Vous avez tous été mes amis,
Avant que ne s’effacent les émotions et les refus, avant que je ne peigne en rose ces dix journées particulières, j’écris. En vrac…
Stupéfaction devant le paysage qui s’offre à mes yeux. Admiration de la beauté des hommes et de la caravane, lente, majestueuse. Harmonie de leur marche.
Plaisir du partage ; instant magique où celui qui parle, osant vraiment se dévoiler, est entouré brusquement d’un incroyable silence empli d’attention aiguisée et tendre. Les corps s’immobilisent, les respirations se font discrètes, quelque chose d’important se joue là. Sans un mot, le groupe aide.
Fatigue d’une fin de matinée, refus. Monotonie d’un plateau de pierres, refus. Froid intense à l’Assekrem, refus. Mauvaise nuit, refus.
Une chamelle fatiguée ne veut pas se laisser bâter. Elle s’en va donc libre mais seule. Où sera-t-elle dans un an ?
« Inch’Allah » me répond Entayent. Tristesse.
L’immensité du paysage me touche et m’accable. Je me sens grain de sable, mon existence est si éphémère. Le désert est là depuis des millions d’années et moi je n’ai plus que quelques décennies à vivre. Sensation d’absurdité
.
Monte, lancinant, le regret d’un proche trop tôt disparu. Un conseil « reste avec ça » m’empêchera de fuir et j’oserai contacter le chagrin refoulé. Être vulnérable. Oser montrer ses faiblesses et la douceur jaillira. Sensation d’un imperceptible changement, fait de tendresse et d’accueil.
Bavardage de femmes, pieds dans l’eau, il s’y dit le monde entier. Comprenne qui pourra.
Fou- rire fou incoercible du dernier soir, de ces ados que nous étions redevenus l’espace d’un instant. Amitié et détente.
Chacun s’exprimant vrai me touche et m’adoucit, il me montre que ce qu’il vit du paysage est l’exacte réplique de qui il est à ce moment précis, différent de moi.
Détresse parfois, de ne pas sentir plus fort la magie et le sacré du Désert, mais nécessité impérieuse d’être sincère et de le reconnaître.
Surréaliste et inoubliable .A l’aéroport d’Alger, au petit matin, après une nuit blanche dans l’avion, Alain enseigne… Faisant cercle autour de lui, ensommeillés mais attentifs quelques uns d’entre nous écoutons, dernière nourriture avant séparation.
Moments intimes où moments partagés, tous les instants ont été précieux et intenses.
Je me dois maintenant d’être vigilante et de ne pas perdre la saveur de ce voyage en le racontant trop.
15 commentaires:
Merci Rosine.
je suis dans l'émotion de ton récit.
Quelle belle écriture! Quel profond descriptif de tes ressentis.!
Merci pour la confiance.
Je n'ai pu encore accompagner Corinne et Alain dans le Hoggar. J'avoue que j'en vibre déjà quand je lis les témoignages des disciples de la caravane.
Merci à eux de savoir aller nous toucher au plus profond, à travers
les expériences qu'ils proposent.
Je t'envoie, Rosine, beaucoup de lumière, ainsi qu'à mes amis Corinne et Alain.
marie-José
Trés amicalement.
Ne crains point, Rosine : la saveur de ce voyage ne s'estompera pas ; elle s'exacerbera et te portera.
Merci de ce merveilleux récit ; partage poignant, vibrant, vivant.
Isabelle
Je suis bien d'accord avec Isabelle et Marie-José.. et je reconnais bien le Hoggar dans ton témoignage.
Je me demande parfois si un jour j'y retournerai.. et je me dis, probablement pas avant d'en etre revenu! quoi que..
merci
Jacques
Merci Rosine, pour ce premier témoignage que j'attendais avec impatience puisque n'ayant pu être de ce nouveau voyage.
Des mots qui résonnent immédiatement et qui me ramènent à l'essentiel de l'instant, tout simplement profondément touché.
Merci de raviver cette douce nostalgie du sacré à laquelle le désert a su m'éveiller.
dans l'"attente " de quelques photos...
Et,oui,pour moi,qui suis resté ds le plein et la verdure en France,ce témoignage m'enseigne.
Superbe témoignage Rosine !
Gros bisous à toi
Le désert et le groupe me manquent déjà
A bientôt Inch Allah
Karl
Vrac : fort et précieux...
Oui c'est du pur jus de sable... Je revois mes refus et cette énergie venue des cailloux de soleil ! Je bois également ce nectar de silence ! Merci Rosine !
Ce récit est tendre et émouvant comme l'expérience que tu as vécue. Il me fait (re)sentir le sacré et la magie du désert très fort, merci! Helen
Merci pour cette belle écriture Rosine.
Je revois Alger et tout ce pays que j'ai connu : Sétif, Aïn-Arnat, le Mégris, Bordj-Bou-Arreridj, Mascara, Mostaganem, Oran ( ma préférée ), Arzew, Tlemcen, Sidi-Bel-Abbès.
qjm
Quand viens-tu marcher avec nous Gjm ?
Peut-être quand je saurais mieux vivre avec un ennemi intérieur, compagnon " usque ad mortem " disent les médecins, je veux dire le diabète.
Très beau témoignage. J'aime beaucoup le style "en vrac", la mosaïque d'impressions, la vérité du moment vécu, l'habileté à faire passer l'essentiel.
Bonne continuation sur le chemin d'ici...
geneviève
Difficile de commenter encore, après tous ces messages!
Juste, ça sent le juste...
Moi aussi j' étais dans le Hoggar du 15 au 23 Novembre 2008.... en m^me temps que vous ... ce texte en vrac ... c' est exactement à la virgule près ce que j' ai ressenti ... et ressens toujours .." Je me dois maintenant d’être vigilante et de ne pas perdre la saveur de ce voyage en le racontant trop. " ... envie de raconter ... mais pas à n' importe qui ....la vraie vie ... c' est sans doute là bas
qu' elle se trouve ...
Enregistrer un commentaire