mardi 15 mai 2018

Le passage des cols


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Photo Catherine D (2017)
C'est un moment particulier dans un trek. Le nôtre lors du voyage de août-septembre 2017, celui du Sham, les Ladhakis l'appellent le baby-trek, certains groupes l'utilisent comme mise en jambe avant d'attaquer les choses sérieuses... Mais pour notre groupe de 11 femmes dont certaines étaient peu entraînées, ce n'était pas rien. D'autant que notre intention n'était pas l'exploit sportif mais la marche en silence, une façon d'être seules et ensemble dans l'effort et la contemplation des paysages de désert d'altitude du Ladakh. 



D'après une photo de Catherine D (2017)

Au début de la montée, nous sommes 13 individus – notre groupe et Motup, le guide, ainsi que Clément qui ferme la marche – chacun dans son monde de pensées et d'émotions liées à la perspective de la marche. Au fur et à mesure de la montée, chacun est amené à sortir de son monde : les sensations, l'effort, le cœur qui cogne, assourdissant, le souffle que l'on cherche à chaque pas, tout ramène à un ici et maintenant qui ne laisse pas de place au vagabondage des pensées. Ceux qui sont plus à l'aise se tournent naturellement vers les autres pour un encouragement, une pause bienvenue, un coup de pousse. On s'attend, on « sent » celle qui flanche dernière ou devant. Les moi sont encore séparés mais reliés par un champ énergétique invisible. Parfois, c'est un appel lancé : l'une d'entre nous a une crise panique de vertige. Impossible de faire demi tour. Les mains se tendent, celle de Motup devant, celle d'Elvie derrière et le bâton de Catherine qui fait une fine rambarde côté précipice. De moins en moins de mots. Il y a « juste ce pas ». Le col est parfois visible de loin, parfois, il surgit au détour d'un lacet.


Photo Marie-Jo DG (2017)
Le col où nous attend la trace de ceux qui sont passés avant nous, un cairn, deux piquets entre lesquels sont tendus des drapeaux de prière qui claquent dans le vent vif. Et l'Infini, l'infini des montagnes à perte de vue, l'infini du ciel en miroir à l'Infini intérieur. L'unité d'un groupe soudé par l'effort, en écho au UN.


Photo de Véronique Fabart ( 2015)  

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5 commentaires:

M-Jose a dit…

Gratitude....
Catherine D, Ghislaine ,Jenny et Mjo

Unknown a dit…

Magnifique!

Sylvie P. a dit…

Merci beaucoup pour ce partage qui me touche profondément ! Qui en est la signataire SVP ? Jenny ?

Corinne a dit…

Corinne.

Anonyme a dit…

Tout ça est bien joli, mais ... pourquoi donc ce besoin d'aller à l'autre bout de la planète ? Ces charmantes dames ont-elles idée de l'impact écologique de leur recherche de convivialité, de spiritualité et que sais-je d'autre ? Pourquoi ne se sont-elles pas contentées du chemin de Saint Jacques, par exemple ? En plus c'est à la mode... Mais peut-être l'ont-elles déjà FAIT ...
Bien à vous, Papy Michel.