jeudi 7 juin 2007

Le Hoggar : avant, pendant, depuis, maintenant...


Il y a eu l’enthousiasme ! Celui de saisir ce dont je rêvais depuis longtemps : marcher dans le désert ! Il y a eu l’opportunité ! Celle de ce cadeau que la Vie m’offrait : réaliser ce rêve… grâce à Alain qui me guide lors de mes séjours . Il y a eu la joie de découvrir l’instigatrice du projet. L’instigatrice du projet… dans ce lieu, l’Algérie, le Hoggar ! Corinne.
Et puis, est venu le temps de l’annonce à mes proches, certains fascinés, d’autres incrédules, d’autres interrogatifs : « une marche méditative ? Marcher, bon ! 120 kms en une semaine, bon ! Mais en silence ! ? ». Rien, pourtant, ne pouvait entamer ma détermination. Il s’agissait juste de faire avec mes peurs devant quelques soucis de santé. Il s’agissait juste (!) d’accepter, d’accueillir, encore et encore, une peine de cœur !
Et votre âme ? Trois mois avant de partir, j’aurais bien dit avec le poète Tardieu : « mon âme ? elle est malade, elle a mangé trop de salade ! »

Alors, j’ai tendu tout mon cœur, tout mon corps, toute mon âme vers ce but : vivre les enseignements avec la promesse d’une incroyable aventure de « polissoir d’Ego », d’un possible « Retour à l’Essentiel ».

Alors, il y a eu la longue préparation physique, si nécessaire, pour moi trop sédentaire : une marche matinale, au lever du soleil, une marche quotidienne, régulière, pour remettre la machine en route et découvrir non que Je marche mais que ça marche ! Ainsi, les semaines, les mois se sont écoulés, à faire avec soi, à être confiante avec et malgré tout. Pas un jour sans y penser, sans compléter la liste des achats et puis mettre le mot « fin » aux démarches administratives.. Alors, est venu un autre temps. Celui de l’impatience, un peu fébrile, les jours que l’on comptait à rebours. J-2, J-1, le sac, le grand, le petit, bouclés. Le départ. Retrouver à Roissy ses futurs compagnons de route et s’envoler. Joie !

Un dimanche de mars, choisir d’entrer dans la lenteur. L’immensité devant soi, derrière soi, tout autour, partout. Le silence. La majesté de chemins de pierre, encore et encore, jour après jour, la rudesse de monts tout en roc. Une beauté implacable. De lieu en lieu, du « ventre du ciel » à la montagne en « cœur », de petites pierres en cailloux, de caillasses en rochers, chaque jour, un peu plus, un peu mieux, entrer dans la lenteur, être silence. Redécouvrir son âme d’enfant. Heure après heure, instant après instant, suivre notre guide Entayent, aux semelles de vent, sage parmi les sages, juste, à chaque pas, dans chaque geste, chaque parole, chaque silence. Etre ici et maintenant. Etre silence. Gratitude, confiance.

Le retour à Paris fut difficile, rude, abrupt. Comme une autre montée à l’Assekrem ! Alors, retrouver la lenteur ! Penser à la leçon d’Alain, de Jacques ! A petit pas, à pas lent, très lent !
Sur le quai du métro une publicité de voyage semblait même s’adresser à moi « sentir le monde palpiter en soi ». Quand je suis trop happée, trop dans le tourbillon de la vie, je convoque quelques images du Hoggar. Je me recentre. La force de l’expérience, le groupe, Corinne, Alain, Entayent m’accompagnent. Je revois la noblesse du lieu, celle de notre guide, humble et fier à la fois, tout entier dans la verticalité de cet univers minéral.Toujours, ni avant, ni après l’instant. Juste, impeccablement, présent à ce qui est. Et je reviens à l’Essentiel.
Deux mois après, depuis, maintenant, un peu mieux, autrement qu’avant, je fais mienne les paroles de Pierre Loti. Elles racontaient le désert, elles me parlent désormais de la Vie, elles guident mon existence « Connaître au réveil, l’insouciante ivresse de seulement respirer, de seulement vivre…cheminer, cheminer, cheminer toujours ».

Martine Lacour, 7 juin 2007

11 commentaires:

fishfish a dit…

merci martine, cela me fouette l'exigence

greglo a dit…

C'est un très beau texte à mon goût! On y sent l'exigence, la vie intérieure foisonnante... quelle belle expérience ça a dû être! quelle nourriture!
Merci Martine

Corinne a dit…

Merci Martine pour ce beau témoignage qui me touche beaucoup.J'y trouve l'écho de ma propre expérience.Communauté d'intention,partage aussi : la Shanga à l'oeuvre !!

ipapy a dit…

Aussitôt arrivé, aussitôt publié, rapide le ipapy malgré son lumbago. J'aime beaucoup ton texte Martine. C'était une belle surprise en ouvrant l'ordi ce matin. A samedi............

Anonyme a dit…

Ds le super témoignage de Martine,il y a une phrase qui me correspond bien.C'est remettre la machine en marche.
Je réapprend à marcher actuellement suite à un accident et ce qui tu dit me va droit au coeur!
"Ne crains pas d'avancer lentement,crains seulement de t'arrêter."proverbe chinois.

Anonyme a dit…

très émue par ce texte : du ressenti "impeccable", simple et grand ...bel exemple !
e-sororité avec une autre Martine qui cite Tardieu et sa fameuse et belle phrase de "comment ça va sur la terre?"...
Dans une si belle et rayonnante sangha, cela va mieux...en cheminant ! "Carrément" !
merci Martine
Martine B.

Anonyme a dit…

Quelle grandeur à l'oeuvre dans chaque petit pas! Merci.

Anonyme a dit…

merci pour le cadeau,ça vibre toujours autant a l'interieur quand on évoque ce voyage
c'etait celui d'avant,et pourtant je me sens touché au meme endroit; mes mots rejoingnent ceux de corinne...........
michel

Stéphane a dit…

Je sens le rythme de ta progression quotidienne en lisant ce texte.
Merci Martine.

Anonyme a dit…

Merci pour ton temoignage... j'en ai les larmes aux yeux.
Merci d'etre arrivee en haut, c'etait un vrai cadeau.
Amities
Jacques

Anonyme a dit…

Cela m'encourage pour me lancer à mon tour. Belle route à toi.
J-P gepetto