jeudi 12 juillet 2012

Le secours de la tradition

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"Par bien des côtés, l'image anthropologique dualiste "Corps et Âme" apparaît telle une drogue qui fausse la vision et entrave l'intelligence. A la manière des narcotiques, elle émousse les sensations, adultère le jugement et endort la conscience. Comme les psychédéliques, elle suscite des images illusoires et des espérances sans fondement. A la façon, enfin, de quasi tous les psychotropes, elle instille jusque dans les fibres les plus ténues de l'âme une accoutumance et une dépendance si puissantes que la guérison ne peut jamais être obtenue sans lutte ni combat, sans épreuve ni sacrifice, sans souffrance ni détresse. 
La métanoïa, la seconde naissance, pour être l'événement le plus merveilleux et le plus enthousiasmant qui se puisse concevoir, pour autant n'advient jamais comme par enchantement. Et si un unique "oui" suffit à l'inaugurer, encore faut-il, pour que cet événement inouï porte les fruits qu'il promet, que ce "oui" engage l'être dans sa profondeur et qu'il exprime un choix définitif. Car, ainsi que l'explique l'apôtre Paul, il y a entre l'esprit et la chair ( entendons entre l'esprit et l'être naturel, l'être "Corps et Âme) un antagonisme essentiel, un antagonisme absolu. Cet antagonisme est si fort et souvent subtil, que vouloir le dépasser sans le secours d'une tradition spirituelle éprouvée fait figure pour l'homme ordinaire de réelle utopie. 
Heureusement, de telles traditions existent qui, par la force des choses, ne peuvent être qu'anciennes et, parmi elles, la tradition du christianisme qui, plus que tout autre me semble-t-il, est susceptible d'offrir au néophyte occidental voulant échapper aux pièges du dualisme, tout l'appui et la force, toute le protection et le réconfort dont il ne manquera pas d'avoir besoin aux heures difficiles de son voyage intérieur vers Celui qui, depuis toujours, l'appelle et l'attend. 
Lorsque l'homme accepte son esprit, c'est à dire s'accepte lui-même, accepte son être, qui pour lui est "JE", qui pour lui est l'Être alors tout, absolument tout se transforme. Non, seulement les réalités sensibles changent : les choses, les être vivants, les faits, les événements, parce qu'ils sont vécus différemment et acquièrent des significations nouvelles, mais aussi les réalités psychiques : les concepts et les notions, les pensées et les idées, les émotions et les sentiments, les désirs et les besoins mêmes. Or ces réalités se métamorphosent jusque dans leur grain le plus subtil. 
Ce changement, je le crois - et, pour parler le language de la science, "j'en formule l'hypothèse"- est celui dont tout homme porte en secret l'inexprimable nostalgie."

Michel Fromaget  Epilogue de l'Homme Tridimensionnel  "Corps, Âme, Esprit"


3 commentaires:

Christian a dit…

Oui, à la réserve près de la promotion pour "le christianisme qui plus que tout autre...".

Acouphene a dit…

C'est bien "adultère le jugement" plutôt que "altère le jugement" ?

ipapy a dit…

Acouphene a dit...
C'est bien "adultère le jugement" plutôt que "altère le jugement" ?

Yes, c'est bien "adultère"