mardi 13 décembre 2022

Monsieur Salah

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Monsieur Salah

Nous avons d'abord croisé ses traces...Nos guides  qui les avait repérées  ne savaient pas encore de qui il s'agissait, mais nous cherchions un homme, son chameau et son chien sloughi. Lorsque nous l'avons vu, il s'est avéré que nos guides le connaissaient depuis longtemps : Monsieur Salah, comme on l'appelle avec respect est un touareg algérien qui nomadise d'un côté et de l'autre de la frontière. Il a des troupeaux, de chèvres et de moutons mais aussi des chameaux. Dans cette partie du Sahara, les chamelles sont en liberté une grande partie de l'année. Au mois de novembre qui est le mois des amours, les hommes vont chercher les chamelles qui sont en âge de procréer et les font saillir par les mâles : les petits naîtront un an plus tard.
Sa chienne sloughi


 C'est un long travail de patience, solitaire, repérer les bêtes, les rassembler mais il ne semble pas que monsieur Salah  considère cela comme un travail. C'est un mode de vie et on le sent heureux, tranquille, libre. Nous chercherons à moment donné son campement pour lui laisser quelques légumes et quelques fruits . Un endroit au milieu de nulle part, la trace d'un feu et une couverture jetée sur ce qu'il possède : un bidon d'eau, une marmite, une petite théière, un sac de couchage et quelques provisions. Un soir, nous savons qu'il n'est pas loin et nous faisons un grand feu pour qu'il nous repère. Il apparaît, semblant  sortir de nulle part et partage notre repas avec appétit. Il parle beaucoup, profitant avec plaisir de la compagnie. Il dort près de notre campement et au matin, il nous amène voir deux chamelles et un jeune.


Les deux chamelle et le jeune 


Monsieur Salah a 70 ans et dans peu de temps il se retirera dans un village près d'El Oued où il a une maison. Il fait partie des derniers semi nomades. De cette génération qui vit encore dans le désert et pour qui les frontières n'ont pas vraiment de sens. Un soir, un de nos guides nous dira ce que nous avons compris : c'est une période de transition, la fin d'un monde. Avec la sécheresse, le manque d'eau et de pâturages, les nomades ne peuvent plus vivre de leurs troupeaux. Ce ne sont pas seulement les politiques de sédentarisation qui sont en cause. Les jeunes générations aiment aller passer une nuit de temps en temps dans le désert, mais ne le connaissent pas. D'ici peu, il n'y aura plus de vrais guides, plus de chameliers, plus de chameaux dressés pour le bât. Les amis tunisiens avec qui j'en ai parlé le savent, ils en sont tristes mais en hommes sages, cela ne les empêche pas d'arpenter le désert seul ou avec des touristes, de parler, de rire et de jouer du bindir ( tambour) en chantant des chansons de bergers, le soir autour du feu.




6 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle sagesse !!!
Merci Corinne
Frédérique

magique a dit…

Merci beaucoup Corinne
Marie

Anonyme a dit…

Merci Corinne
Catherine De

j-p gepetto a dit…

Une bonne nourriture que ce texte.
Merci Corinne.
JP Gepetto

Anonyme a dit…

Merci Corinne !
La fin d’un monde …
Karl

Acouphene a dit…

merci de m'avoir fait un peu connaître ce monde !