Michel T. nous rappelle une réponse de Ramana Maharshi dans ses fameux "talks" (somme de questions et réponses du Maitre de Tiruvanamalaï ) réunis dans le livre intitulé "l'Enseignement de Ramana Maharshi" Albin Michel. L'extrait suivant est à la page 136 de l'ancienne édition (non poche, pas celle de la photo). J'avais oublié ou zappé ce passage, peut être vous aussi :
Question : Est-ce que la connaissance obtenue par expérience directe peut être perdue par la suite ?
Maharshi : C'est ce que dit le "Kaivalya Navanîta". Toute expérience obtenue sans déracinement complet de tous les vâsânâs ne peut se maintenir stable. Il faut faire des efforts pour déraciner tous les vâsânâs. Autrement, le cycle des renaissances se poursuivra. Les uns prétendant que l'expérience directe résulte du fait d'écouter l'enseignement du Maître. D'autres assurent qu'elle se produit après une période de réflexion. D'autres encore affirment qu'elle ne peut résulter que d'un état de grande concentration mentale et de samâdhi. Bien que ces étapes semblent différentes en apparence, elles ont toutes, finalement, le même sens. La connaissance ne peut subsister définitivement que lorsque tous les vâsânâs ont été déracinés.Cette réponse est d'autant plus importante qu'elle vient d'un maitre réputé pour son approche résolument directe. Elle me conforte dans l'idée (très traditionnellement tibétaine d'ailleurs) que l'éveil n'est pas la libération, que la découverte n'est pas l'intégration. Cette réponse implique aussi ipso facto que l'accès, que la découverte de l'Ultime est possible alors même que des vasanas actifs subsistent. Il y a bien une découverte possible, elle est simple, directe et accessible, mais elle ne résout rien. Elle indique, elle motive, elle confirme, elle oriente. Mais elle ne dispense pas du récurage de la mare. Et ce qu'il y a, à nettoyer dans la mare, comme je l'ai cru si longtemps, ce ne sont pas principalement les émotions, mais les pensées.
Au boulot les amis.................
18 commentaires:
Alain, peux-tu un peu développer ton commentaire à propos du curetage de la mare quand tu indiques que le travail doit porter sur les pensées et non les émotions.
Merci d'avance
Renaud
Juste au moment opportun ; et juste l'explication dont j'avais besoin. Merci Alain !
Isabelle
D'accord Renaud dés que possible je développe
cela un peu. Quoique il en a déjà été question dans des posts de Corinne.
...La pensée précède l'émotion!
Si les pensées disparaissent, logiquement les émotions disparaissent également ?
Isn't it, Ipapy ?
Jean-Louis
Ce post m'aide vraiment à réconcilier l'approche dite directe et celle dite progressive. Je serais heureux d'avoir quelques indications complémentaires sur le lien: travail sur les émotions/ déracinement des pensées.
Merci Alain
Nicolas Bonnet
Très très éclairant... Très très "recentrant"... Comment délier l'inextricable emmêlement des vasanas ?
Oui, je me pose aussi la question : qu'est-ce que "nettoyer" les pensées... Qui nettoie ? Qui va faire des efforts ? Le qui ... ? réponse récurrente chez Maharshi. N'est-ce pas Don Quichottesque de s'attaquer aux pensées ? Y'a-til vraiment autre chose à "faire" que de voir les pensées qui sont déjà là ? La mare n'est-elle pas sans fond ? Les vasanas ne disparaissent-elles pas devant la Vision du faux moi à l'instant non T, et seulement comme cela ?
Et puis... qui pose toutes ces questions !!!
Merci Alain.
Je suis aussi attentif aux précisions que tu pourrais apporter.
"Tout est la grâce du guru"
En échos à cette rubrique, je suis en train de relire "La pensée comme voie d'éveil" d'Yvan AMAR.
Je partage cet extrait de la P 141 :
"L'outil dont nous disposons au départ est une pensée analytique rigoureuse: s'obliger à explorer avec une rigueur analytique la nature d'un enseignement qui nous renvoie - et c'est peut-être le contexte un peu particulier de cette démarche là - à la nature de l'objet servant à en faire l'exploration. La particularité de cet enseignement, c'est d'explorer avec un certain outil,et cet enseignement nous parle nous parle justement de la nature de l'outil qu'on utilise pour l'explorer! Au fur et à mesure que l'on explore cet enseignement, il nous donne les moyens de structurer au mieux l'outil dont on se sert pour l'explorer et donc pour approfondir de plus en plus notre pénétration de cet enseignement."
Ce livre est un hymne à la pensée comme Voie d'éveil. L'un des messages clefs est d'oser frotter sa pensée à celle de "maître à penser" comme les textes sacrés ou encore maître Eckhart, René Guénon, Alain Daniélou, Julius Evola... (et moi j'y ajouterai Arnaud, Daniel et les collaborateurs).
Ma conviction est : la Voie EST UN TOUT. (Excusez pour ce pléonasme)
Le risque est de séparer très subtilement la pensée, les émotions, les vasanas... comme si c'était l'un ou l'autre, mieux, l'un puis l'autre.
J'ai la profonde intuition que c'est l'un ET l'autre (=EST).
Gratitude à toi, Alain.
CW
CW dit "Le risque est de séparer très subtilement la pensée, les émotions, les vasanas... comme si c'était l'un ou l'autre, mieux, l'un puis l'autre."
Je pense aussi que de "se mettre au boulot" sur pensées qui précèdent émotions, c'est un risque de se croire encore en contrôle quelconque et de laisser de côté le "simplement voir".Risque de vouloir déraciner pensées et émotions avant même de bien les voir quand elles se présentent.Se situer en observateur et non en agissant aide à ne pas s'identifier. J'espère que j'exprime clairement! Vos suggestions sont bienvenues!
Rendre conscient, l'inconscient dans le but de libérer la conscience.
Comment faire sauter les verrous, la censure?
La présence du témoin neutre (libre du mental) qui accueille tout et qui ne juge pas est indispensable.
Tant que le témoin intérieur n'est pas là, il y a besoin d'un témoin extérieur.
Il y a la peur de la porte de la cage ouverte à la licence mais il se passe le contraire, la naissance d'une dignité c'est à dire une censure devenue conscience, acceptée parce que non égoiste;
Comme le dit Arnaud "à l'intérieur tout est permis"
AAAGGGHHH! Au secours, Fish Fish je comprends rien là!!!tu dis:"Tant que le témoin intérieur n'est pas là, il y a besoin d'un témoin extérieur." Mais le témoin intérieur n'est-il pas toujours là?Je te cite encore:
"Il y a la peur de la porte de la cage ouverte à la licence mais il se passe le contraire, la naissance d'une dignité c'est à dire une censure devenue conscience, acceptée parce que non égoiste".
Je t'avoue que ça rentre pas dans ma p'tite tête. Que veux tu dire? Quand tu parles de censure,qu'est ce que c'est? J'adore échanger sur ce blog, mais quand je n'arrive pas à comprendre ça me frustre!
Partage intéressant..Merci Alain,Je te pose une question : est ce que les émotions ne seraient pas à l'origine des pensées? Et si nous travailons sur les émotions, leur naissance, leur ancrage d'origine, cela va t-il permettre de "soigner" les pensées ?
Quel est ton avis?
Je suis désolé de t'embrouiller Laurence.
Oui le témoin est toujours là, nu, mais recouvert de vêtements.
la censure c'est à dire le surmoi, ce qui empêche de voir parce que cela juge.
Bon mon commentaire est "une façon d'oser" me confronter au coach pour vérifier ma compréhension. Pour tes questions, il est plus sûr de les poser au coach directement
Lorsque "MOI" a été vu clairement comme une pensée, et rien qu'une pensée, c'est à dire, comme dirai Stephen Jourdain, rien, ce n'est que le point de départ, la pensée "MOI" va revenir, déguisée, séduisante, convaincante, et le "curetage de la mare" implique dès lors une vigilance habile et acérée afin de continuer à voir seconde après seconde la pensée "MOI" à l'oeuvre, notamment sous l'un de ses déguisements parmi les plus subtils : "Enfin, MOI j'ai vu"...!
Si je puis me permettre de renvoyer à deux posts, deux textes à mes yeux éclairants sur ces deux questions : le premier d'un disciple du Maharshi, le second d'Arnaud.
http://bajochez.blogspot.com/2007/08/annamalai-swm.html
http://bajochez.blogspot.com/2007/06/arnaud.html
Bon, la mare, est-ce celle des canards ou celle des pensées-canardées???
J-P canarde-petto
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