mardi 23 octobre 2012

Scènes de métro à Delhi





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Ce matin en allant à Majnu Ka Tilla, le quartier tibétain du nord de Delhi, je me suis demandée si ça n’était pas le métro qui rendait les gens maussades. Les indiens en général souriants et volubiles étaient soudain silencieux, visages fermés,  regards vagues, certains perdus dans la musique de leurs oreillettes, d’autres plongés dans la rédaction d’un sms ou la lecture d’un livre : on se serait cru à Paris. À ceci près cependant que lorsque je suis sortie de la rame, une mince jeune fille au visage réjoui derrière ses grosses lunettes m’a courru après :
-       Excuse me mam, are you foreigner ?
-       Yes
-       What country ?
-       France.
-       Ah !
Encore plus grand sourire si c’est possible et petit dodelinement de la tête… La conversation s’est arrêtée là car je crois son anglais et ma compréhension de son accent ne pouvaient aller plus loin.
Le voyage de retour m’a confirmé que j’étais bien à Delhi et non à Paris. Il faut dire que j’ai pris les rames  pour « Women only ». Et là, c’est un autre monde. Nous sommes nombreuses, tous les âges, toutes les couleurs, ça brille de partout, ça piaille comme dans une volière. Les enfants passent de bras en bras. Les jeunes écolières rentrent et sortent en bandes virevoletantes et parfumées. Un/une hijra (1) immense et maigre, aux boucles d’oreilles sonores entre dans la rame et demande quelque chose d’une voix grave. On lui répond très naturellement. Deux jeunes gens ont le malheur de s’être égarés ici et ils sont houspillés tranquillement par une matronne qui leur indique le wagon suivant. Pas besoin de parler hindi pour comprendre  qu’ils se sont fait gentiment remettre à leur place… 



(1) Les hijras existent en Inde depuis des siècles et ne se considèrent comme ni homme ni femme. En général ce sont des hommes qui se sont fait castrer à l’adolescence, mais il y a aussi des hermaphrodites. Les hijras sont invités aux mariages où il/elles chantent et dansent pour assurer la fertilité du couple. On les craint car on dit qu’ils peuvent jeter des sorts. Ils/elles vivent en communautés hiérarchisées et souvent mendient ou se prostituent.


2 commentaires:

Julie a dit…

C'est vraiment chouette de passer un moment avec toi ! ;-) Je t'embrasse fort

JérÔMe a dit…

oui, c'est le metro, et pas autre chose.
Question d'énergie, de ressenti. Est-il naturel de blesser la
Mère (Terre) en lui créant des antres noirs pour s'y déplacer? C'est comme une forme de viol de notre Mère Nature, que notre esprit divin ressent très bien, d'où la tristesse sur les visages dans tous les métros du monde...Le regard de l'adolescent, celui qui n'a pas respecté sa Mère. Notre Mère Divine nous pardonne bien sûr à l'heure du retournement ultime vers l'Être du Père que nous faisons en ce moment...Surprenant commentaire ?
Sans doute, mais ressenti si fort au coeur donc ...juste.
Om Shanti, sois bénie Corinne. Je t'aime, autre moi-même.
J