Christine Peyret expose les broderies assistées par ordinateur qu'elle a faites à partir de photos de la guerre d'Algérie.
J'ai adoré le texte précis, sensible, simple et vrai. Cette guerre traversée par elle sans la voir, trop jeune, encore dans le monde de l'enfance. Et puis comment voir une guerre que l'on ne nomme pas ? Les événements... on disait "les événements" !
Merci JFL pour ce beau cadeau.
" J'ai cherché dans nos photos de famille l'empreinte de la guerre dans le décor. J'ai trouvé, assez facilement, des indices autour des enfants.
Mais au bout d'un moment, ce qui restait invisible est devenu une vraie question. Pas d'adultes dans ces photos-là. Si je trouvais des pieds-noirs, ils étaient à la plage, ils buvaient l'apéritif ou posaient devant des figuiers de barbarie.
J'ai cherché aussi dans les photos de l'armée, dans les photos des appelés. Encore moins. Ni à la plage, ni nulle part.
Seuls les journalistes...mais bien peu.
Sans les voir, sans les voir ...
Je me souviens que longtemps je n'ai pas voulu dire où j'étais née. Je me souviens que j'ai vite appris la prudence dès notre arrivée.
Nous étions la mauvaise cause que les jeunes gens étaient partis défendre, nous étions le mauvais exemple de nantis ayant des injustices sur la conscience.
Et voilà qu'aujourd'hui, voulant replacer ces acteurs-là dans la pièce de théâtre, je ne trouve qu'un chromo tartiné de nostalgie."
p38
.
2 commentaires:
L'absence de photos d'appelés est à pondérer il me semble. Mais il faut chercher, chercher. J'ai des photos de l'Algérie française d'Alger, d'Orléansville, de Blida, de Kabylie prise par des appelés amis : l'un dans les chars, l'autre parachutiste-largueur refusant de porter des armes,l'autre du Train. Moi-même appelé à Sétif et Sidi Bel Abbés, j'avais un appareil photo mais il était très difficile d'avoir l'autorisation de l'utiliser.
gjm
Merci iPapy que je découvre avec plaisir ! merci pour cet article élogieux !
un petit commentaire à l'anonyme qui me précède : j'ai vu beaucoup de photos d'appelés, mais des photos d'appelés représentant des pieds noirs, ça, c'est beaucoup plus rare ... les appelés, en général, photographiaient les copains, les indigènes (surtout enfants) et les paysages. non ? Mais quoi de plus normal que ce "rejet" quand on y réfléchit !
Enregistrer un commentaire