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Le
contact avec Douglas Harding est immédiat, spontané et chaleureux.
J'allai à lui comme on va à la rencontre d'un ami qu'on connaît
depuis toujours, je ne fus pas déçu. Les exercices qu'il préconise
dans son livre « Vivre sans tête » sont d'une simplicité
enfantine mais d'une portée incalculable.
Qu'est-ce
qui me poussait à aller voir Douglas Harding ? Deux petits enfants
qui ne parlent pas la même langue ne sont pas gênés le moins du
monde pour jouer ensemble. Ils se comprennent dès le premier contact
parce qu'ils ne sont pas handicapés par les intrusions du mental. Or
les exercices de Douglas Harding demandent pour être "compris", tout
comme les logia de l'Evangile selon Thomas, l'abandon du mental.
De
cent façons diverses, et toujours avec des images extrêmement
suggestives, Jésus nous invite à chercher la perle unique. Elle se
révèle dans la perception directe ; personne ne peut donc se
substituer à celui qui cherche : je ne peux identifier la perle que
si j'arrive à faire abstraction de ma mémoire, de ma culture, de
mes références, de mon patrimoine héréditaire; ni pensée, ni
raison, ni imagination. Quelle ascèse ! Quelle pauvreté !
A
l'encontre de tant de maîtres et de sages, qui sont riches des
enseignements de leurs traditions, de leurs rites, de leurs
cérémonies, de leurs mythes, de leur histoire qu'ils protègent
respectueusement, du cérémonial qui les entoure aussi désuet que
paralysant, bref, de tout ce qui les entrave au lieu de les libérer,
Douglas Harding, nous apporte un enseignement basé sur la vision
directe, sans référence au passé, souverainement libre à l'égard
du mental. Qu'il effectue des exercices seuls ou avec d'autres,
chacun est son propre maître.
On
nous a traditionnellement présenté un Jésus inaccessible ; on
s'est ingénié à creuser le fossé entre maître et disciple, et,
pour cela, on n'a rien trouvé de mieux que de déclarer urbi et orbi
qu'il était le Fils unique de Dieu. Or Jésus est justement venu
nous enseigner le contraire : «Celui qui boit à ma bouche sera
comme moi ; moi je serai lui. . .» (log. 108). Cette parole est la
clef de l'Evangile selon Thomas, elle nous montre comment faire le
deux Un. Les « passionnés de Thomas » peuvent aborder
sans aucune crainte d'aliénation les exercices de Douglas Harding
car ils constateront d'emblée, malgré les différences de
terminologie, les merveilleuses correspondances entre les deux
enseignements. Le fait qu'ils récusent l'un et l'autre le mental
comme moyen de Connaissance supprime toute distance de temps et
d'espace entre eux : 2 000 ans d'histoires sont abolis comme par
enchantement.
Rien
n'est plus contraire à la saisie directe que l'habitude. Les
exercices de Vision sans tête ont le grand avantage de
court-circuiter l'habitude et de nous permettre de lire les logia
avec un oeil neuf; de vérifier si le mental a lâché prise et si
nous sommes réellement installés dans le lieu de Vie. Peu importe
que Douglas Harding appelle ce lieu le point zéro du temps et de
l'espace, l'important est de vérifier expérimentalement si nous
sommes établis. Divers exercices permettent de le constater avec une
simplicité désarmante. Ils nous donnent les clefs de notre vraie
Nature. Mais, de même que Jésus demande à ceux qui cherchent de ne
pas cesser de chercher, l'auteur de « Vivre sans tête »
nous dit que la vision de notre Vraie Nature n'est opérante que dans
la mesure oh on la pratique. Et le champ d'expérimentation n'est pas
limité à des exercices délimités. C'est peu à peu tout le monde
de la manifestation qui s'offre à celui qui est établi comme
le mouvement revient au repos : constatation qui est plénitude,
celle qui faisait dire à Jésus : « Le Tout est sorti de moi
et le Tout est parvenu à moi »
Une
critique rationnelle, ne manquerait pas de trouver arbitraires nos
rapprochements et nos comparaisons. Qu'il suffise de préciser que
Douglas Harding n'a pas attendu de connaître les travaux de
l'association Métanoia pour trouver dans les logia de l'Evangile
selon Thomas un terrain privilégié d'expériences. Il a prévu
toute une série d'exercices, de jeux et de tests qui jettent une
nouvelle clarté sur les paroles et permettent du même coup une
connaissance accrue de ce qui nous sommes réellement. En laissant
tomber la mémoire, l'imagination et la croyance, on se sent devenir
un tout petit enfant. On éprouve la joie immense de partager un
trésor merveilleux : la perle unique. Elle est la même pour tous.
Mais la trouver, ou plutôt la retrouver car elle constitue l'essence
même de notre nature telle est la raison d'être de l'Evangile selon
Thomas, telle est la raison d'être des exercices de Vivre sans tète.
Le
besoin de redécouvrir des enseignements authentiques semble bien
être un des soucis majeurs de notre temps. Des maîtres, qui se
situent dans la ligne de la métaphysique traditionnelle, sont à
même de nous dire ce que nous sommes réellement. Seulement, il ne
suffit pas de pouvoir le dire ; il ne suffit pas de montrer un but
lointain accessible à de rarissimes privilégiés. La carotte fait
avancer l'âne comme les belles théories font marcher les
idéalistes. Nous voulons vivre tout de suite, ici et maintenant,
quitte à renverser des millénaires de tradition, en supprimant le
sacro-saint respect qui crée le fossé entre enseignant et enseigné.
Jésus n'est pas venu nous apprendre autre chose, néanmoins
l'idéologie des prophètes du devenir fut plus forte. Aujourd'hui,
tout est à nouveau possible avec des chances accrues. Mais la chance
par excellence réside dans la convergence de deux recherches qui
n'en font déjà plus qu'une, car elles conduisent à la même source
bouillonnante ceux qui ont l'esprit d'enfance et peuvent dire avec la
simplicité qui caractérise toute démarche essentielle : JE SUIS.
Emile
Gillabert in Cahier Metanoia n° 16 1978
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3 commentaires:
merci, sauf que c'est difficile à lire avec mon vieux Mac de 2008, qui joue à Mac'Panne facilement.
orange sur fond jaune...
Je reçois ce texte, et je reçois identiquement celui d'Arnaud concernant les voies traditionnelles, car elles m'apportent l'une et l'autre.
Reconnaissance à Alain pour ce texte...
J-P gepetto
Salut Alain,
Un grand merci pour ce texte, que je vais bien sûr mettre sur http://volte-espace.fr/ avec quelques commentaires.
Tu sais déjà que j'ai programmé un atelier Vision du Soi & Évangile de Thomas fin octobre au Domaine du Taillé :
http://volte-espace.fr/vision-du-soi-evangile-de-thomas-quelques-precisions/
Comme un lointain écho à ces deux ateliers co-organisés par Émile Gillabert et Douglas à Marsanne en 1978 et 1979.
J'espère que suffisamment d' "enfants" viendront participer à ces "jeux du Royaume" ...
Amitiés à tous
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