La veille du départ !
Conformément aux habitudes familiales du samedi matin, je prends le petit déjeuner dans une pâtisserie avec mon frère. Oui, mais aujourd’hui, dans une heure, je prends le train pour aller à Marseille d’où aura lieu le départ vers l’Algérie le dimanche.
Et qui vois-je arriver ?
Mon autre frère, et mon oncle, bref, toute ma famille «consanguine»
Belle surprise.
Inquiets eux ? Mais non, une marque d’amour !
Et me voilà partie vers ?????…..
Vers quoi ou plutôt vers qui ? Où est l’intérieur, où est l’extérieur ?
Premier constat, Alain sait faire soft (doux).
Ce voyage a, certes, demandé de l’énergie mais la durée maximale de marche a été de 5h30 et ce n’est arrivé qu’une fois. 3-4 heures de marche par jour, c’est faisable. Ceci dit «crapahuter» dans des 4X4 demande aussi de l’énergie. Une condition physique moyenne est donc une condition nécessaire mais une condition physique moyenne suffit.
Quelques temps forts du voyage pour moi:
Pour commencer, ce voyage a été léger, nous avons beaucoup ri (et un peu pleuré). Les jeux de mot et d’esprit ont fusé.
Ne pas nous prendre au sérieux, YES
Ce qui m’a touchée:
la nature, moi qui n’avais jamais dormi à la belle étoile, dès le deuxième soir, nous avons osé ! Pour moi, ça a été magique.
Dormir sans toit, sans protection, avec, pour unique décor, la voute céleste, toutes les étoiles, la lune décroissante, pour moi, une découverte, un émerveillement, magique je dis.
La première nuit, j’avais du mal à fermer les yeux tellement je voulais profiter du paysage.
L’infini au dessus de moi, moi si petite mais aussi partie de cet infini.
Une vibration intense de faire partie du TOUT, de m’y noyer.
Ensuite, il y eu le vent, le sable.
Un soir nous avons découvert un nouveau soin esthétique, le peeling au sable.
Une tempête de sable nous avait assaillis, nous avions du sable partout. J’ai goûté cette sensation. A la fois résister à la tentation de monter la tente, se laisser pénétrer par les éléments déchaînés .Le vent avait transformé le sac de couchage en voile de bateau.
Au niveau émotionnel, j’ai laissé dans l’ascension vers l’Assekrem la petite fille meurtrie, blessée. Après des années de thérapie, j’ai pu ressentir et exprimer la douleur que je n’avais jamais pu ressentir jusque là. Là dans ce désert de pierre, milieu austère, décapant mais puissant, «ça» a lâché.
Reste une étape à franchir, celle du pardon. Je fais confiance.
Mon personnage mystique n’a pas été oublié.
La messe au sommet de l’Assekrem, dans une chapelle minuscule où à 10, nous étions presque à l’étroit. Frère Ventura, dans un lieu fondé pour Charles de Foucault, par des paroles simples et justes, m’a touchée aux larmes. Son message sur le témoignage de fraternité laissé par Charles de Foucault et si bien incarné par lui-même, le frère Edouard et les Touaregs et de par sa simplicité même et son dépouillement, très émouvant.
Frère Ventura ne possède rien et pourtant il a TOUT.
Les Touaregs, nos accompagnateurs.
Pour moi, dans une société occidentale où valeurs féminines et masculines sont malmenées, sont souvent imbriquées, voir ces hommes beaux, fiers, en communion avec l’univers qui les entoure, m’a impressionnée.
De vrais hommes, des hommes vrais.
En même temps, ils rangent, ils cuisinent, épluchent les légumes, sans rien perdre de cet axe masculin.
Et quelle douceur lorsque notre guide, Intayent, prend sur ses hanches un des petits du campement, allier force et douceur, quel exemple.
En conclusion, merci à Corinne et Alain, les inspirateurs du groupe et très simplement merci à chacun des participants qui, chacun à sa manière, a fait que ce voyage soit pour moi un vrai voyage initiatique.
Martine