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Un petit livre écrit par une âme tourmentée.
On y trouve des fulgurances, des pages magiques
où les mots arrivent à faire sentir une atmosphère, un lieu, une rencontre...
Voici un extrait :
"Mais il y a encore un village au milieu des tours rongées et des caravansérails effondrés d'une ville jadis florissante, désertée par ses habitants à cause du manque d'eau. Il reste un dernier canal, sale, miteux, profondément creusé dans la terre dure - il fait vivre le village. Des Tadjiks à barbe noire, leurs femmes en jupe rouge, leurs enfants. Ils logent dans des maisons en terre au toit en forme de dôme, derrière des murs qui se fissurent déjà et tombent en ruine ; ils possèdent un âne, un cheval, des moutons aussi, et le soir je vois des chameaux venir du désert et tourner dans la ruelle qui semble trop étroite pour leur démarche branlante. Les champs qui entourent le village ont été arrachés au désert ; il faut les inonder pour espérer pouvoir labourer tant bien que mal leur surface dure comme de la pierre. Et qu'est-ce qui peut bien pousser ici ? Juste de quoi faire un peu de pain, quelques melons, une poignée de paille. Dans ce village, pas d'échoppe, pas de boulanger, pas de chanteur, et le soir pas de lueur de samovar. Les Tadjiks vivent à proximité du désert, comme dans un face-à-face avec la mort et notre inanité - dépourvus de désir et d'ambition, victimes, l'été, de la sécheresse et de la canicule et, durant le long hiver, des vents des steppes glacials et saturés de poussière - dans l'impossibilité absolue de se protéger."P 117
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