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Les Védas
sont des textes sacrés contenant le savoir révélé aux premiers
Rishis (voyants) fondateurs de la tradition hindoue. Ce Livre a été compilé entre 2000 et 500 ans avant notre ère par le sage Vyasa. L'AyurVeda ou savoir, connaissance à propos de la vie est la science médicale traditionnelle inspirée des Vedas . C'est à Yann
Le Boucher que je dois cette courte introduction. Merci Yann.
Je n'ai
jamais lu les textes de l'Ayurvéda et je ne suis ni praticienne ni
médecin ayurvédique, je suis simplement les recommandations d'un
médecin ayurvédique indien et c'est à ce titre que je partage ce
que j'ai pu observer de la manière dont l'ayurvéda s'expérimente
dans le quotidien. C'est souvent assez difficile à expliquer car
notre mentalité occidentale a une certaine vision de la médecine,
de la santé et de la maladie qui ne correspond pas à la vision de
l'Ayurvéda.
L'ayurvéda
n'est pas seulement une médecine au sens occidental du terme. Dans
nos sociétés, la médecine est essentiellement orientée vers la
lutte contre les maladies. Il ne viendrait à personne l'idée
d'aller consulter un médecin en période de bonne santé. Par
ailleurs, l'alimentation et le style de vie sont considérés comme
une affaire de goût personnel et culturel qui ne sont pas du
ressort du médecin. Sauf cas particulier le médecin ne donne pas de
conseils alimentaires et il suffit de voir ce que l'on donne à
manger aux malades dans les hôpitaux pour comprendre la pauvreté du
lien qui existe dans nos représentations occidentales entre ce que
nous mangeons et notre état de santé !
La
pensée occidentale moderne procède par division et spécialisation
du savoir. Elle peut de ce fait atteindre l'excellence dans un
domaine très précis mais souffre d'une sorte de myopie : les
liens entre les différents domaines ne sont plus perçus parfois
même en dépit du simple bon sens. Tout conducteur de voiture sait
que le fonctionnement de son véhicule dépend de la qualité et de
la pertinence du carburant dont il le « nourrit ». Notre
corps et notre psychisme sont bien plus sophistiqués qu'une simple
voiture mais sont cependant nos véhicules d'incarnation. Leur état
dépend de ce qui les nourrit. Et nous avons la responsabilité de
ces nourritures. Ce n'est pas une idée très répandue chez nous .
Pour un
médecin ayurvédique imprégné de pensée orientale, une vision
globale du patient qui allie le corps, l'âme et l'esprit est une
évidence. Cette vision tient compte du sexe et de l'âge de la
personne, de sa culture et de son histoire personnelle, de son
environnement de vie, de ses habitudes alimentaires et, dans le
détail, de ce qui fait son existence au quotidien.
Il existe
dans l'ayurvéda, une pharmacopée et des techniques de soins précis
correspondant non pas à des maladies mais à un déséquilibre
propre à une personne à un moment donné. Ce déséquilibre est
évalué par le médecin par comparaison avec l'équilibre de base de
cette personne particulière, qui est une proportion chiffrée des
trois énergies fondamentales du corps : vata, pitta et kapha.
Un déséquilibre des trois dosha (vata, pitta, kapha) a pour
conséquence un certain nombre de symptômes que l'on appelle des
maladies, mais ce que le médecin va traiter c'est une personne.
L'ayurvéda considère d'ailleurs que l’apparition des symptômes
est le sixième stade de la maladie, il s'intéresse donc à la bonne
santé de la personne en premier lieu. Et c'est pour cette raison que
l'on consulte un médecin ayurvédique même en l'absence de
« maladie ». On va chercher auprès de lui non seulement
une aide pour notre corps et notre mental en cas de dysfonctionnement
avéré et étiqueté maladie mais simplement pour être en bonne
santé.
Or la
plupart du temps nous considérons à tort que la bonne santé est
l'absence de maladie. Nous sommes tellement obnubilés par la maladie
que nous en oublions de nous interroger sur la santé. L'ayurvéda
s'intéresse de très près à ce qu'est la bonne santé et les
questionnaires auxquels j'ai eu à répondre quotidiennement au cours
d'une cure en Inde précisent les domaines dans lesquels nous avons à
nous interroger. Des questions très simples qui concernent la
qualité de l' énergie, de l'appétit, de la digestion, de
l'élimination et du sommeil.
En fait
en étant un peu attentif nous savons tous si nous disposons d'une
bonne énergie physique et mentale . Cette bonne énergie n'est
pas l'absence de fatigue après un effort bien sûr mais cette
sensation de vie profonde qui fait que nous savons, qu'à leur
mesure, notre corps et notre intellect vont répondre au mieux à la
demande d'une situation. Nous savons aussi ce qu'est un bon appétit
qui manifeste la vie et non un déséquilibre de compensation. Et il
se peut aussi que nous ayons une idée de ce que sont une bonne
digestion c'est à dire une digestion sans fatigue, j'allais dire
sans « symptômes », une bonne élimination, régulière
et un bon sommeil, profond et réparateur.
Cette
connaissance de ce qu'est le bon fonctionnement de notre corps c'est
la mémoire de ce que l'ayurvéda nomme notre prakriti ou notre
nature d'équilibre. Nous naissons tous en effet avec une « fiche
technique » qui est, pour chacun, un certain équilibre
doshique. Le cours d'une existence humaine et beaucoup de mauvaises
habitudes alimentaires, émotionnelles et mentales nous font dériver
de notre prakriti, notre nature de santé. C'est cette lente dérive
qui donnera plus tard des maladies. Arrivés à un certain âge, et
en l'absence de symptômes de maladie caractérisés, ce que nous
expérimentons comme « une bonne santé » est souvent
bien relatif et s'apparente plus à ce dont nous avons l'habitude
qu'à une réelle bonne santé. Je me souviens d'une personne
revenant d'Inde et qui était tellement contente de ne pas avoir été
malade ! Un peu plus loin dans notre conversation elle me dit
avoir souffert de constipation. Et j'ai bien compris que dans sa tête
une « tourista » était une maladie mais pas la
constipation qui devait lui être assez connue. Moi-même, j'ai revu
mes critères de bonne digestion. Je considérais comme normale la
petite fatigue d'après le repas et quelques sensations de lourdeur
ou de ballonnement liés à la digestion. L'expérience dans
certaines conditions privilégiées de ce que peut être une
meilleure digestion m'a fait reconsidérer ce qui est « normal »
ou pas !
Vous
l'avez compris, un praticien en Ayurvéda ne donne pas seulement de
petites pilules ou des poudres, il indique une alimentation adéquate,
des auto-massages ( abyanga)quotidiens avec des huiles adaptées,
des pratiques respiratoires issues du yoga et quelques postures
simples. Ceci est pour le « contenu ». Un élément
essentiel est la manière. Vous pouvez avoir devant vous un plat
ayurvédique techniquement impeccable, s'il a été préparé dans la
précipitation par un cuisinier ou une cuisinière distraite, tendue,
préoccupée par autre chose que ce qu'il ou elle est en train de
faire, sa « valeur » énergétique au sens large s'en
trouve appauvrie.
En fait
l'ayurvéda tient compte de manière très fine de toutes les
nourritures d'impression. Ce que nous mangeons n'est pas seulement
une combinaison de glucide de lipides, de protéines ..etc. Ce que
nous mangeons est imprégné de l'énergie du paysan qui a cultivé
la terre, de celui qui a produit les graines, de toute cette chaîne
humaine qui du cultivateur au cuisinier en passant par le
transporteur et le commerçant a fait que ce plat se trouve devant
nous. Et nous sommes le dernier maillon de la chaîne : la façon
dont nous allons manger ce plat modifie sa qualité. Est-ce que nous
le mangeons vite fait, en regardant la série de catastrophes
qu'égrainent les informations à la télévision, dans une atmosphère
tendue ? Ou est-ce que nous avons pris le temps de remercier
avant le repas toutes les personnes qui l'ont rendu possible, est-ce
que nous le savourons dans la bonne humeur et la détente en prenant
notre temps ? Vous sentez la différence ? C'est la même
que la différence de goût du poulet élevé en batterie, tué
dans le bruit et la fureur d'un abattoir industriel, débité dans
une usine par des ouvriers ou des ouvrières tendues par des
conditions de travail inhumaines, cuisiné à la chaîne, sans soin
et le poulet du fermier d'à côté, tué et plumé tranquillement et
cuit avec amour pour des convives attendus.
Quelle
nourriture d'impression absorbons nous dans notre nourriture
physique ? Du stress de la peur et de l'indifférence ou du
respect et de l'amour ?
Rares
sont ceux d'entre nous qui ont la possibilité de savoir exactement
d'où vient la nourriture qu'ils consomment. Le but est de faire « au
mieux ». Pas de perfectionnisme qui s'accompagne en général
de son contraire le laisser aller : je suis à la lettre les
recommandations, je veux « contrôler » toute la chaîne
et lorsque je m'aperçois que ce n'est pas possible, je laisse tout
tomber. La perfection n'est que du domaine de l'Esprit. Les
nourritures d'impression appartiennent au relatif.
Dans le
relatif, tranquillement, comment aller vers une manière de se
nourrir et de vivre que nous sentons la plus juste possible ?
Et cette intention que nous gardons avec patience et bienveillance
en arrière plan de nos actes peut nous aider à être en bonne
santé, dans le relatif. Elle ne nous garantit de rien, elle n'évite
pas toutes les maladies, elle ne nous fera pas échapper à la mort.
Elle n'est pas un contrôle fondé sur notre peur de la dégradation.
Cette intention est une manière de respecter et d'honorer le corps
et l'âme qui nous ont été prêtés durant notre séjour sur terre.
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7 commentaires:
Merci Corinne pour ce texte
Bonne journée
Patrick
Gratitude pour ton texte "nourrissant".
JP gepetto
Merci pour ce temps passé au partage.J'ai la chance de pouvoir me nourrir avec des aliments qui ont étés choyés jusqu'à leur récolte. Je les sens "contents", c'est subtil mais ils me mettent en joie !
Belle journée à vous
Anouk
Merci Corinne pour ce magnifique partage. Nous venons de " perdre " pour cause de retraite , notre médecin de famille, 30 ans de compagnonnage, et nous avons été avant-hier consulter une doctoresse d'une " maison médicale ", conseillée par notre ancien docteur. Un quart d'heure plus tard je suis ressortie avec des ordonnances d'analyse et d'examen qui auraient pu m'être délivrées par mon frigo s'il avait fait des études médicales. Donc nous venons de décider d'être le moins malade possible, c'est à dire de prévenir et de prendre soin. Mais ce n'est pas facile.Cette médecine sans âme est remboursée, l'autre non, et ce n'est pas le moindre problème. Merci. Nous t'embrassons
Anne et Fabian
Oups Corinne !
Ce n'est certainement pas moi qui t'ai dit que l'un des 4 védas s'appelait l'Ayur-Véda car c'est une grosse bêtise. Tu as probablement confondu Jayur véda et Ayur Veda.
Jayur véda = le 3ème des 4 livres formant les Védas
Ayur véda = science médicale traditionnelle inspirée par les Védas (mais dont les textes ne sont pas considérés comme "révélés", contrairement aux Védas).
A part cela, ton article est, comme toujours, fort bien fait.
Chaleureusement à toi
Yann Le Boucher
Re oups, Corinne
C'est à mon tour d'écrire une bêtise :
Le 3ème véda s'appelle le Yajur-Veda et non le Jayur-Véda comme écrit précédemment par dyslexie...
Yann Le Boucher
Je corrige tout de suite, Yann. Merci
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