jeudi 13 septembre 2007

Leçon de sagesse et d'amour

Réponse du chef Seattle en 1854 au gouvernement américain qui lui proposait d'abandonner ses terres aux blancs et promettait une "réserve"pour le peuple Indien.
Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? L'idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l'air et le miroitement de l'eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ?
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque épine de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d'insecte est sacré dans le souvenir et l'expérience de mon peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l'homme rouge.
Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils vont se promener parmi les étoiles . Nos morts n'oublient jamais cette terre magnifique car elle est la mère de l'homme rouge. Nous sommes une partie de la terre et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos soeurs ; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères .Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l'homme, tous appartiennent à la même famille .
Aussi, quand le grand chef, à Washington envoie dire qu'il veut acheter notre terre, demande-t-il beaucoup de nous. Le Grand Chef envoie dire qu'il nous réservera un endroit de façon que nous puissions vivre confortablement entre nous. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc votre offre d'acheter notre terre, mais ce ne sera pas facile. Car cette terre nous est sacrée .Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n'est pas seulement de l'eau mais le sang de nos ancêtres . Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu'elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l'eau claire des lacs parle d'évènements et de souvenirs de la vie de mon peuple . Le murmure de l'eau est la voix du père de mon père. Les rivières sont nos frères, elles étanchent notre soif. Les rivières portent nos canoës, et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez désormais vous rappeler et l'enseigner à vos enfants, que les rivières sont nos frères et
les vôtres, et vous devez désormais montrer pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour un frère .
Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos moeurs. Une parcelle de terre ressemble pour lui à la suivante, car c'est un étranger qui arrive dans la nuit et prend à la terre ce dont il a besoin. La terre n'est pas son frère mais son ennemi, et lorsqu'il l'a conquise, il va plus loin. Il abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas. Il enlève la terre à ses enfants et cela ne le tracasse pas. La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l'oubli. Il traite sa mère la terre et son frère le ciel comme des choses à acheter.Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu'un désert.
Je ne sais pas, nos meurs sont différentes des vôtres. La vue de vos villes fait mal aux yeux de l'homme rouge. Mais peut-être est-ce que l'homme rouge est un sauvage et ne comprend pas. Il n'y a pas d'endroit paisible dans les villes de l'homme blanc. Pas d'endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps, ou le froissement des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble simplement insulter les oreilles. Et quel intérêt y a-t-il à vivre si l'homme ne peut entendre le cri de l'engoulevent ou les palabres des grenouilles autour d'un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprend pas. L'Indien préfère le son doux du vent s'élançant au-dessus de la face d'un étang, et l'odeur du vent lui-même , lavé par la pluie de midi, ou parfumée par le pin pignon. L'aior est précieux à l'homme rouge, car toutes choses partagent le même souffle. La bête, l'arbre, l'homme, ils partagent tous le même souffle. L'homme blanc ne semble pas remarquer l'air qu'il respire. Comme un homme qui met plusieurs jours à expirer, il est insensible à la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l'air nous est précieux, que l'air partage son esprit avec tout ce qu'il fait vivre. Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle a aussi reçu son dernier soupir. Et, si nous vous vendons notre terre, vous devez la garder à part et la tenir pour sacrée, comme un endroit où, même l'homme blanc peut aller goûter le vent adouci par les fleurs des prés.
Nous considérons donc votre offre d'acheter notre terre. Mais, si nous décidons de l'accepter, j'y mettrait une condition : l'homme blanc devra traiter les bêtes de cette terre comme ses frères .

Je suis un sauvage et je ne connais pas d'autre façon de vivre. J'ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l'homme blanc qui les avait abattus d'un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister .
Qu'est-ce que l'homme sans les bêtes? Si toutes les bêtes disparaissaient, l'homme mourrait d'une grande solitude de l'esprit. Car ce qui arrive aux bêtes, arrive bientôt à l'homme.Toutes choses se tiennent. Vous devez apprendre à vos enfants que le sol qu'ils foulent est fait des cendres de nos aïeux. Pour qu'ils respectent la terre, dites à vos enfants qu'elle est enrichie par les vies de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres, que la terre est notre mère. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur le sol, ils crachent sur eux-mêmes.
Nous savons au moins ceci : la terre n'appartient pas à l'homme ; l'homme appartient à la terre. Cela nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent. Tout ce qui arrive à la terre, arrive aux fils de la terre. Ce n'est pas l'homme qui a tissé la trame de la vie : il est seulement un fil. Tout ce qu'il fait à la trame, il le fait à lui-même.
Même l'homme blanc, dont le Dieu se promène et parle avec lui comme deux amis ensemble ne peut être dispensé de la destinée commune. Après tout, nous sommes peut-être frères, nous verrons bien. Il y a une chose que nous savons et que l'homme blanc découvrira peut-être un jour ,c'est que notre Dieu est le même Dieu . Il se peut que vous pensiez maintenant le posséder comme vous voulez posséder notre terre, mais vous ne pouvez pas. Il est le Dieu de l'homme , et sa pitié est égale pour l'homme rouge et le blanc. Cette terre Lui est précieuse, et nuire à la terre, c'est accabler de mépris son créateur. Les blancs aussi disparaîtront ; peut-être plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus. Mais en mourant vous brillerez avec éclat, ardents de la force du Dieu qui vous a amenés jusqu'à cette terre et qui, pour quelque dessein particulier vous a fait dominer cette terre et l'homme rouge. Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas lorsque les bisons sont tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt chargés du fumet de beaucoup d'hommes et la vue des collines en pleines fleurs ternies par les fils qui parlent. Où est le hallier? Disparu. Où est l'aigle ? Disparu.
La fin de la vie, le début de la survivance...........

13 commentaires:

ipapy a dit…

Merci pour ce texte Princesse. Je le connais depuis longtemps mais il me bouleverse toujours autant. Poignant, puissant, quelle sagesse.

Anonyme a dit…

Merveilleuses sont pour moi ces paroles de vie et de paix.
Quelle tristesse aussi de voir et ressentir cette offense quotidienne à la VIE (je fais aussi partie des offenseurs).
Cependant, quelque soit le sort de l'humanité, ces paroles pointent vers les seules "chose" qui nourissent mon coeur.
Alors, "A la grâce de Dieu".
J-P peine-petto

Anonyme a dit…

Comme toi, Alain, ce qui m'est venu en lisant ce texte c'est : quelle sagesse.
Et comme toi J-P ami-petto, je suis triste de voir comme nous faisons du mal à la terre et à nous-mêmes. Mais il me vient constamment cette phrase qu'Alain emploie parfois : "Dieu ne se trompe pas", et je sais que quoiqu'il arrive l'essentiel est là, que tout est à sa place, et que ,justement, je ne sais rien !!!

fishfish a dit…

oui Loic, comme m'a dit Alain il y un an alors que je vivais une période de crise de croissance lourde de questionnement métaphysique
"quelque soit la question, la réponse est OUI. Merci de ta fermeté.
je me sens bien avec vous mes amis

Anonyme a dit…

Pour info, il existe une trés belle chanson de Michel Bhüler (chanteur suisse francophone) , tirée de ce texte et qui s'intitule: "ainsi parlait un vieil indien".
dany

Julie a dit…

ça me bouleverse, qu'elle leçon !

Anonyme a dit…

Merci Dany, je vais essayer de me le procurer.

akidbelle a dit…

Incroyable! Mais tellement vrai.
"La fin de la vie, le début de la survivance.."
Le soit-disant "citoyen libre occidental" ne fait finalement que passer son temps à survivre à "sa" société.. en la nourissant.
Bonjour Frankenstein.
Jacques

Anonyme a dit…

Purée la vache!
Merci de ce rappel si lourd et si léger.

Arnaud.L a dit…

magnifique texte; merci.

jean-françois l a dit…

Difficile pour moi d'échapper à une certaine identification avec cette lecture;;;oui.Pour les amis curieux,j'ai envie de dire:allez voir sur you tube ce qui concerne John Trudell,indien poète/"Chanteur" qui ne cesse de mettre son énergie dans la défense des siens--quand on sait que le fbi a fait bruler la maison où se trouvaient sa femme et ses enfants,on peut comprendre une certaine rancoeur et sa détermination.Allez voir aussi ce qui concerne Carlos Nakai(indien navajo je crois),pour sa musique si précieuse à la flute(avec notamment des videos qui nous montrent les habitations des Hopi,Zuni,Anasazi...A la grace de Dieu

laurence a dit…

En pensant aux belles rivières qui étanchaient leur soif, j'ai encore plus honte d'aimer le coca!
Laurence

frédérique a dit…

Je suis trés émue.Ces phrases me touchent profondément en plein coeur.
Je suis partagée entre un immense élan d'amour et une envie d'hurler pour tout ce que l'on fait subir à la planéte et à l'humanité.
Dans ces moments là, je me remémore une phrase que j'ai entendu plusieurs fois à Hauteville :" qui tu es ,toi ,pour vouloir que ça se passe autrement?"
Alors OUI, OUI à tout.Faire de son mieux et laisser le reste à Dieu.