciel et la terre, les épousant, les caressant, les déchirant parfois, les traversant souvent, les pourfendant, les transcendant, elles chantent l'harmonie ici, et puis bientôt… le chaos. Car sans crier gare, elles passent de l'andante au staccato le plus endiablé, les pierres du désert. Elles surprennent, séduisent, ensorcellent ; elles n'ont nul besoin de parler pour envoûter à tout jamais.

Et soudain, au milieu d'elles, au milieu des pierres du désert, j'ai vu s'élever une silhouette. Majestueuse silhouette dont la noblesse de l'âme n'a d'égal que la perfection du geste : furtivement, je me suis glissée dans le sillage de notre guide Entayent. Et derrière lui, j'ai marché. Et derrière lui j'ai compris que marcher est une danse qui fête les épousailles de l'homme, de la terre, du ciel et du silence. Et derrière lui, derrière Entayent, j'ai vu que nous étions douze à comprendre que le chemin est une histoire d'amour.

Douze, douze cœurs qui battaient au même rythme. Douze cœurs qui cheminaient vers l'Essentiel. L'Essence-Ciel ! Douze cœurs qui communiaient dans le présent pour mieux se rappeler qu'au-delà de l'instant rien n'existe. Des frères et des sœurs qui se tenaient par le cœur.

Ah ! défaire le paquetage… voilà qui ne va pas sans risque.

Sueur froide soudain ! Sueur froide quand, tout à coup, j'ai réalisé que je l'avais laissée là-bas. Oui, là-bas, tout là-bas, au sommet de l'Assekrem ! Elle attend le lever du soleil. Elle attend le lever du soleil et, en attendant, elle parle avec Vénus. Frileuse sous les étoiles, patiente dans le vent cinglant, heureuse dans le froid mordant, elle attend le jour nouveau ; ce jour où, bientôt, je la retrouverai... mon âme.

En photo notre guide Intayent

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Waow again! inspirant, ce désert que vous avez vécu...merci Isabelle!

Anonyme a dit…

"Des frêres et des soeurs qui se tenaient par le coeur"...Que c'est fort!
Merci Isabelle

Anonyme a dit…

Quelle âme as-tu laissée ?
Pas celle du poète en toi qui nous emmène sans bouger vers la magie du désert.
Après le témoignage d'hier, la barre est haute.
Merci

Anonyme a dit…

Le désert nous décoiffe,nous désemcombre,nous décervelle,...
Merci ISA.

Anonyme a dit…

Merci Isabelle pour ton message. Il me va droit au coeur comme celui d'Albert ,hier. La manière de l'écrire rend présent à la fois l'essentiel de votre vécu de l'instant et l'essentiel de la présence de votre guide Assekrem. Et cet "essentiel"me ramène à mon propre "essentiel'.

Anonyme a dit…

Magnifique méditation:

Anonyme a dit…

Trop fort Isabelle. Merci.
Michelle

Anonyme a dit…

merci Isabelle pour ce temoignage,si l'assekrem est un revelateur de presence,la presence est peut etre toujours là....
Alain et corine,a quand les préinscriptions pour le prochain voyage?

Anonyme a dit…

Bravo pour marcheuse poètesse dans l'ombre de l'Assekrem... N'entendre que le bruit furtif du vent... dormir à la belle étoile sur une langue de sable... suivre longuement la Croix du Sud... Nostalgie éternelle : http://www.chez.com/dubost/sahara%20maudu%20WEB.htm