J’aime rouler en moto la nuit, c’est une méditation solitaire que j’aime partager.
Ce soir, alors que nous partons de Valence, je suis étonné par le chant velouté de la Seven Fifty, qui caresse la place endormie et roule doucement sur le pavage blanc. Une hésitation esthétique, et j’appuie sur le bouton rouge du démarreur de mon mono, plus rural et agressif.
Un feu tricolore nous rassemble, je regarde Alain à côté de moi, et je me demande si lui aussi se sent atteint du syndrome « Joe Bar team », et se prépare comme moi à essorer la poignée, pour s’élancer au-dessus du Rhône qui coule noir comme le Styx.
Mais l’accélération est rarement partagée, elle est trop ténue, trop violente, trop insaisissable. Je me retrouve seul. Ce n’est pas le but de cette sortie, ce que l’on peut partager, c’est la vitesse, cette immobilité dans le vent.
Quelques rond-points bien balancés nous amènent sur la route, qui trouve son chemin serré entre les contreforts de l’Ardèche et le Rhône. Je me place derrière Alain, décalé sur la gauche, et je goûte à la communauté que nous formons à cet instant, dans la nuit éclairée par nos seuls phares, partageant la même direction et la même vitesse. Je me repose dans l’intensité tranquille de cet instant de fraternité.
Tout à coup j’aperçois un mouvement, c’est le jean de mon compagnon qui faseille comme une voile abandonnée à la tempête. L’air dans lequel nous évoluons devient subitement présent, son roucoulement sur mon casque, la façon dont il titille aussi mon jean. J’éprouve la sensation complexe qui étreint mon blouson : ici, il est plaqué sur les côtes, et là il est aspiré sur ma poitrine. L’air autour de moi devient omniprésent, mystérieux, agressif.
J’essaie de comprendre, de m’imaginer ses tourbillons et les lames de vents heurtant le saute-vent, se compressant, se transformant en tourbillons minces et fugitifs. Très vite tout cela me dépasse, prend toute la place dans mon esprit.
Alors j’abandonne et je retourne à la nuit. Vide et accueillante. Nos routes se séparent, et je continue la mienne.
Jean-Baptiste
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Ce soir, alors que nous partons de Valence, je suis étonné par le chant velouté de la Seven Fifty, qui caresse la place endormie et roule doucement sur le pavage blanc. Une hésitation esthétique, et j’appuie sur le bouton rouge du démarreur de mon mono, plus rural et agressif.
Un feu tricolore nous rassemble, je regarde Alain à côté de moi, et je me demande si lui aussi se sent atteint du syndrome « Joe Bar team », et se prépare comme moi à essorer la poignée, pour s’élancer au-dessus du Rhône qui coule noir comme le Styx.
Mais l’accélération est rarement partagée, elle est trop ténue, trop violente, trop insaisissable. Je me retrouve seul. Ce n’est pas le but de cette sortie, ce que l’on peut partager, c’est la vitesse, cette immobilité dans le vent.
Quelques rond-points bien balancés nous amènent sur la route, qui trouve son chemin serré entre les contreforts de l’Ardèche et le Rhône. Je me place derrière Alain, décalé sur la gauche, et je goûte à la communauté que nous formons à cet instant, dans la nuit éclairée par nos seuls phares, partageant la même direction et la même vitesse. Je me repose dans l’intensité tranquille de cet instant de fraternité.
Tout à coup j’aperçois un mouvement, c’est le jean de mon compagnon qui faseille comme une voile abandonnée à la tempête. L’air dans lequel nous évoluons devient subitement présent, son roucoulement sur mon casque, la façon dont il titille aussi mon jean. J’éprouve la sensation complexe qui étreint mon blouson : ici, il est plaqué sur les côtes, et là il est aspiré sur ma poitrine. L’air autour de moi devient omniprésent, mystérieux, agressif.
J’essaie de comprendre, de m’imaginer ses tourbillons et les lames de vents heurtant le saute-vent, se compressant, se transformant en tourbillons minces et fugitifs. Très vite tout cela me dépasse, prend toute la place dans mon esprit.
Alors j’abandonne et je retourne à la nuit. Vide et accueillante. Nos routes se séparent, et je continue la mienne.
Jean-Baptiste
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4 commentaires:
Merci JB, j'aime ça aussi.........
humour :
la plaque minéralogique effacée
c'est pour éviter d'être flashé de dos, n'est-ce-pas ?
"si la photo est bonne" ..........
je présume que la ballade fut de toute évidence un grand moment , sympa je constate que la journée ne suffit plus à assouvir la passion il convient désormais d'y ajouter la nuit avec ses parfums d'une toute autre nature quelle richesse cette moto !
le celte
Méditation en moto, cela me fait rêver.
Au p^laisir de te lire à nouveau Jean-Baptiste.
J-P aero-petto
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