mardi 21 avril 2020

La Voie du guerrier


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Il y a quatre ans le cancer et son arrivée brutale m'a rappelé  dans la douleur une évidence à méditer pour toute personne engagée sur une voie spirituelle, quelle qu'en soit la forme : l'Essentiel réside dans la pratique, maintenant. Jusque-là tout le monde est d'accord. Mais le secret de la pratique réside dans l'engagement et dans l'intensité de cette fameuse pratique. Dit autrement, de manière familière, il existe  une pratique "plan-plan", tiède, cool, peu exigeante, une pratique de "train-train" dont le mental arrive à nous persuader que c'est bien suffisant. La vraie pratique est toute autre. C'est celle où je joue ma peau,  celle qui s'impose quand l'incertitude et la mort rôdent, la pratique du guerrier sur le champ de bataille, "férir ou périr" selon l'expression du Moyen-âge. Le paradoxe est que cette pratique intense est une pratique de non action, d'abandon, de lâcher-prise, de détente, de simplicité, d'innocence, d'émerveillement et de Joie. Or nous associons généralement l'intensité du guerrier à l'action, l'affirmation, la tension, la volonté, l'héroïsme et le drame. 
Nous sommes dans une situation où l'incertitude et la mort rôdent, nous sommes donc dans une situation favorable à l'expérience de ce paradoxe. Nous sommes dans la meilleure situation pour une pratique intense et détendue,  une pratique connectée à l'Essentiel, une pratique joyeuse.
Nous sommes dans une situation - différente pour chacun  - qui est réellement favorable pour faire de notre quotidien un Ashram.
Nous vous avons proposé deux rendez-vous quotidien, c'est un bon début.
Christiane Singer a écrit il y a presque trente ans:
"Le défi de notre époque n'est ni un défi économique, ni un défi politique, ni un défi scientifique, c'est un défi d'ordre à la fois psychique et mystique. Si dans ce monde où elle menace de disparaître, nous ne réveillons pas en nous la dimension d'éternité, de contemplation, d'accueil, la dimension féminine et sacrée. Si nous ne créons pas ces enclaves de silence où la frénésie se trouve suspendue, nous aurons oublié nos vocations d'hommes et de femmes"
Imprégnons nos quotidiens d'Essentiel.
Ne manquez pas nos rendez-vous quotidiens. Courage. Confiance.
Alain et Corinne

18 commentaires:

M-Jose a dit…

M E R C I
M E R C I
M E R C I

denys a dit…

Intense et detendue, la pratique:un vrai koan, ce rappel, merci

Anonyme a dit…

Merci de tout coeur, cher Alain. Votre message me touche d'autant plus que, traversant depuis peu une épreuve de nature semblable j'ai commencé ma première chimiothérapie ... hier matin!

Deux pensées sont mes guides quotidiens; cette première d'Arnaud "soyez le disciple de chaque situation". Et celle de Swamiji "tout ce qui vous arrive vient à vous comme un défi et une opportunité". Quelles sources de réflexion et de méditation. Donc encore mille mercis pour la vôtre qui s'ajoute aux deux autres et qui tombe à pic en mon coeur.
Gratitudes

Francois

Anonyme a dit…

Merci Alain et Corinne pour ce rappel bienvenu...

Laurence a dit…

Merci Alain et Corinne pour votre accompagnement quotidien de notre pratique par l'intermédiaire du blog et en plus pendant le confinement par les 2 RV quotidiens.

Anonyme a dit…

Un grand merci à tous les 2 !
Karl

sabine a dit…

Gratitude... ❤️

Marie Aléa a dit…

merci Alain pour ce rappel d'autant plus touchant avec ce que tu traverses, j'avais été touchée par André Rochette quant à ses propos sur la détente dans son livre, et voilà que tu nous parles toi aussi de cette détente qui fait partie de la voie, un grand merci !

Stéphane a dit…

Merci .

Sandrine a dit…

Merci de citer Christiane Singer, car voilà une femme qui ne se porte pas juge de comment on doit vivre ou mourir (ou pratiquer), ayant bien observé que chacun fait sa route exactement comme la vie, et elle seule, le veut, et pas comme une idéologie, la plus louable soit-elle, semblerait devoir l'indiquer :

"Quand je regarde mon passé, je suis frappée par la rigueur avec laquelle une idéologie après l'autre m'a été ôtée. Même les plus modestes. Chaque fois que j'ébauche un simulacre de théorie, la vie d'un coup d'éventail me la fait tomber des mains. Un seul exemple : ma dernière "vache sacrée". Après des années de Leibtherapie, elle avait nom : lâcher-prise. Elle m'apparaissait comme une prescription inébranlable, un dogme doux, ce qui reste quand on croit s'être allégé de tout le reste. Pendant toutes les semaines qui précédèrent la mort de mon père, je n'avais au coeur qu'une prière : celle de le voir relâcher sa tenue qui m'apparaissait une tension, sa discipline de chaque instant, s'abandonner devant l'approche de la mort, oui : lâcher-prise!

Avoir songé à suggérer à ce père bien-aimé comment il avait à mourir me paraît aujourd'hui d'une indicible arrogance. A un homme qui traversa ce siècle de fer et d'enfer de part en part, et qui venait d'une époque où on mourait encore de sa propre mort, on ne suggère pas comment il sied de mourir! Aussi à l'instant de rendre son dernier souffle, il tenta de se redresser et de se mettre debout. J'ai découvert plus tard à la lecture de Friedrich Weinreb, que certains zaddiks demandaient à l'instant de mourir d'être mis debout, et j'en reçois après coup le message. "Tu ne sais pas à quel point tu ne sais pas ce que tu ne sais pas" (Rabbi Naman). L'humour de mon père était délicieux. La pensée que de l'autre versant du monde il puisse sourire de cette dernière leçon à sa fille éclaire quelque peu ma consternation.

La vie nous casse nos idéologies au fur et à mesure de notre avancée, les bonnes comme les mauvaises.
La vie n'a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire.
Et si elle n'a pas de sens, c'est qu'elle va dans tous les sens et déborde de sens, inonde tout.
Elle fait mal aussi longtemps qu'on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre.
Si elle n'a pas de sens, c'est qu'elle est sens.

Oui mais comment retrouver son chemin dans ce dédale? Comment s'y retrouver?
Un bon début consiste à abandonner l'espoir même de trouver une clé à l'énigme, mieux encore de quitter la peur de s'égarer.
"Jamais la forêt ne se perd", dit le plus beau des koans. "

Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi? Christiane Singer (éd. Poche, p.42-43)

Anonyme a dit…

Gratitude
Guy bxl

christiane a dit…

Merci pour ce rappel ...! il y a quelque relâche le matin ..!

fishfish a dit…

Longue à vie à papy

CLO a dit…

profondément touchée .Merci Alain

julien a dit…

Bonjour tout le monde,
je me sens reconnaissant d'avoir accès à ce blog en soutient et en lien pour cheminer ensemble.... Sandrine, ton partage me fait du bien

amitiés,

Brigitte E. a dit…

Merci à vous Alain et Corinne
Quel soutien de vous savoir présents et de sentir les liens qui unissent ceux qui partagent votre blog
amitiés
Brigitte

Danielle a dit…

Cher Alain, chère Corinne

Quel cadeau ces liens avec vous!
Merci de nous relier aussi à Christiane Singer, je viens de relire très lentement " Du bon usage des crises" et
"Où cours tu ne sais tu pas que le ciel est en toi?" Par moments il m'arrive de l'oublier.

Gratitude et tendresse.
Danielle

RIBATTO MarieOdile a dit…

De tout coeur. Merci