mercredi 7 janvier 2015

La dernière marche ou la compassion

.



Le magnifique travail des Constellations du début du mois de décembre à Valence a été peut-être plus que les fois précédentes une intense expérimentation de ce que peut être la compassion. Tant de souffrance chez victimes et bourreaux, et au delà de la violence des actes et de leurs conséquences, la possibilité de l'amour. Pas du pardon qui relève encore de l'arrogance du moi mais de l'amour qui ne peut venir que de plus grand que nous . Cela m'a rappelé La dernière marche le film de Tim Robbins (1995 ) que j'ai revu il y a peu de temps.
À la Nouvelle Orléans, Soeur Helen Prejean religieuse devient la conseillère spirituelle de Matthew Poncelet condamné à mort pour viol et meurtre.
Il y a dans ce très beau film deux passages d'une immense portée.
Lorsque la religieuse incarnée par Susan Sarandon arrive enfin à délivrer Matthew Poncelet – Sean Penn – de son secret et à lui faire dire exactement ce qu'il a fait , elle lui demande s'il accepte la responsabilité de ses actes. Il peut répondre oui, et même ajouter qu'il a prié pour les victimes.
«  Votre acte était une abomination, mais vous avez retrouvé la dignité et personne ne peut vous l'enlever. Tu es le fils de Dieu Matthew Poncelet ».
Jamais elle n'a cherché à atténuer les faits et si elle veut la vérité c'est parce que la rédemption ne peut venir que de la vérité. «  Vous savez la vérité et la vérité vous a libéré. »
Elle n'évoque pas le pardon de Dieu, encore moins celui des hommes, elle cherche le cœur derrière le « monstre » et affirme avec force la distinction entre les manifestations de l'être, paroles, actes, et l'être lui-même.
Le deuxième passage se situe juste avant la mort de Matthew. Comme d'autres personnes elle assistera à l'injection létale. Elle demande au condamné au moment ultime de la regarder. «  Je veux que la dernière chose que vous voyiez dans ce monde soit un visage d'amour. Regardez-moi, je porterai le visage de l'amour pour vous. »
Cet amour, elle le porte, elle l'incarne mais il ne vient pas d'elle. C'est cela la vraie compassion.

.


3 commentaires:

Christian a dit…

un grand film d'amour, effectivement !

Anonyme a dit…

Merci Corinne

Nous l'avons "analysé" en ciné-spi à Annecy avec le père Michel T. et la cinéphile Régine R., magnifique.
Hier soirée salésienne. Question posée : que fait d'abord Dieu ? Réponse de François de Sales : dès que Dieu est, il t'aime ... et il n'a ni début ni fin. La question pêcheur, pas pêcheur ... vient après.
gjm

Anonyme a dit…

Touchant, j'ai vu le film et j'ai pleuré.
il me semblerait plus précis de faire la distinction entre les manifestations du "Mental", paroles, actes, et l'être lui-même...
JP gepetto