Vous avez déjà lu le témoignage d'Isabelle sur la dernière retraite à En Calcat, en juillet, voici celui de Jean-Pierre :
"Nous arrivons par la belle campagne verte, jaune de blé et vallonnée dans le village d’En Calcat. Nous arrêtons le véhicule sous une haie d’arbres. Et là, en face, voici Corinne et Alain qui viennent de se garer. Quel cadeau, Alain et Corinne qui nous embrassent joyeusement.
Ensuite, l’accueil de « l’adorable » frère hôtelier (Paul Marie), un regard et deux mains de bonté.
Corinne prend de nos nouvelles, je ressens une grande fatigue physique et morale, elle me rassure en annonçant une proposition d’ambiance détendue et « cool », superbe cela me convient.
Le premier office qui se présente, ce sont les vêpres (18h). Les moines arrivent en silence, se recueillent devant la croix ou sur leur chaise. Les voix s’élèvent, et aussitôt je me sens plongé hors du temps, l’Etre se reconnaît dans cette beauté, cette douceur, cette harmonie profonde. C’est une intensité que je n’avais jamais éprouvée aussi unifié auprès de moines ou de moniales.
De fait, la forme et l’ambiance de ces trois jours furent »cool », excepté l’emploi du temps : levé à 5h45 pour les Laudes de 6h20, couché après le Vigiles de 21h à 22h, et quelques courtes plages de récréation dans la journée.
Le lendemain matin, premier contact avec le groupe au sein de la méditation guidée par Corinne (zut, le mental s’attendait à Alain), un peu de déception puis une belle surprise en recevant l’exigence et la détente proposée par celle-ci. Ensuite réunion du groupe, le lien par excellence ou frères et sœurs de cette retraite se sont rencontrés, plus ou moins mis à nu, face à leur vécu du présent, dans la relation de « friction consciente ’»(expression d’Yvan Amar, voir l’Effort et la Grâce).
Notre groupe s’est trouvé en résonance avec la communauté des moines, nourriture précieuse pour le cœur. Au réfectoire, dans le jardin, à l’hôtellerie, aux offices, notre assemblée ressemblait en version « laïque » à la forme religieuse des moines (pas au même niveau de consécration, sauf pour le vin !!!).
Et pour moi, ce fut une bénédiction, j’ai ressenti physiquement, intellectuellement, émotionnellement, consciemment la fraternité d’intention qui nous animait toutes et tous, et suscitait des attractions réciproques entre nous et les moines. Seul le cœur silencieux peut témoigner de cela.
Nous poursuivons par une marche assez éprouvante à mon niveau (le cœur et les genoux), vers la Capellette (petite chapelle des moines), à travers cailloux, racines et une pente de plus en plus « raide ». Tout le monde, même ceux qui doutaient de leurs capacités arrivent à la chapelle, l’énergie du groupe pousse, encourage chacun, chacune à faire un pas de plus.
Au retour, nous rencontrons frère Daniel pour un partage : quelle simplicité, humilité, humour et honnêteté irradient à travers cet homme consacré à Dieu. Il souligne, la nécessité de construire une structure en soi pour « manduquer » (mâcher), s’imprégner de la parole de Dieu, et tâtonner pour qu’elle soit vivante et créatrice.
Les passages obligés par les désillusions sur les désirs d’amélioration humaine, le point d’appui que représente la durée, la persévérance, l’intention d’être un « creuset » pour la Vie, jamais aboutit (ce serait la mort), sans cesse en changement.
D’autres échanges plus informels avec frère Paul Marie, observateur, perspicace sur notre façon d’être, voyant rapidement que Myriam avait un profil de « psychologue »(elle possède un diplôme dans ce domaine), ce qui m’a rendu un peu jaloux, car il n’a rien dit sur moi, conscient qu’il m’a quand même bien vu.
Nous ressentons en couple son côté « coquin » et la bonté de son être, quelle joie pour notre âme et notre cœur. Frère Olivier est venu partager le café à notre table d’hôtellerie, rempli de sagesse et d’humour. Lui demandant depuis combien d’années il était moine dans la communauté, il me répond directement (je cite de mémoire) :
- « Mon frère, je l’étais bien avant ta naissance » avec un sourire malicieux. Et ce tutoiement, je l’ai reçu comme une reconnaissance du frère aîné sur le chemin à son frère cadet.
Les rencontres silencieuses par le regard, la présence physique se sont produites avec d’autres moines, une complicité spontanée, sans le besoin compulsif de se parler.
Un des sommets personnel de cette retraite fut de voir, ressentir en moi les résistances à l’enseignement, aux conseils de l’ami Alain, à Corinne, au groupe et d’être touché par ce retour à la maison, tel le fils prodigue de l’évangile, qui revient vers le « Père », qui l’attend de toute éternité les bras et le cœur grands ouverts.
L’autre moment intense, ce fut ces méditations en groupe, les partages entre nous, les offices chantés en commun.
Enfin, en couple lorsque Myriam et moi avons rédigés les intentions de prières pour la messe dominicale. La préparation avec les frères Paul Marie et Daniel fut profonde et fraternelle.
La lecture alternée avec Myriam toucha notre cœur : partager ensemble des intentions tournées vers Dieu et nos sœurs et frères humains.
Pour les suivants, même si la pensée d’une retraite de ce type peut soulever envies ou/et refus, c’est plutôt bon signe, signe peut-être que cet appel du divin désire être vécu par le corps, l’âme et le cœur."
Ensuite, l’accueil de « l’adorable » frère hôtelier (Paul Marie), un regard et deux mains de bonté.
Corinne prend de nos nouvelles, je ressens une grande fatigue physique et morale, elle me rassure en annonçant une proposition d’ambiance détendue et « cool », superbe cela me convient.
Le premier office qui se présente, ce sont les vêpres (18h). Les moines arrivent en silence, se recueillent devant la croix ou sur leur chaise. Les voix s’élèvent, et aussitôt je me sens plongé hors du temps, l’Etre se reconnaît dans cette beauté, cette douceur, cette harmonie profonde. C’est une intensité que je n’avais jamais éprouvée aussi unifié auprès de moines ou de moniales.
De fait, la forme et l’ambiance de ces trois jours furent »cool », excepté l’emploi du temps : levé à 5h45 pour les Laudes de 6h20, couché après le Vigiles de 21h à 22h, et quelques courtes plages de récréation dans la journée.
Le lendemain matin, premier contact avec le groupe au sein de la méditation guidée par Corinne (zut, le mental s’attendait à Alain), un peu de déception puis une belle surprise en recevant l’exigence et la détente proposée par celle-ci. Ensuite réunion du groupe, le lien par excellence ou frères et sœurs de cette retraite se sont rencontrés, plus ou moins mis à nu, face à leur vécu du présent, dans la relation de « friction consciente ’»(expression d’Yvan Amar, voir l’Effort et la Grâce).
Notre groupe s’est trouvé en résonance avec la communauté des moines, nourriture précieuse pour le cœur. Au réfectoire, dans le jardin, à l’hôtellerie, aux offices, notre assemblée ressemblait en version « laïque » à la forme religieuse des moines (pas au même niveau de consécration, sauf pour le vin !!!).
Et pour moi, ce fut une bénédiction, j’ai ressenti physiquement, intellectuellement, émotionnellement, consciemment la fraternité d’intention qui nous animait toutes et tous, et suscitait des attractions réciproques entre nous et les moines. Seul le cœur silencieux peut témoigner de cela.
Nous poursuivons par une marche assez éprouvante à mon niveau (le cœur et les genoux), vers la Capellette (petite chapelle des moines), à travers cailloux, racines et une pente de plus en plus « raide ». Tout le monde, même ceux qui doutaient de leurs capacités arrivent à la chapelle, l’énergie du groupe pousse, encourage chacun, chacune à faire un pas de plus.
Au retour, nous rencontrons frère Daniel pour un partage : quelle simplicité, humilité, humour et honnêteté irradient à travers cet homme consacré à Dieu. Il souligne, la nécessité de construire une structure en soi pour « manduquer » (mâcher), s’imprégner de la parole de Dieu, et tâtonner pour qu’elle soit vivante et créatrice.
Les passages obligés par les désillusions sur les désirs d’amélioration humaine, le point d’appui que représente la durée, la persévérance, l’intention d’être un « creuset » pour la Vie, jamais aboutit (ce serait la mort), sans cesse en changement.
D’autres échanges plus informels avec frère Paul Marie, observateur, perspicace sur notre façon d’être, voyant rapidement que Myriam avait un profil de « psychologue »(elle possède un diplôme dans ce domaine), ce qui m’a rendu un peu jaloux, car il n’a rien dit sur moi, conscient qu’il m’a quand même bien vu.
Nous ressentons en couple son côté « coquin » et la bonté de son être, quelle joie pour notre âme et notre cœur. Frère Olivier est venu partager le café à notre table d’hôtellerie, rempli de sagesse et d’humour. Lui demandant depuis combien d’années il était moine dans la communauté, il me répond directement (je cite de mémoire) :
- « Mon frère, je l’étais bien avant ta naissance » avec un sourire malicieux. Et ce tutoiement, je l’ai reçu comme une reconnaissance du frère aîné sur le chemin à son frère cadet.
Les rencontres silencieuses par le regard, la présence physique se sont produites avec d’autres moines, une complicité spontanée, sans le besoin compulsif de se parler.
Un des sommets personnel de cette retraite fut de voir, ressentir en moi les résistances à l’enseignement, aux conseils de l’ami Alain, à Corinne, au groupe et d’être touché par ce retour à la maison, tel le fils prodigue de l’évangile, qui revient vers le « Père », qui l’attend de toute éternité les bras et le cœur grands ouverts.
L’autre moment intense, ce fut ces méditations en groupe, les partages entre nous, les offices chantés en commun.
Enfin, en couple lorsque Myriam et moi avons rédigés les intentions de prières pour la messe dominicale. La préparation avec les frères Paul Marie et Daniel fut profonde et fraternelle.
La lecture alternée avec Myriam toucha notre cœur : partager ensemble des intentions tournées vers Dieu et nos sœurs et frères humains.
Pour les suivants, même si la pensée d’une retraite de ce type peut soulever envies ou/et refus, c’est plutôt bon signe, signe peut-être que cet appel du divin désire être vécu par le corps, l’âme et le cœur."
Jean-Pierre « Gepetto »
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7 commentaires:
Merci pour ce beau témoignage, Gemini...
Ah, souvenir-souvenir ! ça me fait plaisir de lire ton témoignage, Jean-Pierre. D'autant plus que l'empreinte que m'a laissé En Calcat est toujours très vivante.
Merci de ce beau geste d'ouverture ds tous les domaines.
Bon chemin à vous.
Merci Jean-Pierre.
oui, hors du temps c'est aussi ce que j'ai ressenti dés le début de la retraite.
Merci Jean-Pierre pour ce beau témoignage!
Dites, Alain et Corinne, et si pour votre prochain séjour à l'Abbaye vous réunissiez les divers témoignages que le groupe a écrit pour en offrir un exemplaire aux moines? Est-ce que ça ne serait pas un beau geste tissant un peu plus étroitement les liens entre vous?
... je dis ça juste en passant, comme ça...
PS: et si ça vous tente, je vous enverrai les deuxou trois que j'ai fais à l'occasion.
Bonne journée à tous!
Que de bons souvenirs tu ravives Jean Pierre... Merci à toi.
Merci frère scrib-petto de ce rappel. Oui il y avait de la vigilance et de la gaité.
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