" Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu'on a trouvé encore de mieux, à défaut de maître, quand on n'en a pas à portée de main, pour entrer dans l'autre dimension. Dans notre société, toute l'ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. (...)
Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n'y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons emmurés, avec tout l'arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être."
" Le problème est que, de nos jours en particulier, nous avons cette idée qu'une vie réussie est une vie où tous nos désirs mondains seraient satisfaits et où nous aurions le plus de stimulations et de plaisirs physiques et émotionnels possible. C'est ce que l'on entend par une bonne vie. Et c'est faux !
Nous sommes sur terre pour apprendre.Nous sommes ici pour grandir. Le Bouddha dit des gens ordinaires comme nous qu'ils sont comme des enfants, dans l'infantilisme. Et le tout, sur le chemin spirituel, c'est de grandir et de devenir adulte. Pas de rester infantile.
Les petits enfants, quand tout va comme ils veulent : Content, content !! Smiley, smiley !!... À la minute où les choses tournent mal, ils ne savent pas comment s'y prendre avec leurs émotions. Ils crient, ils hurlent, comme si on les prenait avec les pinces chauffées à blanc alors que c'est juste qu'ils ont fait tomber leur bonbon par terre. Ils ne peuvent rien contenir, ni leurs protestations, ni leur bonheur, ni leur colère. Leurs émotions sont toute nues.
Et notre tragédie, c'est que nous grandissons mais que, à l'intérieur, nous avons toujours 4 ans... émotionnellement ! Alors nous recouvrons tout ça. Le mot "personne" d'où vient le mot personnalité, comme l'idée d'une personne humaine, désigne au départ un masque. C'est le masque qui était utilisé au théâtre dans la Grèce antique et à Rome. Les acteurs ne montraient pas leur visage et portaient de grands masques qui représentaient le personnage qu'ils jouaient. C'était donc le masque derrière lequel l'acteur se cachait. Et c'est cela notre personnalité. Nous projetons tous une personnalité à laquelle nous voulons que les autres croient et à laquelle nous finissons par croire nous-mêmes, ce qui est notre grande tragédie. Cependant, à l'intérieur, quelle que soit la sophistication de notre apparence, à l'intérieur, il y a ce petit enfant.
Nous devons donc grandir et aller à l'école. Et l'école, c'est notre existence. La vie nous offre des leçons, tout le temps. Que nous apprenions ces leçons ou pas, que nous ayons à redoubler ou pas, cela dépend entièrement de nous.
Et vous feriez mieux d'apprendre où vous êtes, maintenant, avec ce que vous êtes, maintenant. Votre famille est un merveilleux terrain pour la pratique. Votre lieu de travail, vos collègues, vos amis, vos activités. De toutes les personnes que nous connaissons, d'absolument tout, nous pouvons apprendre.
Vous savez, juste penser aux autres. Chacune des personnes que vous rencontrez, au moment où vous la rencontrez est la personne la plus importante au monde parce que c'est la personne avec laquelle vous êtes.
Sa Sainteté le Dalaï Lama est magnifique pour ça. Tous ceux qui le rencontrent, ne serait-ce qu'une seconde, sont transformés car ils savent, qu'au moment de la rencontre, il est complètement, uniquement, en train de les regarder, eux. Quand il leur prend la main et les regarde dans les yeux, ils savent qu'à ce moment précis, même si c'est juste un instant, il n'y a qu'eux qui existent pour lui. Il les regarde avec bonté. Sans aucun jugement, en voyant la personne, pas le masque. Alors vous voyez des politiciens ou des hommes d'église qui se tortillent, très embarrassés... parce que Sa Sainteté n'est pas en relation avec eux en tant que Cardinal Machin ou Président Truc. Il regarde la personne derrière tout ça. Avec amour et compassion. Dans une acceptation et une ouverture totales.
Chacun d'entre nous peut faire ça, vous savez. Quand nous rencontrons une personne, notre première pensée devrait être : " Puisse-t-il ou elle être heureux". Peu importe qui est cette personne. " Puisse- t- il ou elle être heureux" Parce que tout le monde veut le bonheur et veut écarter le reste de son chemin.
Notre vie quotidienne, notre famille, nos enfants, nos relations, notre lieu de travail, nos collègues, nos amis, nos voisins, les gens que nous aimons, ceux avec qui nous avons des problèmes, tous, tous sont des aides sur le chemin. Chacun d'entre eux.
Chaque respiration est une pratique. Personne ne peut dire je n'ai pas le temps de pratiquer."
"Enfin, - et ce point est peut-être le plus important car il nous livre la clé du tantrisme en tant que méthode d'évolution personnelle et nous fait comprendre pourquoi il est possible d'utiliser toute activité comme une aide sur le chemin vers la Libération - c'est en chaque homme, l'union de l'Être, de l'Être pur, avec les fonctions. Il n'y a pas de contradiction ou de différence irréductible entre cette pure Conscience infinie et les fonctions, l'effervescence des pensées, l'agitation du corps, le désir sexuel. Il n'y a pas deux ( deux plans, deux niveaux, deux mondes) mais un, deux qui ne font qu'un."
Ce livre déjà ancien associe et met en miroir des miniatures des XVI ème, XVII ème et XVIII ème siècle et des photos prises par Roland et Sabrina Michaud au cours de leurs nombreux voyages en Inde dans la deuxième moitié du XX ème siècle. Un régal...
"Mais si la Grâce est omniprésente, si Elle ne vient à nous que de son propre chef et n'est régie par aucune loi ni condition, quel est donc dans la vie spirituelle le rôle de la Sadhana ? Pourquoi pratiquerions nous la Sadhana ? Voici le secret : la Sadhana est entreprise afin de nous rendre conscients que nous ne pouvons atteindre Dieu seulement par la Sadhana. Tant que notre ego persiste, nous ne pouvons pas Le voir. Lorsque nous avons compris que nous sommes totalement impuissants, malgré tous nos efforts pour parvenir à Dieu, notre sens de l'ego est écrasé, et nous nous jetons à Ses pieds."
Un magnifique roman, visiblement très inspiré de l'histoire personnelle de l'auteur.
Sur trois générations la vie d'une famille prise dans la relation de l'Algérie et de la France :
Ali, le grand père kabyle était à Monte Cassino en 1944, petit propriétaire d'oliviers, il a dû quitter sa terre en 1962 pour atterrir en France avec sa famille, camps de harkis pendant des années puis barres de cités HLM et petit boulot en usine dans l'Orne ; Hamid, son fils aîné, en révolte avec les "choix" de son père a "oublié" l'Algérie, marié à une normande, il travaille dans l'administration et essaie tant bien que mal de trouver sa place ; Naïma, une des quatre filles de Hamid sera la première à retourner en Algérie et à sortir enfin du silence et de la honte.
C'est bouleversant d'humanité, d'humour, d'amour pour chacune des personne de cette famille qui se débrouille avec l'histoire et ses conflits. Le quotidien comme les grands mouvements de l'histoire sont rendus une justesse qui mêle les odeurs, les accents, les paysages de kabylie, les rues de Paris, les bruits de la cité et de l'usine avec l'art de rendre le silence, les non-dits, la lente évolution intérieure de chacun.
Je ne pensais pas classer ce livre dans ma courte liste des "indispensables" mais à bien réfléchir, puisque que je le ressort très régulièrement, il mérite de figurer dans la liste. Voici la préface d'Alan Watts, vous allez comprendre mon intérêt pour "Le livre de la sagesse" 1966
"Ce livre a pour propos l'exploration d'un tabou puissant, quoique méconnu : la conspiration tacite qui nous conduit à ignorer qui nous sommes, ou ce que nous sommes en réalité. Notre thèse peut, en bref, se résumer ainsi : la conception que nous avons généralement de nous-mêmes, celle d'un moi séparé enfermé dans un sac de peau est une hallucination qui ne concorde ni avec la science occidentale ni avec les philosophies-religions expérimentales de l'Orient, et notamment avec celle qui est au centre et à l'origine de tout, la philosophie Védanta de l'hindouisme. Cette hallucination détermine le mauvais usage que nous faisons de la technologie, employée à subjuguer par la violence l'environnement naturel de l'homme et menant, par conséquent, à sa destruction future."
Le problème est que si ce petit livre, n'est pas déjà dans votre bibliothèque vous aurez du mal à vous le procurer. Essayez quand même ça vaut la peine....
"À un certain niveau de silence, l'homme devient un espace sacré. C'est alors qu'il rencontre la Présence dont il est le sanctuaire, dans un dialogue où il découvre sa liberté comme libération de soi."
Quatrième de couverture du livre de Maurice Zundel " JE est un autre"
C'est à mon vieil ami Jean-Marc Thiabaud ( créateur du superbe Blog Volte-Espace ) que je dois la découverte de ce troisième "indispensable". J'ai ouvert émerveillé L'Homme tridimensionnel - Corps-Âme-Esprit de Michel Fromaget en aout 2002, peu après mon arrivée en Ardèche et depuis il ne m'a pas quitté.
L'oeuvre de Fromaget tourne autour de la notion de conception anthropologique c'est-à-dire de la conception de ce qu'est un être humain qu'une société véhicule à l'insu de la plupart de ses membres et qu'elle transmet à ses enfants. Dans le christianisme des origines, au début de notre société, ce modèle était ternaire : "Corps, Âme, Esprit". Fromaget montre à quel point l'éradication de la dimension Esprit, la réduction de notre vision de nous-même à deux dimensions , le corps et l'âme, nous a façonnés dans un modèle ego-centré, séparé, douloureux, agressif. Cet ouvrage exceptionnel témoigne d'une compréhension très profonde de l'émerveillement et de l'amour, du vieillissement et de la mort. J'y ai découvert les enseignements des Pères de l'Eglise tous basés sur cette affirmation tombée en désuétude : "Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu". Le christianisme des origines est ternaire, il affirme que la divinisation de l'homme est possible dans ce corps et dans cette vie, par la conversion, le retournement, la métanoîa. Michel Fromaget m'a permis de faire un lien très concret entre Arnaud et Douglas. Quel upa-gourou extraordinaire ! "L'homme tridimensionnel" a été remanié et enrichi pour devenir "La drachme perdue". Plus qu'un livre à lire c'est un enseignement à étudier sans cesse. Un ouvrage à garder près de soi. Un cadeau du ciel.