mardi 11 décembre 2012

Douglas Harding : Vivre sans tête

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"C'était en 1961. Rentrant d'une tournée de conférences dans les universités d'Australie j'avais prévu de m'arrêter à Bangkok pour parler avec John Blofeld de sa traduction des Enseignements Zen de Huang Po et des Enseignements Zen de Hui haï. Nous avions à peine entamé notre conversation que Blofeld*, en référence à un point quelconque que je soulevais, s'empara d'un mince volume posé près de lui sur une table de rotin qui, me dit-il, lui était parvenu il ne savait comment.  Il s'agissait du livre "On having no head" de Douglas Edison Harding. Je ne me souviens pas du passage qu'il tenait à commenter, mais je me remémore avec la plus grand précision son enthousiasme pour ce livre. " Je n'ai pas la moindre idée de qui peut-être ce Harding , ajouta-t-il, je ne sais rien de lui et il peut être aussi bien un chauffeur de taxi londonien, mais ce que je peux affirmer, c'est qu'il a tout compris !"
 Le lendemain, quand je pris congé de Blofeld*, il s'empara à nouveau du livre, insistant pour que je l'emporte et le lise pendant mon vol de retour. Ma curiosité était telle que je n'ai même pas essayé de protester face à tant de générosité. C'est donc en volant au dessus du Pacifique que j'ai eu l'occasion de vérifier son affirmation. Il ne s'était pas trompé. Sans l'ombre d'un doute, Harding avait tout compris.


 Ce qui ne veut pas dire que la révélation se produira pour tout le monde - on ne peut jamais être sûr que les mots produisent l'effet souhaité - mais je ne connais aucun texte aussi concis que le premier chapitre de ce livre, autant susceptible d'élever la sensibilité du lecteur à un différent niveau de perception. La raison en est simple. La compréhension s'appuie davantage sur les images que sur les raisonnements et l'image brandie par Harding est particulièrement puissante : "Je n'ai pas de tête...!"  Si révoltant qu'il paraisse au premier abord, l'auteur maintient son postulat, en fait le tour, y revient jusqu'au moment où ( comme pour les koans qui semblent également absurdes) une barrière se brise et nous voyons, non pas quelque chose de différent, mais d'une façon nouvelle.
Huston Smith  Philosophe

* John Blofeld, écrivain anglais célèbre pour sa présentation des maîtres Zen et sa traduction du yijing. Sur la fin de sa vie, il a beaucoup soutenu Tenzin Palmo dont il a été question plusieurs fois sur le Blog. Le monde est petit.
PS: pour celle ou celui qui n'aurait pas encore lu le livre de Douglas, il existe bien sûr en traduction française sous le titre " Vivre sans tête".





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3 commentaires:

Anonyme a dit…

A lire, en faisant les expériences proposées par Douglas, sinon juste un avoir "spirituel" en plus!!!
J-P gepetto

yannick a dit…

Perhaps "on being no head"...

jmarc a dit…

Je garde un souvenir ému de ce jour où lors d'une méditation guidée par un certain Ipapy, les 2 mots "distance zéro" ont fait exploser la prison du moi pour amener la conscience dans ce merveilleux "vide-plein", comme une rupture de niveau. Depuis, même si les exercices de Douglas, les tentatives menées pour retrouver ce paradis perdu n'ont pas permis de retrouver cet état, cet événement est devenu fondamental. "Ils ont vu et ils ont cru"