Hier samedi, nous étions à Chamonix. Nous y étions pour les obsèques d'une amie qui nous a quitté tragiquement. La cérémonie fut belle, sobre, généreuse et évidemment émouvante. Je n'étais pas retourné dans cette grandiose vallée depuis l'été 1972. J'étais tombé amoureux de cette montagne mais à partir de 73 les vacances furent réservées aux séjours en Inde et après ce fut Ardenne. Hier après-midi en quittant les amis réunis nous avons décidé malgré une météo incertaine de "monter" à la Mer de Glace en empruntant le fameux petit train rouge à crémaillère. Paysage grandiose, même si, là aussi le réchauffement général fait cruellement son oeuvre.Regardez les photos une de 1916, l'autre de 2001, impressionnant! En redescendant dans le train, entouré d'alpinistes bronzés et harnachés, je me disais que notre présence en ce lieu et à ce moment était totalement improbable 48 heures auparavant. Et pourtant nous y étions, sans avoir décidé de venir, puisque sans ce départ douloureux, nous ne serions pas venus à Chamonix ce samedi 26 mai 2007. J'ai eu comme parfois une espèce de vertige à réaliser à quel point tout est lié dans l' univers, et à quel point moi Alain, je ne décide rien. Je disais alors à Corinne que si la prise de conscience de cette absolue interconnexion était totale, ce serait la Libération. "To be free from: I am the doer illusion" répètent les indiens. Être libre de l'illusion je suis l'Auteur des actions. Il y aurait juste la perception de maintenant, la conscience des actions en cours et à certains moments le souvenir d'autres "maintenant" devenus le passé sans que cela génère de l'émotion. Ce n'est pas"pour moi" une expérience stable, mais je sais que c'est possible. Je côtoie tous les jours une personne qui me prouve qu'il est possible de vivre ainsi, sans penser inutilement.
Bon dimanche les amis. Vous allez décider en toute liberté de faire aujourd'hui ce que vous ne pouvez pas ne pas faire.
10 commentaires:
Avez vous remarqué comme la mer de glace
est sale, gris-jaune, polluée ?
Oui, très sale et très polluée. A de rares endroits des crevasses laissent deviner la beauté maintenant invisible.
Thank you iPaps, pour ce très beau texte où mort des choses limitées renvoient à l'éternel illimité, présent ici, maintenant, toujours. Le glacier s'en va, Ardenne est partie, tout change. Où cela va-t-il? Là où cela ne peut pas ne pas aller. Ici, au centre, se trouve toujours l'accueil de tout ce changement. Vie et mort, là-bas, au dehors. Vie, vie, vie et vie, ici-même où je me trouve, là où ne saurait demeurer la moindre parcelle de mort.
Un très beau post, je trouve!
Bonne journée à tous! Bonne pratique!
Ton témoignage me touche beaucoup, Alain. "Expérimenter" que nous ne sommes pas les auteurs de nos pensées, de nos actions est effectivement possible au quotidien, et dans ces instants de prise de conscience, de Présence, "faire comme si" ne reste pas qu'un concept.
Merci et bon dimanche à toi et Corinne,et à tous aussi !
Oui Alain, ton post ne me laisse pas de glace et je vais tenter de fondre un peu plus par le réchauffement intérieur !
merci de ce témoignage sur les interconnections et le fait que ns ne sommes pas "l'auteur de"...,
mais seulement le canal à travers lequel CELA peut passer ...
La seule liberté est d'être le plus présent possible à la VIE qui vit à travers nous .
Tu es , par ces témoignages de Présence , une invitation à être canal ...bonne journée à corinne et toi ... et à tous .
Hé oui, Même les montagnes naissent, vivent et meurent.
" Nous ne sommes que venus dormir, Nous ne sommes que venus rêver !
Est-il vrai, est-ce possible que nous soyons venus sur la terre pour y vivre ?
Ainsi que l'herbe à chaque printemps, nous nous transformons :
Elle reverdit, elle jette ses bourgeons, tout comme notre cœur.
A peine notre corps a-t-il fait quelques fleurs
Qu'il s'en retrouve tout flétri..."
"La vie est un songe". Poème aztèque
bonjour à tous
jean-marc
Curieusement, on peut voir sur les deux photos que les différents glaciers suspendus n'ont pas tous réduits dans les même proportions. les grands charmoz a droite, le mont mallet au dessus et le linceul tout au fond sur la partie gauche des grandes jorasses.
jmarc
Et c'est pas trop difficile de s'attrister sur la disparition des glaciers et en même temps de "soutenir" la F1 avec ses 75 l au cent ?
ah là là tous ces personnages contradictoires qui vivent dans l'illusion qu'ils décident de leurs actions.
Merci pour ce beau texte
Curieusement, l'idée de ne pas être celle qui décide de ses actions mais d'être en quelque sorte "agie" par la vie me procure toujours une intense sensation de liberté, une vraie jubilation intérieure. Et c'est bon.
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