mercredi 8 décembre 2021

Retour au désert (1/2)

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( Toutes les photos sont de Véronique Fabart. Vous pouvez cliquer dessus pour les agrandir)


C'était prévu pour l'automne 2020 mais la Tunisie était fermée. Le 7 novembre dernier, j'ai enfin rejoint à Djerba, Véronique, ma compagne de voyage du Ladakh et du Maroc. 

 


 

Le lendemain, quatre heures de route en direction de Sabria aux portes du désert avec Fdhil, le créateur de l'agence. Une petite heure de 4x4 et nous retrouvons la caravane : Ahmed le guide et cuisinier, El Gacem, chamelier et roi du pain du désert. Ils nous attendent avec leurs cinq chameaux qui porteront l'eau, la cuisine, les provisions, nos sacs et une tente pour nous. Une poignée de main, un regard direct, un sourire, une salade de riz partagée, simple et délicieuse, et l'alliance est scellée. Nous nous sentons dès le début en sécurité avec ces deux hommes du désert. Ahmed est une force de la nature, carré, solide, stable, endurant. Il a l'âge de l'expérience, parle un peu français mais l'essentiel de la communication ne passe pas par les mots mais par l'action, le sourire, les mimiques. Avec lui, je retrouve la manière de communiquer des enfants car il est facilement joueur. Et ses attentions d'une grande délicatesse nous vont droit au coeur. El Gacem est plus en retrait. Il parle peu mais observe et semble tout comprendre. Les deux forment une équipe tranquille et efficace.

 



Pendant dix jours, nous allons marcher, trois heures le matin et une heure et demi à deux heures l'après midi, dans un paysage à l'infini qui fait alterner cordons dunaires et plaines où pousse une végétation rare - des genêts et d'autres plantes dont je ne connais pas le nom - mais presque suffisante pour nourrir les chameaux qui ont en plus une ration d'orge le soir. C'est le début du grand erg oriental, pas de dunes spectaculaires, simplement des courbes harmonieuses de sable jusqu'à l'horizon quelle que soit la direction vers laquelle vous vous tourniez.

 



C'est une vie très simple : le petit déjeuner autour du feu, la marche du matin avec à la pause, une orange, le repas de midi à l'ombre d'un genêt, une courte sieste, la marche de l'après midi coupée par la prière de nos amis musulmans et les ombres des humains et des chameaux qui s'étirent indiquant qu'il est temps de trouver un endroit pour la nuit. La toilette du soir est vite faite et l'on retrouve Ahmed et El Gacem autour du feu pour un repas chaud bienvenu. Véronique qui a une montre constate que nous nous couchons tous les soirs vers huit heures, fourbues, heureuses d'être au chaud. Naturellement, la conversation se dépouille. Au bout de quelques jours, nous parlons peu, essentiellement de ce qui se passe maintenant. Nous rions souvent. L'émerveillement devant la beauté du ciel, des dunes, des végétaux opiniâtres, la justesse des chameaux dans le paysage, l'attitude tranquille et joyeuse de nos guides tient une grande place  dans nos échanges. 

 


C'est une vie monotone. Tous les jours se ressemblent, la seule variable étant le temps qu'il fait, plus ou moins chaud, plus ou moins de vent, un ciel d'un bleu profond ou chargé de nuages, de la pluie, une nuit. La nourriture est la même, le pain chaud trempé dans l'huile d'olive et la confiture de figue le matin, la salade de midi, la soupe et le plat chaud du soir avec quelques variantes. La monotonie est un aspect essentiel du désert. Monotonie de l'emploi du temps et du paysage qui à l'infini répète des vagues lisses ou sculptées par le vent que la lumière du soleil nuance d'un blanc satiné à un autre légèrement  orangé. Les plantes sont les mêmes, deux ou trois sortes tout au plus. Cette monotonie donne un rythme lent, paisible. J'admire l'équanimité de nos deux chameliers, le calme de leurs mouvements lents, toujours les mêmes. Bâter, debater les chameaux trois fois par jour, les  entraver avec une une corde entortillée chaque fois avec les mêmes gestes autour de leurs pattes avant.

 



Quand El Gacem, deux fois par jour s'installe pour faire le pain, c'est un vrai rituel. Il part de son pas tranquille rassembler le bois pour faire le feu, pétrit la pâte longuement,  installe la galette au milieu des braises écartées avec un bâton puis la recouvre d'autres braises mêlées de sable. Lorsqu'il sort le pain rond comme un soleil, il l'époussette de la main, racle au couteau les endroits où la croute est brûlée, le tape des deux côtés avec un torchon pour faire tomber le sable et enfin, le tenant debout par le haut de la main gauche le fend en deux de la droite. Il le rompt ensuite en gros morceaux qu'il enroule dans deux torchons, un pour Ahmed et lui, un pour Véronique et moi.

 


 
Savoir que le lendemain sera pareil est une détente, une bénédiction. Et, paradoxe de surface, le "Inch'allah" que nos guides emploient dès qu'ils parlent du futur rappelle que rien n'est certain et que ce n'est pas nous qui décidons...



 

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9 commentaires:

Anonyme a dit…

Ça donne envie !!!
Merci Corinne
Karl

M-Jose a dit…

Tres belles photos et texte précis...oui çà donne envie.
Merci pour ce partage.

catherine Deville a dit…

merci Corinne
quel beau voyage!

Laurent a dit…

Merci pour ce partage apaisant

Frédérique a dit…

Oui ça donne très envie. L’appel du désert…
Merci 🤩

magique a dit…

Merci beaucoup Corinne

Marie C

Jean-Pierre Bossy a dit…

Belle description et superbes photos.
Merci à vous deux.
JP Gepetto

sylvie a dit…

ha ouiiiii!!!!!!!!!! merci corinne sylvie

Unknown a dit…

Merci pour cette beauté, texte et photos,
je respire !
Bénédicte